Bangui– Une équipe de haut fonctionnaires du siège des Nations Unies entame le mardi 10 mai, à Bangui, l’examen stratégique des interventions de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA), dans le cadre de la révision prochaine du mandat de la Mission après le 31 juillet 2016. Dirigée par le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, El Ghassim Wane, l’équipe doit apprécier la capacité de la MINUSCA à répondre aux attentes de ses bénéficiaires, dans ses composantes civile, militaire et de police.
Au cours de son séjour, la mission aura des sessions de travail avec les responsables de la MINUSCA ainsi que des entretiens avec les autorités centrafricaines, les membres de la Communauté internationale, les agences du système des Nations Unies et la société civile. Une visite de terrain est également prévue à Bouar et à Kaga Bandoro pour mesurer les réalisations et les défis dans l’appui à la stabilisation de la Centrafrique.
La révision stratégique de la MINUSCA est inscrite dans la résolution 2281 du 26 avril 2016, “pour s’assurer, en consultation avec le Gouvernement centrafricain, que le futur mandat de la MINUSCA est formulé de façon adéquate et adaptée à un contexte de stabilisation post-transition propice aux efforts de consolidation de la paix en République centrafricaine”.
Le rapport ainsi que les recommandations de cette équipe seront présentés au Secrétaire général le 22 juin au plus tard. Celui-ci les soumettra à son tour au Conseil de sécurité. C’est sur la base des recommandations que le Conseil formulera le prochain mandat de la MINUSCA qui sera renouvelé pour une période d’un an.
INTENSIFICATION DE LA COLLABORATION ENTRE MINUSCA ET FORCES DE SECURITE CENTRAFRICAINE
La collaboration entre la MINUSCA et les forces de sécurité intérieure de Centrafrique s’est intensifiée avec l’installation dans les locaux de la police et de la gendarmerie, de policiers onusiens qui travaillent au quotidien avec leurs homologues centrafricains.
Dans la capitale et ses environs, des officiers de police des Nations Unies (UNPOL) sont présents dans huit commissariats et trois gendarmeries. Ensemble, ils reçoivent les plaintes, traitent les dossiers, mènent les enquêtes, patrouillent, collectent des statistiques et organisent les archives.
Une maman est venue ce matin à la gendarmerie de Bimbo, un quartier de la capitale, pour dénoncer une tentative de viol sur sa fille de 12 ans. « Je ne doute pas que je serai bien accueillie et écoutée », dit-elle. Ici quatre policiers des Nations Unies partagent les tâches quotidiennes d’une trentaine de gendarmes centrafricains.
« Les cas de viol, banditisme, vol, attentat à la pudeur, abus de confiance sont les plaintes les plus courantes », indique l’adjudant Hilaire Kongomatchi, commandant de cette brigade.
UNPOL et les forces de sécurité nationale ont ainsi développé une police de proximité, dite police communautaire, qui est plus proche des habitants de la ville.
Ce climat de confiance instauré entre les forces de l’ordre et la population permet à la fois de passer des messages aux communautés mais aussi de collecter des informations. « La population nous alerte et cela nous aide à mener les enquêtes », explique le commandant de police Idi Mamadou, du 3ème arrondissement de Bangui. « Grâce à la police communautaire, il y a un regain de confiance entre nous et les habitants du PK 5 et entre les communautés », constate le Commandant du corps urbain au Commissariat du 3ème arrondissement, Evrard Levy Ozoui. Ce quartier à majorité musulmane a été l’un des plus touchés par les violences intercommunautaires de ces dernières années.
Au commissariat du 5eme arrondissement, les éléments de UNPOL et ceux de la police centrafricaine sont aussi au travail et dans des conditions loin d’être faciles. Le bâtiment a été saccagé et pillé pendant la flambée de violence de septembre dernier. Ils n’ont qu’une table et une chaise, installées dehors, sous le soleil. En attendant que la situation s’améliore, ils s’acquittent quand même de leurs tâches quotidiennes pour assurer la sécurité du quartier et rendre confiance aux populations.
Les policiers onusiens conseillent aussi leurs homologues en matière de respect des procédures et des droits de l’Homme. « Le degré de collaboration entre nous et les policiers de la MINUSCA est très satisfaisant », constate Evrard Levy Ozoui
« C’est un échange d’expériences mais aussi une assistance apportée par la MINUSCA aux Forces de Sécurité Intérieures centrafricaines pour le perfectionnement de leurs structures et pour le bon déroulement du travail, explique le chef de cet programme appelé « colocation », Noé Ouoba.
Les policiers de la MINUSCA s’assurent des conditions de détention et de garde à vue (délai, hygiène, etc.). Ils font aussi de la sensibilisation sur les règles de l’usage des armes à feu et sur la prévention du terrorisme. Enfin, ils assurent la promotion de la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels, les violences basées sur le genre et expliquent la politique de « tolérance zéro » vis-à-vis de ces abus.
Pour le moment, cette expérience de « colocation » concerne la ville de Bangui et sa banlieue, mais elle devrait s’étendre à l’intérieur du pays.
Le mandat de la MINUSCA prévoit l’appui à la réforme du secteur de la sécurité, en fournissant notamment des conseils stratégiques et en coordonnant l'assistance technique et la formation.