BANGUI, Les habitants de la ville d’Obo, située à plus de 1000 km de Bangui, apprécient diversement la lutte armée contre la LRA menée par l’armée ougandaise avec l’appui des Américains. Certains doutent de la sincérité des entités engagées dans cette lutte d’autres se disent rassurés par la présence de l’armée ougandaise et les conseillers militaires américains. Ces Centrafricains se sont exprimés lors d’un vox pop réalisé par le RJDH dans cette ville.
Pierre Takoali, ancien président de la délégation spéciale de la ville de Obo pense que la lutte contre la LRA n’est plus efficace « depuis deux ans aujourd’hui, nous ne voyons plus l’efficacité de cette lutte, c’est pourquoi la LRA s’impose de plus en plus dans la région » a-t-il expliqué avant de dénoncer la lenteur des soldats ougandais « des fois quand la LRA attaque des villages et qu’on prévient l’armée ougandaise, elle ne descend pas rapidement sur le terrain. On nous dit qu’il n’y a pas de carburant ou de munitions. Ces cas ont été observés aux villages Taboura et Tabac où la LRA. Si la LRA s’est éparpillée à travers le pays, c’est parce que la lutte est timide ».
Miler Muler Mokpdié, responsable de programme à Invisble Children une ONG américaine engagée dans la lutte contre la LRA à Obo, appelle à plus d’engagement. Il estime que jusque là, la lutte armée n’a pas donné les résultats escomptés « c’est depuis 2009 que la lutte armée est menée contre la LRA qui est très mobile. Mais cette lutte n’a pas donné les résultats qu’il faut, c’est pourquoi il faut avancer sur un autre terrain comme nous le faisons en encourageant la défection » note-il.
Une commerçante interrogée au marché de la ville pense que les armées engagées dans cette lutte ont d’autres objectifs « l’armée ougandaise et américaine ne sont pas là pour combattre la LRA. Si ces deux entités le faisaient, les éléments de ce mouvement ne seraient plus là. Je pense que ces deux armées sont là pour leurs propres intérêts, elles exploitent seulement notre pays », a-t-elle souligné avec un sentiment de désespoir.
Valentin, un des leaders de la jeunesse de Obo dit ne pas croire à la sincérité des Ougandais « Joseph Kony et ses hommes sont des Ougandais. Comment les militaires ougandais peuvent tuer leurs frères ? Il est difficile. C’est pourquoi, quand ils vont à la poursuite de la LRA et qu’ils tirent, il n’y a jamais de morts dans les rangs de la LRA » a-t-il expliqué.
Florence reconnait que la lutte est dure mais pour elle, la présence de ces deux armées a permis à la ville de retrouver un calme « avant l’arrivée de l’armée ougandaise et américaine, comment vivait-on ici ? Je pense qu’il y a amélioration de la situation grâce à la présence de ces militaires. Ils font beaucoup d’efforts déjà » précise cette dernière.
Un cultivateur de Obo est partagé sur cette question « la LRA était à la porte de Obo mais grace à nos amis, elle est allée loin mais je pense que ces armées pouvaient faire mieux parce qu’elles ont beaucoup de moyens ».
Le préfet du Haut-Mbomou, Ghislain Dieu-béni Kolengo estime qu’il faut d’avantage intensifier la lutte « l’armée ougandaise et les conseillers militaires américains ont beaucoup fait. Aujourd’hui la sécurité est garantie à 5 kilomètres de la ville. Mais si cette lutte s’intensifie, la LRA peut disparaitre ».
La LRA est combattue par l’armée ougandaise depuis 2009. Les forces spéciales américaines appuient les Ougandais par leur aviation depuis deux années. Les forces armées centrafricaines sont aussi présentes à Obo mais elles ne sont pas au premier rang de la lutte. Cette armée n’intervient que lorsque les Américains et Ougandais sollicitent leur appui.
Sylvestre Sokambi de retour de Obo