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Centrafrique: Le nouveau président Touadéra s’engage pour "la paix"
Publié le jeudi 31 mars 2016  |  Journal de Bangui
Faustin-Archange
© Autre presse par DR
Faustin-Archange Touadéra, nouveau président de Centrafrique
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Le nouveau président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, élu le 14 février, a prêté serment mercredi à Bangui en promettant "de préserver la paix" dans son pays qui peine à sortir des conflits

"Je jure de respecter scrupuleusement la Constitution (...) et de préserver la paix", a-t-il déclaré dans le stade de 20.000 places de Bangui, sécurisé par les Casques bleus. Le nouveau président s’est aussi engagé à remplir sa charge "sans aucune considération ethnique" et de ne jamais exercer son pouvoir "à des fins personnelles".

Les chefs d’Etat de Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema, et du Congo Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, ont assisté à la cérémonie d’investiture qui marque la fin de la transition née du renversement en 2013 de l’ex-président François Bozizé par la rébellion majoritairement musulmane de la Séléka et la courte prise de pouvoir de son chef, Michel Djotodia. Egalement présents, les ministres français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Le ministre de la Défense a annoncé, avant la prestation de serment de M. Touadéra, que la France allait mettre fin en 2016 à Sangaris, son opération militaire en Centrafrique, estimant sa mission de restauration de la sécurité accomplie. "En l’espace de deux ans, la force Sangaris a réussi à ramener le calme et à empêcher l’inacceptable", a-t-il déclaré devant les forces françaises stationnées à l’aéroport M’Poko. "Bien sûr tout n’est pas résolu mais nous voyons enfin le pays sortir d’une longue période de troubles et d’incertitudes". Vêtu d’un costume sombre, le nouveau président s’est également engagé à "procéder à la refondation de l’armée, apolitique et non confessionnelle" et a lancé un appel à la "réconciliation nationale".

Panser les plaies

Il a ensuite attentivement écouté le président de la Cour constitutionnelle, Zacharie Ndouba, s’adresser à lui. "Vous incarnez désormais la nation toute entière et ses valeurs. Soyez fidèle au serment que vous avez prononcé. Vous serez le président de la réconciliation nationale", a déclaré Zacharie Ndouba, exhortant ses compatriotes à "taire nos rancoeurs et panser nos plaies".

La Centrafrique, l’un des pays les plus pauvres au monde, tente de sortir de trois années de graves violences intercommunautaires qui ont ravagé son économie et l’ont profondément déstabilisé. L’intervention de la force Sangaris fin 2013 et le déploiement de 12.000 Casques bleus de la Minusca ont fait retomber les violences, sans pour autant résoudre la somme de problèmes socio-économiques et sécuritaires.

La présidente de transition, Catherine Samba Panza, a remercié la communauté internationale pour son aide dans le "retour à l’ordre constitutionnel". "Vive la République centrafricaine unie, réconciliée avec elle-même et désormais engagée sur la voie de la démocratie", a-t-elle lancé.

Parmi l’assistance, qui ne remplissait pas le stade, a priori pour des raisons de sécurité, Igor Ali, ingénieur, disait se réjouir "d’un grand événement qui nous permet de laisser les crises derrière nous". "Nous sommes très émus", confiait-il. "Nous avons trop souffert", déclarait Nadège, une commerçante, qui vit avec ses six enfants dans un camp de déplacés de la capitale. "Je veux que Touadéra désarme (les groupes armés) et que je puisse retourner chez moi".

"Un seul message: la paix"

Fred Belembi, un administrateur financier s’exclamait: "C’est une grande joie et une grande fierté de recevoir le monde ici. Il y a un seul message: la paix!."

Tout au long du processus électoral de fin 2015, aux dates maintes fois reportées mais qui s’est déroulé dans le calme, les Centrafricains sont apparus unanimes pour souhaiter avant toute chose la paix. Nombre d’entre eux souffrent toujours des violences: sur une population d’environ 4,5 millions d’habitants, 450.00 sont encore déplacés et autant sont réfugiés dans les pays voisins, selon un récent rapport de Médecins sans Frontières. "Il y a beaucoup d’espoir placé par les Centrafricains en Touadéra", constate une source diplomatique. "Les difficultés qui l’attendent sont nombreuses: Il devra notamment mettre en oeuvre le DDR (désarmement, démobilisation, réintégration) des groupes armés, or jusqu’à présent personne ne s’est réellement engagé à financer ce programme" estimé à 25 millions de dollars.

Autre défi du président: s’assurer d’une majorité parlementaire lui permettant de gouverner, alors qu’il a été élu comme candidat indépendant, au sein d’une classe politique minée par la corruption. Le second tour des législatives est prévu jeudi.


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