BANGUI—L’Ambassadeur Américain Jeffrey Hawkins, à l’occasion de l’arrivée de la délégation de la Maison Blanche à l’investiture du président Touadéra a dévoilé les soutiens américains aux nouvelles autorités du pays. Il a réitéré ces soutiens lors d’une interview, accordée le lundi 28 mars au studio du RJDH.
RJDH : Monsieur l’Ambassadeur, Bonjour. Vous sortez d’une rencontre avec vos collègues Ambassadeurs Américains accrédités auprès des pays Africains, est-ce que la question de la RCA a été abordée ?
Jeffrey Hawkins : C’était toute une semaine que les Ambassadeurs Américains accrédités en Afrique étaient venus à Washington, on a eu un très grand honneur d’avoir le Président des Etats-Unis, qui nous a parlé un tout petit peu, le Vice-président aussi (…), des discussions très importantes, ce qui m’a réconforté, c’est la question de la Centrafrique, les gens ont encouragé la Centrafrique par rapport au processus démocratique, quand l’Ambassadeur la Cheffe de mission du Département de l’Afrique, a parlé en citant la Centrafrique en 3ème position comme une réussite du continent. Surtout quand on pense qu’il a eu juste quelques années, c’était la crise, on se demande si la Centrafrique n’est pas en train de sortie.
RJDH : Y’avait cette décision du Président Américain Barrack Obama d’envoyer une forte délégation en Centrafrique pour assister à l’investiture du nouveau président, Chef de l’Etat, est-ce qu’on peut avoir une idée sur cette délégation ?
JH : La décision a été prise pour envoyer ce qu’on appelle une délégation présidentielle, c’est la Maison-Blanche qui envoie les délégués, dont l’armée de l’Air américain a mis un avion à leur disposition. Cette délégation est dirigé par l’Ambassadeur Samantha Power, une très proche Conseillère à la Maison-Blanche, c’est une personnalité qui connais bien la Centrafrique, elle était venue en Centrafrique la première fois au pire moment de la crise en décembre 2013, maintenant, elle revient pour encourager le peuple centrafricain et aussi manifester le soutien des Etats-Unis. Elle est accompagnée d’une importante délégation, a savoir : Raymond Mabus, Ministre de la Marine des Etats-Unis, accompagné aussi du Général David M. Rodriguez, Commandant en Chef du Commandement militaire Etats-Unis – Afrique (AFRICOM), il y a aussi Linda Etim, Administratrice Adjointe pour l’Afrique, de l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) (la coopération américaine, n’oublions pas que c’est son agence qui a mis à peu près 100 milliards à la disposition de la Centrafrique, Isobel Coleman, Représentant des Etats-Unis à l’Organisation des Nations Unies pour la gestion et de la réforme de l’ONU, D. Bruce Wharton, Principal Secrétaire d’État Adjoint aux Affaires Africaines, Département d’État américain et votre serviteur, je suis non seulement Ambassadeur, mais aussi membre de la délégation.
RJDH : En vous entendre parler, il y a une forte délégation, composé des personnalités militaires, ce qui sous-entend que les Etats-Unis seront disposés pour soutenir le projet du DDRR et de la RSS ?
JH : Avant d’aller à Washington, je suis allé à Stuttgart en Allemagne où se trouve le quartier général de l’Afrique, je me suis entretenu avec le Général Rodriguez justement sur cette question, du côté du département d’Etat, il y a un très bon engagement pour l’avenir. C’est plus au moins un nouveau chantier, le Bureau pour l’Afrique au sein du Département de l’Etat à l’intention de mettre 600 millions ou 1 milliard de Francs Cfa, une enveloppe pour tout ce qui concerne le DDR et le RSS, c’est déjà un apport important qui va être bien coordonné avec non seulement les autorités centrafricaines, mais aussi avec nos partenaires internationaux qui sont dans le même chantier tout particulièrement l’Union Européenne. Après il y a tout un investissement, ça c’est notre engagement surtout en ce qui concerne la sécurité civile, le système judiciaire, pénitentiaire et autres. Et là aussi, une enveloppe de 25 million de dollars qui pourra monter à 1milliard et demi de Francs Cfa. Tout le monde est d’accord que se soit le nouveau président Touadera, les partenaires internationaux et le peuple centrafricain que la sécurité passe au premier plan, bien que les autres chantiers sont aussi importants, mais sans la sécurité on ne peut rien faire !
RJDH : Justement, il y a parmi les préoccupations de peuple centrafricain, la question de la justice avec l’arrivée de la Cour Pénale spéciale, est-ce que là aussi on aura l’appui des Etats-Unis ?
JH : Il en a été question à Washington, j’ai eu quelques rencontres avec des responsables au sein du département d’Etat à ce sujet. Déjà j’ai parlé de ces fonds pour le secteur civil. Cet argent là ne va pas directement au tribunal spécial, mais va appuyer peut être le processus. C’est un projet qu’on soutien très fortement parce que le peule centrafricain a soif de la justice ! C’est un nouveau chantier aussi, il y a beaucoup à faire, on va en parler avec le nouveau président.
RJDH : Je crois que tout cela ne va pas exclure les besoins humanitaires où les déplacés attendent la reconstruction de leurs maisons ?
JH : Au moment de la forte crise, la majorité de notre effort était dans l’humanitaire, dans l’appui financier de la Minusca dont le 1/3 de frais d’opération de la réponse internationale à la crise est américain. Mais aussi beaucoup d’assistance aux refugiés internes et aux déplacés internes, cela va continuer. On a eu des discussions avec USAID et autres partenaires. D’ailleurs, un des membres de la délégation qui est d’USAID va certainement en parler avec certains partenaires ici. Mais on aimerait bien passer de la question humanitaire pour se focaliser sur l’avenir. Laisser un peu derrière la réponse à la crise. Au moment où un gouvernement démocratique est là, au moment où la sécurité est prometteuse, on espère quand-même voir les déplacés et les refugiés rentrer chez eux. Et après on pourra travailler sur la question de réconciliation, du DDR, de RSS et surtout ce qui est du grand chantier économique.
RJDH : Sur ce point de l’économie, est-ce qu’on peut attendre les échanges avec les Etats-Unis d’Amérique, ou est-ce qu’un plan d’appui aux efforts de redressement économique est envisageable ?
JH : Pour l’instant, il n’y a pas un programme spécifique, à part un peu d’engagement en ce qui concerne le secteur diamantifère qui est réglé par le processus Kimberly, qui est un processus qui veut s’assurer que les diamants vendus internationalement viennent seulement des sources légitimes ! Je pense que le pays a fait des grands progrès dans ce domaine. Encore une fois USAID a été fortement impliqué dans tout ça. Nous discuterons avec le nouveau président.
RJDH : Dans le cadre de renforcement des nouvelles institutions, après les élections des députés, est-ce que le renforcement des capacités des parlementaires est-il inscrit dans le programme de la coopération?
JH : Justement pour parler de 2ème tour des élections législatives qui est précurseur de ce dont vous demandé, on a trouvé des fonds pour soutenir ce 2ème tour des législatives, je suis très content, car cela n’était pas facile, on a eu près de 1 million 300 mille dollars américain pour soutenir cette dernière phase qui est aussi importante que la première. Je pense pour ma part (…) j’ai été toujours frappé par la concentration de la classe politique à Bangui.., alors qu’il y a tout un pays à l’intérieur, l’Assemblée Nationale va jouer un rôle capital avant qu’il ait les maires élus, c’est le lien entre la base et Bangui. On va travailler avec l’Assemble, on a l’ONG IRI, qui est une structure financée par le parti républicain, ils sont déjà là surplace pour ça.
RJDH : Pour terminer parlons un peu des conseillers américains qui soutiennent le programme de traque de Joseph Kony et la LRA.
JH : Tout d’abord, je dois souligner que l’horreur que le peuple américain a pour ce groupe armé, qui est un fléau non seulement pour la RCA, mais aussi pour la région. C’est dans ce contexte que les conseillers américains sont là pour appuyer l’Union Africaine. Je pense qu’on a eu un peu de succès en ce sens qu’on a « décapité les chefs », disons éliminé de champ de bataille certains leaders de ce groupe. Il reste un groupe moins fort qui est désespéré et qui attaque les civils pour avoir de quoi survivre. Il reste encore beaucoup à faire.
RJDH : Est-ce que cette délégation ira à l’intérieur du pays ?
JH : Oui, à l’Est à la rencontre des populations à la base.
RJDH : Merci Monsieur l’Ambassadeur,
JH : C’est à moi de vous remercier.
Propos receuillis par Thierry Khondé