Bangui — Les alliés du nouveau président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, ont aujourd’hui les yeux rivés sur la présidence du nouveau parlement. La bataille est rude dans le camp du nouveau président où deux prétendants multiplient les stratégies pour accéder au perchoir. Cette situation risque de faire exploser l’équipe du nouveau locataire du palais de la Renaissance.
La présidence de la nouvelle Assemblée Nationale est fortement convoitée par deux alliés de poids de Faustin-Archange Touadéra. Il s’agit de Abdoul Karim Meckassoua et Martin Ziguelé, deux candidats malheureux à la dernière présidentielle.
Les manœuvres dans ces deux camps se sont multipliées, ces derniers temps même si la bataille a commencé peu après le premier tour des législatives du 14 février 2016.
Ecartés dès le premier tour de la présidentielle du 30 décembre, Abdoul Karim Meckassoua et Martin Ziguelé ont nourri l’ambition de prendre la présidence du nouveau parlement centrafricain. Les ambitions de ces deux hommes d’Etat se sont consolidés non seulement après l’échec de la présidentielle mais aussi avec leur élection comme députés dès le premier tour des législatives du 14 février 2016.
La présidence du nouveau parlement, est devenue un nouveau combat pour les deux alliés du nouveau président centrafricain. C’est une mini-présidentielle pour laquelle, les deux s’investissent à fond.
Depuis la publication des résultats provisoires par l’Autorité Nationale des Elections, les rencontres, les opérations séductions parfois par coup de billet de banque se sont multipliées voire accentuées. L’objectif, avoir le soutien d’un maximum de députés. Mais que ce soit du coté de Meckassoua ou de Ziguelé, on sait que le soutien Touadéra est indispensable dans cette lutte.
Dans l’entourage de Touadéra, on laisse les choses se faire puis que le nouveau président n’a apporté jusque là son soutien à personne. La stratégie actuelle pour le président, c’est de jouer sur et avec le silence espérant que le temps pourra faire le travail. De l’avis de nombreux observateurs, ce silence peut créer le désordre dans le camp présidentiel « la division est entretenu par le silence du président qui n’arrive pas à prendre position de manière claire » nous a confié un membre de la société civile, observateur de la vie politique centrafricaine.
Malgré ce silence, le cercle rapproché de Touadéra a sa petite idée des deux candidats à la présidence de l’Assemblée Nationale.
Martin Ziguelé, est celui que personne ne peut souhaiter avoir comme opposant à son régime. Dans l’entourage de Touadéra, beaucoup sont ceux qui pensent que cet ancien premier ministre mérite d’être récompensé pour son soutien parce que dans l’histoire du MLPC, c’est la première fois que cette formation apporte son soutien à un candidat à la présidentielle à laquelle le parti a pris part. Certaines sources dans l’entourage de Touadéra font savoir que Ziguelé peut d’ici demain changer de veste au nom de ses ambitions et celles de son parti pour déranger le pouvoir.
Le camp Touadéra veut compter avec le carnet d’adresse fourni de Abdoul Karim Meckassoua qui est considéré comme un homme de rigueur. Certains pensent qu’il le faut à ce poste pour créer l’équipe à la tête des principales institutions de la République. Mais il est considéré comme un homme assez flou qui ne dit jamais ce qu’il pense, ce qui constitue une menace pour le cercle restreint du chef de l’Etat qui pense qu’il n’a pas une assise politique réelle sur laquelle le pouvoir pourrait compter.
Face à cette bataille, Touadéra reste silencieux. De sources autorisées, il n’a pris aucun engagement jusque là sur ce combat qui mine son propre camp. C’est pourquoi que ce soit dans son entourage ou dans le camp des alliés, l’on continue de s’interroger qui de Meckassoua et Ziguelé sera officiellement soutenu par le nouveau chef d’Etat pour la présidence de l’Assemblée Nationale ?
La réponse pourrait être connue après la validation des résultats du second tour par la cour constitutionnelle de transition car selon certaines indiscrétions, Touadéra compte recevoir les élus de son camp après la décision de la cour.
En l’absence de consensus, Faustin-Archange Touadéra pourrait jouer la carte de moindre case en soutenant Béatrice Epaye, une indépendante qui s’est aussi positionné pour la présidence du nouveau parlement centrafricain.
Selon la constitution centrafricaine du 30 mars 2016, le président de l’Assemblée Nationale est la deuxième personnalité de la République, ce qui apparait comme un véritable rachat pour Meckassoua et Ziguelé qui ont raté la présidence de la République.