Pour moi, Papa Wemba était un très grand artiste-musicien, certainement l’un des plus doués de sa génération, mais pas un « héros », ni un « modèle » pour la jeunesse congolaise. Tout comme ne le sont les Koffi Olomidé, JB Mpiana, Fally Ipupa, Werrason et tous les autres.
Un Héros est cette personne qui se distingue par sa bravoure (Patrice Emery Lumumba mort pour le Congo, soldats morts en héros,…).
Alors que le Congo organise des obsèques grandioses pour enterrer Papa Wemba, et que certaines voix s’élèvent pour réclamer une journée africaine de deuil, un billet de banque à son effigie, ou encore un musée en sa mémoire, le docteur Dénis MUKWEGE, un héros congolais des temps modernes, vit cloîtré dans son hôpital de Bukavu car menacé de mort, sous la protection des Casques Bleus. Depuis 20 ans, ce médecin au destin exceptionnel mène un combat à ses risques et périls : il opère les femmes violées, victimes de la guerre. A ce jour, il a opéré plus de 40.000 femmes, une chirurgie réparatrice qui leur rend leur dignité et leur joie de vivre.
Alors que le Congo est le berceau de la musique et de la culture en Afrique, les artistes-musiciens congolais sont plus portés dans le « bling-bling » et dans les « polémiques » , car comment expliquer qu’il n’existe pas une industrie musicale au pays qui a donné plus de musiciens à toute l’Afrique, comme il existe une industrie du cinéma au Nigeria ? Youssou Ndour au Sénégal et le groupe ivoirien Magic System (en à peine 16 ans d’existence) ont fait plus pour la culture et la jeunesse de leurs pays que ne l’ont fait tous les musiciens congolais réunis depuis 40 ans.
Les musiciens congolais ont inventé le concept de la « Sapologie » au détriment de l’art et de la mode africaine. Ils sont friands des robes des grands couturiers français, italiens, japonais et américains, comme si l’artiste africain ne peut être « sapé comme jamais » en Gilles Touré, Alphadi, ou encore Pathé O.
Je pleure Papa Wemba, car c’était un très grand artiste-musicien chanteur ! Je pleure Papa Wemba car j’ai grandi avec sa voix et ses mélodies. J’aime et j’écoute la rumba congolaise. J’aimais Papa Wemba, mais il n’était pas un « modèle » pour moi. D’ailleurs, beaucoup de ceux qui le pleurent aujourd’hui ne voudraient pas que leurs propres enfants marchent sur les traces de Shungu Wemba Djo.
Papa Wemba est mort ! Paix à son âme ! Nous pleurons tous l’artiste aujourd’hui.
Que la mort de Papa Wemba sonne le réveil de conscience de tous les artistes-musiciens congolais. Le plus grand hommage qu’ils puissent lui rendre est d’enterrer leurs polémiques et se mettre ensemble pour créer une vraie industrie musicale et un vrai festival de musique au Congo qui portera son nom.
Le plus grand hommage que les artistes-musiciens congolais puissent rendre à Papa Wemba, c’est de vendre toutes leurs robes de grands couturiers occidentaux et de créer la « fondation Wemba Djo » d’aide aux « chégués ».
Chibazo Théophilus OKOYE
Montpellier