En politique, les discours perdent souvent leur base à cause de la nature insaisissable des mots qui nécessite quelques fois une démonstration. Les paroles creuses, il y’en a à la pelle. On sait tous que sous le projecteur politique, on peut parfois dire de belles paroles dans l’unique but de soigner son image. Le président Faustin Archange Touadéra , qui est par nature avar de parole, cherche tout le temps à remporter la victoire des mots par les actes. Il est bien conscient que sa réputation d’homme intègre et pragmatique n’ira crescendo que s’il parvient constamment à joindre la parole à l’acte. C’est pourquoi il ne tient jamais à prêcher dans le vide mais plutôt à poser des actes concrets. Son expérience passée à la primature plaide énormément à son faveur. Bref ! Il avait annoncé dans son discours d’investiture quelques priorités phares dont la réforme du secteur de sécurité en vue de placer les Forces Armées Centrafricaines dans un commandement unifié. Il n’est un secret de polichinelle pour personne que l’Armée Nationale a été entièrement décapitée depuis l’avènement de la coalition séleka. Laquelle armée trainait déjà quelques prurits de désorganisation et de dysfonctionnement peu de temps avant que Djotodia n’accède à la hussarde au pouvoir. Aussi, il faut admettre que la parenthèse seleka a complètement dépravé l’Armée Nationale et détricoté toutes ses chaines de Commandement. L’inaction a également cousu le tricot de la démobilisation et du désengagement dans l’esprit de plusieurs porteurs de tenue. En plus, l’Armée souffre depuis des lustres de l’affectation des grades au facette parmi les hommes en treillis. Cette injustice a également démotivé plusieurs officiers et hommes de rang des Forces Armées Centrafricaines. On s’est même rendu compte au jour d’aujourd’hui que l’Armée est plutôt truffée des Officiers supérieurs que des hommes de rang. Le syndrome de l’inégalité s’est invité au sein des Forces Nationales alors que cette institution devrait être purement républicaine. Des soldats augmentent en grade sans aucun acte de bravoure ni de formation adéquate. Alors comment reformer le secteur de sécurité dans de telles conditions? Sous les transitions de Djotodia et de Samba Panza, des soldats sont devenus du jour au lendemain des officiers à par entière…Comment obtenir une chaine de Commandement unifié avec des porteurs de tenue formés au rabais et disposant en plus des grades fantaisistes? Doit-on rabattre toutes les cartes militaires lors de la réforme du secteur de sécurité? Telles sont les équations à plusieurs inconnus que le Pr Faustin Archange Touadéra devrait répondre avec le nouveau chef du Gouvernement Simplice Mathieu Sarandji. D’ores et déjà, des voix s’élèvent au sein des Forces Armées Centrafricaines pour réclamer un état généraux extraordinaire des Forces Armées Centrafricaines en vue de trouver un palliatif au fonctionnement de l’institution. Des voix beaucoup plus pittoresques souhaitent que le président confie le Ministère de la Défense à un grand architecte qui sorte de ses propres rangs. Ces mêmes voix désirent qu’il confie l’état major à un vrai officier qui frise le respect auprès de ses pairs. Car il est grand temps que la méritocratie revienne au sein des Forces de Défense Nationale. L’armée ne doit pas un fourre- tout pour tous ceux et toutes celles qui n’ont plus d’issue mais plutôt une Institution qui englobe toutes les personnes qui ont à cœur la défense de l’intégrité du territoire. Encore un mot contre les maux du temps actuel.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE