Par Saint-Régis ZOUMIRY
Le nouveau président centrafricain, Faustin Archange TOUADERA, n’aura pas fait languir ses compatriotes. En effet, aussitôt investi, il a dévoilé le visage de son premier ministre, suivi de l’équipe gouvernementale qui aura la lourde charge de transformer positivement le vécu quotidien des centrafricains. Et comme il fallait s’y attendre, les gros maroquins reviennent à ceux qui ont soutenu le président FAT, accompagnés de ses anciens bras droit du régime Bozizé. Il s’agit principalement de Théodore JOUSSO et de MBOLIFATRAN. Des anciens alliés de certains candidats malheureux qui ont tourné casaque lors du second tour présidentiel au profit de Faustin Archange TOUADERA, ont aussi été récompensés à l’image de Jean Christophe NGUINZA du RPR et de Mme Virginie MBAIKOUA. En effet, l’alchimie dont a fait montre TOUADERA est plus que nécessaire pour relever les nombreux défis auxquels Centrafrique fait face. Cela dit, on note que contrairement au nombre 20 qui avait été avancé, c’est plutôt un gouvernement composé de 23 ministres dont quatre femmes, qui a été mis en place. Cette hausse du nombre de portefeuilles pourrait s’expliquer par le fait que le nouveau maître de Bangui a voulu faire bonne mesure vis-à-vis de ceux qui l’ont soutenu. Mais cette décision pourrait aussi obéir à la volonté du nouveau locataire du palais de la Renaissance de renforcer la cohésion nationale mise à rude épreuve. A cela, il faut ajouter la nécessité de redistribuer les cartes pour les futurs élus nationaux, notamment la majorité. Maintenant que le pouvoir est acquis, TOUADERA serait plus à l’aise pour gouverner s’il obtenait une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Toutes ces considérations sont la preuve d’un réalisme politique et d’un pragmatisme avisé du nouveau maître de Centrafrique.
Du reste, plus d’une personne a été séduite par le rythme avec lequel le gouvernement a été mis sur pied et les ministres ont été invités à prendre fonction dès l’après-midi de ce jour. En Afrique, le choix des hommes pour former un gouvernement après une présidentielle disputée comme celle de la RCA, se révèle, en général, un casse-tête chinois. Le suspense aura duré près de dix jours avant que le nom des membres du gouvernement ne soient communiqués aux centrafricains. En tout cas, le rythme avec lequel le tandem Touadera-Sarandji a formé leur équipe, montre leur volonté d’aller jusqu’au bout de leur détermination. En effet, on a le sentiment que le nouvel homme fort de Bangui cherche à créer une voie originale de gouvernance. Et cela est à son honneur. Seulement, il faut souhaiter que l’énergie dont il fait montre, ne se transforme en précipitation qui, on le sait, est source de dangers. Toutefois, l’attitude de TOUADERA est bien compréhensible. Il succède à une femme qui n’est pas sans reproche en matière de gouvernance. Il paraissait donc nécessaire de marquer, dès le début, une rupture avec l’ordre ancien. En fait de rupture, on peut déjà saluer sa promesse de faire de la RCA, un Etat de droit. Et s’il tient à répondre aux attentes des centrafricains et à tenir sa promesse, il ne doit pas jouer la montre.
Saint-Régis ZOUMIRY