Bangui - La Force de la MINUSCA fera la démonstration de sa capacité aérienne au cours d’un exercice conjoint mené avec l’opération Sangaris, ce vendredi, 29 avril, dans la localité de Damara (40 km au nord de Bangui). L’annonce a été faite par le porte-parole de la Force, lieutenant-colonel Rachid El Meckaoui, au cours du point de presse hebdomadaire de la mission onusienne, mercredi à Bangui.
Baptisé «Bamara » (le lion en Sango), cet exercice militaire veut montrer que le départ de Sangaris ne laissera aucun vide sécuritaire car la MINUSCA a la capacité opérationnelle de surveiller l’espace aérien centrafricain et de fournir l’appui feu nécessaire aux troupes au sol. Désormais, les hélicoptères MI35 de la Mission effectueront seuls les tâches qui étaient jusqu’à présent partagées entre la Force et Sangaris. Ces appareils sont déjà entrés en service, notamment pour la sécurisation des convois commerciaux et lors de la cérémonie de prestation de serment du Président Touadéra.
Selon El Meckaoui, l’exercice se déroulera en présence du Président de la République et des membres du Gouvernement, des responsables des forces de défense et de sécurité nationales, du corps diplomatique et des responsables de la MINUSCA.
De son côté, le porte-parole de la mission, Vladimir Monteiro a annoncé que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 2281, dans laquelle il proroge jusqu'au 31 juillet 2016 le mandat de la MINUSCA. Le Conseil demande Secrétaire général, dans un délai de trois mois, de procéder à un examen stratégique de la Mission, dont les recommandations lui seront présentées. «Le futur mandat de la MINUSCA doit être adapté aux nouvelles circonstances découlant de la fin de la transition » a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, dans le cadre de la concertation permanente avec les autorités nationales, le Représentant spécial du Secrétaire général s’est entretenu cette semaine avec le Premier ministre ainsi que les ministres des Affaires étrangères et de la Justice. Les questions liées au mandat de la MINUSCA ainsi que les défis du nouveau gouvernement ont été au centre de ces rencontres, a indiqué le Porte-parole de la Mission.
Monteiro a également annoncé le lancementdes processus d’enregistrement d’ex-combattants à Paoua et Bangui, lundi dernier, dans le cadre de projets de réduction de la violence communautaire. A Paoua, l’enregistrement des premiers bénéficiaires a débuté dans le village de Pende avec les ex-combattants du Groupe des Patriotes dirigé par Fidel. Ils sont au nombre de 317 dont 264 hommes et 53 femmes. Ce projet financé à hauteur de 3,5 millions de dollars par le Fonds de consolidation de la Paix des Nations Unies, est exécuté en partenariat avec l’Office international des migrations (OIM). Il couvre les préfectures de l’Ouham, l’Ouham-Pende et de la Nana-Mambéré. Il offrira des opportunités économiques à environ 7.000 personnes, combattants et membres des communautés. A Bangui, l’enregistrement a débuté à Boy-Rabe, dans le 4ème arrondissement, en faveur des ex-combattants anti-balaka. Facilité par la coordination nationale des anti-Balaka, cet exercice de profilage est supervisé par le Haut-Commissariat national au Désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et à la Réforme du secteur de la sécurité (RSS). En deux jours, 104 personnes ont déjà été inscrites sur une prévision initiale de 1000 combattants.
En sus des initiatives de réduction de la violence communautaire, Vladimir Monteiro a annoncé qu’à Bambari, les activités de relance du dialogue communautaire se sont poursuivies avec un atelier sur l’analyse des conflits locaux à l’attention des membres de la Commission pour le dialogue intercommunautaire.
Le Porte-parole de la police, Oana Andreea Popescu, a indiqué de son côté que la Police centrafricaine et la Gendarmerie nationale continuent de veiller à la protection des populations civiles, avec l’appui de la composante Police et de la Force de la MINUSCA, et des Forces Internationales, conformément au mandat de la mission. La police de la MINUSCA poursuit également ses missions notamment les opérations de lutte contre la délinquance et le renforcement des capacités des Forces de sécurité intérieures.
Centrafrique: le mandat de la Minusca prolongé et adapté aux besoins
Dans sa résolution 2281, le Conseil de sécurité vient de renouveler le mandat de la Minusca en Centrafrique jusqu'au 31 juillet. Une prorogation de trois mois afin de permettre la conduite d'un examen stratégique de la mission créée en avril 2014. La mission onusienne devra ajuster son mandat à la situation actuelle.
Deux ans après la création de la Minusca, certains enjeux ont changé en Centrafrique. La transition est terminée et les élections ont abouti à la mise en place de nouvelles autorités. Selon le Conseil de sécurité, le mandat de la mission onusienne doit donc être ajusté.
Dans sa résolution, il demande au secrétaire général de discuter avec le gouvernement centrafricain pour faire en sorte que le futur mandat de la Minusca s'adapte à cette nouvelle situation et il donne à Ban Ki-moon jusqu'au 22 juin pour faire des recommandations.
Les points à améliorer
Le 15 avril dernier, le patron des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, avait énuméré un certain nombre de points clés qui nécessitait des progrès. La mise en place effective d'un programme de DDRR (Désarmement-Démobilisation-Réinsertion et Rapatriement des ex-combattants). La réforme du secteur de la sécurité, c'est-à-dire essentiellement de l'armée. Mais encore le rétablissement de l'autorité de l'Etat, le renforcement de l'appareil judiciaire et le dialogue avec les groupes armés qui contrôlent encore de vastes étendues du territoire.
Hervé Ladsous avait aussi évoqué ce « véritable fléau » que constituent les nombreuses allégations de viols et abus sexuels impliquant des casques bleus, en indiquant que le secrétariat travaillait au renforcement de l'assistance aux victimes et des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés.