Tous les samedis et dimanches je prépare chez moi les feuilles de manioc sans ajouter, ni viande, ni du poisson, ni de l’huile, afin de jouir de sa saveur phénoménologique.
Cette année, nous n’avions pas eu droit à l’abondance des mangues ; les manguiers sont pauvres, les manguiers ne nous ont pas offert des mangues cette année.
Ce pendant nous vivons un autre phénomène, c’est l’ABONDANCE des feuilles de manioc sur les marchés de Bangui. Jamais, nous n’avions vu un tel phénomène et surtout s’agissant des feuilles de manioc qui sortent des champs. Touadera ne serait-il pas un phénomène agricole ?
Les feuilles de manioc sortent de la grande préfecture de l’Ombella M’pocko. Les feuilles de manioc sont devenues les plats de tous les jours dans les familles en supplantant les fameux plats de « côhcôh».
Mais pourquoi avoir remplacé les mangues par les feuilles de manioc qui sortent des champs ?
N’est ce pas là un appel à la révolution agricole que TOUADERA en parle dans son projet de société ?
Nous connaissons des périodes semblables mais elles viennent des produits sauvages tels que les champignons, les termites etc. Mais pas de l’abondance des feuilles de manioc. Ce phénomène est à vrai dire unique, il est annonciateur de chance. Il nous faut saisir cette chance.
Ce phénomène des feuilles de manioc parle mais interpelle ; il vaut mieux qu’on y réfléchisse. L’agriculture nous appelle, depuis trente (30) ans le secteur a été délaissé par l’État qui fait de la publicité paresseuse et redondante (fête de la moisson) sans y investir et par les populations qui n’y mettent plus assez de vigueur, et qui trouvent les travaux champêtres de rudes et pénibles à cause des moyens rudimentaires qu’ils utilisent.
Surtout les jeunes qui ont massivement quitté le secteur agricole au profit des petits boulots insignifiants et éphémères que leur offrent les entreprises du business social (ONG) et pour le secteur informel qu’ils ne maîtrisent pas.
Il faut dire que l’abondance des feuilles de manioc sur les marchés, c’est pour contrecarrer la faim. Dirions-nous encore que Dieu est avec nous.
Il est primordial de considérer l’agriculture comme l’arme redoutable contre la faim et la précarité. Une agriculture variée et diversifiée sur tout le territoire. Une agriculture abondante nous permettra de sortir de la pauvreté. La pauvreté est notre ennemi mortel. La pauvreté en RCA est une immense montagne, elle pèse sur plus de 80% de nos populations.
TOUADERA est en face d’une montagne que les flammes seules ne suffiraient pas, il faut également utiliser les étincelles pour le faire exploser.
Comme un ennemi, il faut le combattre. Le gouvernement de TOUADERA doit prendre ce combat en mains et très rapidement et que la question de sécurité ne soit pas un prétexte, on peut produire même en temps de guerre ; sinon un gouvernement pour quoi faire ?
La pauvreté en Centrafrique transcende l’infortune personnelle et l’incapacité des individus à se prendre en charge et à améliorer leurs conditions de vie, et les limites personnelles de ceux-ci. Chez nous c’est le tissu social et économique dans lequel vivent les individus qu’il faut considérer. La pauvreté chez nous tend à désigner une situation globalisant la faiblesse physique, morale et intellectuelle. C’est donc le sous-développement social dans son ensemble qu’il s’agit. Les indicateurs macroéconomiques sont des indicateurs ; la BEAC vient de publier que l’économie de la RCA se porte bien, une injure sociale. Les indicateurs sont politiques et à titre commercial et ne collent pas à la réalité de la vie des centrafricains vivant de la pauvreté depuis déjà un demi siècle.
La pauvreté, cet ennemi qui vit en nous. Cet ennemi qui contrecarre toutes nos bonnes volontés. Il est comme un virus dans notre corps et il ouvre la voie à d’autres virus de nous atteindre. La pauvreté est notre faiblesse. Elle nous a réduit à l’état de chose.
La pauvreté nous expose à toutes les vices : la corruption, la manipulation, la soumission et la paresse. Généralement le pauvre produit moins où presque pas. Le pauvre ne pense qu’à demander que produire. La pauvreté a atteint notre propension marginale à penser.
Ce faisant elle nous dépossède de nos facultés et réduit notre jugement.
La pauvreté est la cause de l’effondrement du sens de la responsabilité dans notre pays. Cette pauvreté devenue morale, est dans notre subconscient. Mais comment combattre la pauvreté : c’est par le travail, un travail qui génère de revenus permanents.
Il faut exercer notre esprit à la créativité et au travail. Il nous faut créer des activités tous azimuts générateurs de revenus pour résorber le problème de la précarité dans notre pays, source de pauvreté.
Le travail est en fait la racine de lutte contre la pauvreté. Il faut travailler avec vigueur et passion. Avoir une famille est également un facteur déterminant dans le travail et dans l’approche du temps, et par suite dans l’attitude vis-à-vis de l’épargne et du capital car l’homme voit dans la présence de sa femme et de ses enfants une raison salutaire de s’investir.
L’effondrement de la famille est par contre une cause suffisante de la pauvreté permanente en détournant l’homme des horizons élargis qu’incarnent les enfants. Comme bien souvent dans les affaires humaines, l’effort s’apprend dans la famille ; il faut dans la famille apprendre à nos enfants les actes de l’effort et de la volonté de réussite. Il faut avoir aussi compris que la foi et l’imagination sont les capitaux les plus précieux de l’économie.
La richesse est donc moins le produit de l’argent que de la volonté. Le travail, la famille et la foi de réussir sont les trois facteurs fondamentaux de l’ascension sociale. Ils répondent du sort des enfants et donc de l’avenir. Ils sont les piliers de l’économie et de toute société prospère.
TOUADERA aura du pain sur la planche. TOUADERA doit essentiellement ÉDUQUER, FORMER et TRANSFORMER l’être centrafricain. Le sommeil sera certainement dur pour TOUADERA.
Robert ENZA, Entrepreneur politique.