Samedi 9 avril 2016, à l’hôtel Ledger, Mme Rachel Ngakola, Directrice générale des Douanes et droits indirects a animé une conférence de presse. Au centre de cet exercice de questions/réponses avec les professionnels des médias, le bilan de trois années consécutives de d’exercice de la Douane. D’emblée, Mme Rachel Ngakola a tablé sur ‘’un bila positif’’ avec l’équilibre retrouvé des recettes douanières.
Point n’est besoin de rappeler que la dernière crise militaro-politique en République centrafricaine a porté un coup fatal au pays de manière générale, et à l’économie nationale de manière particulière. La douane centrafricaine fort de son importance indéniable dans une économie fiscalo-douanière a été plus affectée.
Un contexte de crise préjudiciable
Sous l’effet de la conjoncture défavorable durant ces trois dernières années, la Douane centrafricaine a travaillé dans un environnement hostile du fait des crises récurrentes que le pays a connues. Au niveau de la douane, Mme Rachel Ngakola a noté que « cette situation s’est caractérisée par l’existence d’un secteur informel très actif et versé dans la concurrence déloyale. A cela s’ajoutent les exonérations accordées aux forces internationales, aux organisations non gouvernementales tant nationales qu’internationales ».
Alors qu’en plus de ces aspects, l’occupation d’une grande partie du territoire national par des forces irrégulières complique davantage la mission de la Douane centrafricaine dont les activités sont restées concentrées dans la partie Ouest et Nord-ouest. Aux nombre des maux qui ont rendu particulièrement difficile le travail des douaniers, Rachel Ngakola a cité, la fermeture à répétition de la frontière avec le Cameroun ayant ainsi difficile les échanges commerciales, et l’insuffisance de moyens de travail et de défense des agents de douane.
L’impact de la crise sur les activités douanières a été plus perceptibles, lorsque Mme Rachel Ngakola a été avancé quelques chiffres : en résumé pour l’année 2014, sur une prévision de 19 milliards Francs Cfa de recettes attendus ; seulement 17 milliards Francs Cfa ont pu être mobilisés. Une véritable déception pour les partenaires, mais qui encourageaient quand même la Direction générale des douanes à faire plus d’efforts.
Au-delà tout, à la faveur de la normalisation aujourd’hui de l’Etat, la douane centrafricaine reprend progressivement la main. D’ailleurs, selon Madame Ngakola, « aujourd’hui, notre pays amorce un tournant décisif de son histoire en passant d’une période de transition difficile à l’ordre constitutionnel normal marqué par l’élection et l’installation du nouveau président démocratiquement élu, Pr Faustin Archange Taouadéra ». Une normalisation qui participe bien à l’amélioration des conditions du travail de la douane.
Des réformes énergiques et courageuses pour redresser la barre
Aux grands maux des grands remèdes. Devant ce déclin des recettes douanières, l’équipe de Rachel Ngakola, en prenant les reines de la Direction générale en 2015, a mis les bouchées doubles en attrapant le taureau par les cornes. La Directrice générale a multiplié réformes sur réformes par ramener les douanes à un niveau d’équilibre acceptable aujourd’hui.
D’abord, dès début 2015, la Direction générale des douanes a entrepris une vaste campagne médiatique de sensibilisation des acteurs et usagers de la Douane sur la mobilisation des recettes de l’Etat. Les agents de douane ont été ainsi mobilisés dans leur ensemble, ils se sont investis et consacrés tout entier à l’accomplissement de leur tâche professionnelle, convaincus de servir ainsi les intérêts les plus chers de leur pays dans la mesure du possible.
En plus de la mobilisation du personnel et des acteurs des douanes, la Direction générale a mené des multiples plaidoyers auprès des partenaires, ce qui a débouché sur l’appui technique et matériel des partenaires techniques et financiers de la République centrafricaine, à savoir la coopération française, l’Union européenne, le FMI la Banque mondiale et la BAD. Dans la même dynamique, plusieurs projets ont été initiés et réalisés pour réformer les douanes centrafricaines. Entre autres projets, le projet de l’interconnexion, l’installation des GPS sur les camions sur le corridor Bangui-Béloko et le géant projet qui consiste à faire de Béloko une grande Plateforme pour abriter tous les services douanières.
Par ailleurs, une Mission spéciale a été mis initiée au début de l’ouverture du corridor Béloko-Bangui, dans l’optique de taxer les surplus de marchandises transportées par les convois. Ce sont 30 millions de recettes que cette mission verse par mois au Trésor public, même sir beaucoup passaient leur temps à caricaturer cette mission spéciale de ‘’Bankorisation’’.
Enfin, plus récemment en fin décembre 2015, une Brigade mixte MINUSCA-FACA a été mise en place pour sécuriser les convois. Selon Mme Rachel Ngakola, le résultat a été très satisfaisant, puisque le nombre de braquages, de tueries, de pillages a été significativement réduit depuis l’opérationnalisation de cette Brigade mixte.
Hommage à la Douane centrafricaine
Les chantiers réformes et des réalisations mis en œuvre par l’équipe de Mme Rachel Ngakola n’ont pas tardé à donner leurs fruits. Les résultats du travail accompli se révèlent élogieux, et à la hauteur des efforts déployés. L’amélioration progressive des recettes douanières en est un autre signe. En effet, en 2014, les recettes de la Douane ont atteint 90, 56% pour un gap de 1.800.000.000. C’est en 2015 que la Douane a pu mettre le paquet pour avoir non seulement atteint les prévisions fixées par les partenaires, mais les dépassé largement à hauteur de 7.18.000.000, soit un taux de réalisation de 127%, d’où ce satisfecit de la part du Gouvernement centrafricain, des bailleurs de fonds, notamment le FMI, la Banque mondiale, le Trésor public français, la BAD, etc.
« Ce résultat est aussi, à mon avis, le fruit d’intenses activités menées au plan international depuis deux ans, dans le cadre de diverses assises et rencontres des directeurs de Douane, membres de l’organisation mondiale des douanes ou des pays francophones », s’est réjouie la Directrice générale.
Notons que les prévisions des recettes douanières sont fixées à 39,4 milliards Francs Cfa en 2016 ; 42 milliards Francs Cfa en 2017 et ; 47 milliards Francs Cfa en 2018.