Après avoir nommé Sarandji au poste de premier ministre, le président Faustin Archange Touadera avait annoncé la couleur du premier gouvernement de son quinquennat. Désirant de rompre avec les pratiques du passé à l’origine de la banque route de son pays, le professeur Touadera avait défini comme critères : l’intégrité, la probité, les compétences, le respect de l’équilibre géographique, une forte présence des femmes et la participation de tous les partis et famille politique dans son premiera gouvernement. Compte rendu et commentaires sur le profil de l’équipe de l’exécutif centrafricain.
23, c’est le nombre des ministres du gouvernement Sarandji. Pour arriver à ce resserrement, le président Faustin Archange Touadera a du se conformer aux vœux des centrafricains de rompre avec le jeu du partage éternel du gâteau nommé RCA. En faisant cette rupture, FAT a non seulement créé des frustrations et des déçus dans son propre camp, mais également dans celui du collectif des candidats du premier tour qui l’avaient rejoint à finale.
Le mathématicien a fait mentir au passage ses détracteurs qui l’accusaient de laxiste à l’égard de ces derniers. Ils étaient tous pressentis pour entrer au gouvernement selon ces désormais pseudos observateurs.
Soulignons que le président Touadera a eu l’habilité de n’avoir signé aucun pacte, ni fait des promesses à ses alliés. Au finish il a eu les mains libres pour ne choisir que trois membres du collectif.
Le ministre de l’Intérieur et de l’Administration du territoire M. Jean Serge Bokassa est à peine quadragénaire. Ancien député, ancien ministre de la Jeunesse et des sports dans le gouvernement Touadera sous le magistère de Bozizé, JSB est la révélation de la présidentielle de 2016.
Fils de l’ancien président Bokassa, Jean Serge représente la Lobaye qui est l’une des grandes préfectures à avoir massivement voté Touadera à la présidentielle. Courageux et ne maniant pas la langue de bois, Jean Serge Bokassa est avec Joseph Béndounga l’un des rares leaders à descendre dans la rue pour dénoncer le laxisme des forces internationales et exiger le retour des Forces Armées Centrafricaines suite aux tueries massives du 26 mai 2014.
Reste maintenant à savoir s’il va relever le défi du retour de la sécurisation de toute l’étendue du territoire, la reprise des frontières terrestres de son pays, la réhabilitation de l’administration et les réformes des forces de défense intérieures.
Le ministre de la Défense Nationale M. Joseph Yaketé, la cinquantaine entamée est docteur en sciences politique. Politologue et ancien cadre du parti socialiste français, JY prend la place du très populaire magistrat retraité Joseph Bindoumi qui a réussi à pacifier de nombreux quartiers de Bangui grâce au déploiement des petites unités des Forces Armées.
Un des représentants de la diaspora française, Yaketé qui ne manque pas de volonté est originaire de la préfecture de la Kémo. Il a la charge de créer une armée républicaine, pluriethnique en se basant sur les cendres des Forces armées centrafricaines.
Charles Armel Doubane ministre des Affaires Etrangères, la quarantaine bien entamée est sans doute le plus expérimenté de l’équipe. Ancien militant de l’association des étudiants centrafricains ANECA, Doubane est devenu cadre de l’ADP qui l’a envoyé au gouvernement sous Patassé alors qu’il n’avait que 30ans.
Doubane fut par la suite élu député à Zémio dans le Haut Mbomou. Nommé plusieurs fois ministre sous Bozizé, cet énarque fut enseignant chercheur à l’université de Bangui.CAD fut ambassadeur de la RCA à l’ONU à l’arrivée de la Séléka qui l’avait promu ministre des affaires étrangères, poste qu’il a refusé. Resté ambassadeur à New york Charles Armel Doubane a participé à l’élaboration des résolutions onusiennes tendant à l’origine de l’arrivée des casques bleus en RCA.
M. Félix Moloua est directeur national de la campagne adjoint du candidat Touadera. Discret et jugé humble, le désormais ministre de l’économie, du Plan et de la Coopération a été directeur du cabinet de ce département sous le ministre Sylvain Maliko.
Le ministre des Finances et du Budget, Henri Marie Dondra dit HMD est l’ancien Directeur général de FAGACE( Fond Africain de Garantie et de Coopération Economique). HMD a passé de nombreuses années dans cette institution à Cotonou au Bénin où il est passé de simple cadre au poste de DG grâce au travail et son sens élevé du devoir. En quittant FAGACE alors qu’il a encore trois ans de contrat et un salaire de plus de 15 millions par mois, HMD a fait un sacrifice suprême pour le bénéfice de son pays qui ne va lui offrir qu’ à peine 1 million de FCFA correspondant au salaire des ministres. Dondra est également le président fondateur de l’association les Refondateurs et est originaire de la Basse Kotto.
Ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, M. Flavien Mbatta était directeur de cabinet à la Cour Constitutionnelle de la transition pendant les élections. Il a occupé ce même poste durant plusieurs années sous le magistère de François Bozizé. Réputé travailleur et intègre, qualités qui sont rares au sein de la magistrature centrafricaine, Mbatta aura la lourde tâche de créer une véritable institution judiciaire afin de rompre aux phénomènes d’impunité qui hantent les centrafricains. Ce dernier est ngbakamandja de Bocangolo une des 6 Sous préfecture de l’Ombella M’Poko.
M. Leopold Mboli Fatrane, banquier de formation et DG sortant de BISIC, une des trois grandes banques de la RCA a été promu ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique. Ce travailleur acharné fut ministre de l’énergie sous le magistère de Touadera lorsqu’il était premier ministre.LMF est Zandé et originaire de la préfecture du Haut M’Bomou. Son plus grand défi sera de pallier au problème d’électricité qui frappe 9 ménages sur 10 dans ce pays, mais également, il aura la lourde tâche d’assainir le secteur minier.
Ministre de l’Environnement, du Développement durable, des Eaux, Forêts, Chasses et Pêches, Mme Arlette Sombo Dibele avocate de formation est une dame de fer qui est originaire de la Sangha Mbaéré, préfecture qui possède de nombreux hectares de forêts et de richesses minières et fauniques. Cette juriste n’aura pas un autre choix que de réglementer ce domaine qui a trop souffert de la mauvaise gouvernance.
Le ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Moukadas Nour, est un inconnu du grand public en dépit de son âge (60ans). Docteur en sociologie de l’université d’Abidjan en Côte d’Ivoire, originaire de la Nana Gribizi, cet enseignant chercheur est toujours resté loin du champ politique. Il aura la charge de réformer l’éducation nationale dans ce pays où le taux d’analphabétisme a trop augmenté suite aux remous sociaux répétitifs. MN devra aussi lutter contre le désintéressement des jeunes pour l’apprentissage du savoir.
Ministre de la Santé publique, de l’Hygiène et de la population, Mme Fernande Ndjengbot médecin est une ancienne ministre de la santé sous Bozizé. Elle a été envoyée au gouvernement par le Rassemblement Démocratique Centrafricain de Désiré Kolingba.
Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural est désormais tenu par l’ingénieur agronome très expérimenté Honoré Feizouré. Il était chargé de mission à l’agriculture pendant la transition où il a beaucoup appris à côté de l’incontournable ministre d’Etat Marie Noëlle Koyara qui a été plusieurs fois ministre de ce département.
Ancien DG de l’ACDA, HF a la réputation d’un travailleur acharné. Il devra davantage prouver que l’agriculture est la première source du développement de la RCA. Il est originaire de Bossangoa, chef-lieu de la préfecture de l’Ouham.
M.Yerima Youssoufa Mandjo, ministre de l’Elevage et de la Santé animale, poste qu’il a déjà occupé sous le magistère de Bozizé est issu de la minorité peuhl. Originaire de Niem Yéléwa dans la Nana Mambéré, YYM aura la lourde tâche de collaborer avec la présidence dans le dossier du DDRR qui concerne un grand nombre d’éleveurs peuhls qui ont troqué les bœufs contre les armes. Autre chantier à entreprendre la remise en place de la FNEC( Fédération Nationale des Éleveurs Centrafricains, mais surtout la réhabilitation des structures de distribution des produits de soins animaliers sur tout le territoire centrafricain.
Le ministère de la Fonction publique, de la Modernisation de l’Administration, du Travail de l’Emploi et de la protection sociale échoit au jeune linguiste et universitaire Abdoulaye Moussa. La quarantaine, AM est originaire du Bamingui Bangoran.
Le département de l’Equipement, des Transports, de l’Aviation civile et du désenclavement : revient à M. Théodore Jousso, fonctionnaire de l’ASECNA à la retraite. Ce dernier fut ministre du transport sous le magistère de Bozizé. TJ est originaire de Kouango dans la Ouaka.
Le Ministre de la Promotion de la Jeunesse, du Développement des Sports et du Service Civique est M . Sylvère Ngarso. Représentant du MLPC de Martin Ziguélé, SN est informaticien de formation. Sa nomination met fin à la malédiction de ces dernières années qui amenait les dirigeants centrafricains à offrir ce poste aux rebelles ou aux groupes armés.
Le ministère des postes et Télécommunications, chargé de la promotion des TIC a été confié M. Justin Gourna Zacko. Ingénieur des télécommunications, JGZ s’occupait du projet de la fibre optique. Il a été envoyé au gouvernement Sarandji par le parti CRPS de Mme Nicolas Tiangaye. Le ministre Gourna est mandja de Batangafo qui est l’une des 6 Sous-préfectures de l’Ouham.
Consacrée ministre des Affaires sociales et de la Réconciliation nationale après plusieurs années d’expériences sur le terrain en France et en Centrafrique, Mme Virginie Mbaïkoua est une femme battante et dévouée pour la cause de la RCA.VM est originaire de Paoua dans l’Ouham péndé, même si elle a mis en difficulté Mme Nadia Béa nouvellement élue député de Bimbo 2 où elle possède une résidence privée.
Mme Mbaïkoua a une bonne connaissance des milieux associatifs et est réputé humble. Tous ces atouts sont une force pour amorcer le combat du retour des déplacés et l’impérieuse nécessité de réconcilier tous les centrafricains.
M. Gaby Francky Leffa entrepreneur dans le domaine du bâtiment et les travaux publics est promu ministre de l’Habitat, du Logement social et de l’Urbanisme. Titulaire d’un diplôme du premier cycle dans le domaine du bâtiment, GFL a été envoyé dans le gouvernement Sarandji par Michel Amine, le président de l’UNDP.
Le ministère des Arts, du Tourisme, de la Culture et de la Francophonie continuera d’être piloté par une femme comme c’était déjà le cas pendant la transition. Mme Gisèle Pana est l’envoyée du PARC du professeur Gaston Mandata Nguerekata.
M. Côme Hassane, magistrat de formation est nommé ministre du Commerce et de l’Industrie. Ce juriste est originaire de Birao dans la Vakaga.
Au ministère de La Communication et l’Information, M. Charles Paul Lemassé Mandya aura la lourde tâche de relever ce secteur qui a été longtemps négligé par les dirigeants centrafricains. 57 ans après son indépendance, la RCA est aujourd’hui le seul pays au monde à ne disposer qu’une seule chaine de télévision qui n’émet que dans un rayon de 20 km autour de Bangui. La radio centrafricaine n’émet pas également au-delà de 100 km de la capitale. Les journaux sont au format A4 alors que tous les pays du monde utilisent le format tabloïd. Directeur de la communication du candidat Touadera pendant la campagne présidentielle, la RCA compte désormais sur CPLM pour dynamiser ce secteur.
Le ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Artisanat et de la Promotion des Petites et Moyennes entreprises est M. Bertrand Touaboy. Envoyé par URCA de Dologuélé, ce jeune scientifique jouit d’une bonne réputation. Il est originaire de Bossangoa.
Enfin, le ministre Secrétaire Général du Gouvernement, chargé des Relations avec les Institutions de la République, des Suivies d’ évaluation des politiques publiques M. Jean Christophe Nguinza doctorant en droit, a été envoyé au gouvernement par le RPR de N’Guendet. CN est gbaya de Boda deuxième ville de la Lobaye après Mbaïki.
Ce gouvernement a la particularité de n’avoir aucun ancien membre des groupes armés en son sein, chose qui n’est pas facile dans ce pays où toutes les recommandations relatives au désarmement sont restées lettres mortes.
Pour calmer les esprits démoniaques nés de ce changement de cap et de fermeté, le président Touadera a utilisé son talent de pédagogue pour assurer lui- même une médiation avec les chefs coutumiers des zones sensibles et les leaders des groupes armés.
C’est ainsi que les sultans Angavo de Birao et Kamoun de N’Délé ont fait le déplacement de leurs villes respectives pour le palais de la renaissance où ils ont eu un tête à tête avec le président Touadera.
Ce dernier a également joint plusieurs chefs rebelles pour leur assener que pour le bien-être de tous les centrafricains, on n’a pas besoin d’avoir un gouvernement pléthorique et que par le passé cette procédure n’a apporté aucun changement dans le développement de la RCA.
Touadera leur a également annoncé qu’il rattachera le Haut-Commissariat du Désarmement Démobilisation, Réinsertion et Rapatriement à la présidence pour éviter les dérives du passé et bien gérer cet épineux dossier.