L’organisation Reporters sans frontières et la mère de la photojournaliste française Camille Lepage, tuée en Centrafrique le 12 mai 2014, ont demandé mercredi à la France de mettre en oeuvre les "moyens nécessaires" pour faire avancer une enquête qui selon elles "piétine".
Camille Lepage, 26 ans, a été tuée par balle dans la région de Bouar, dans l’ouest de la RCA lors d’une embuscade alors qu’elle était en reportage avec une milice anti-balaka (majoritairement chrétienne), au cours d’une période de grandes violences intercommunautaires, à Bangui et en province, entre miliciens anti-balaka et membres de la rébellion musulmans de la Séléka.
Dans un communiqué, l’ONG et Maryvonne Lepage "renouvellent leurs demandes auprès des autorités françaises afin que les moyens nécessaires soient mis en oeuvre pour enfin faire avancer l’enquête" alors qu’"à ce jour aucun des assaillants n’a pu être identifié".
RSF, qui s’est constituée partie civile, rappelle à François Hollande "son engagement à ce que +tous les moyens nécessaires (soient) mis en oeuvre pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat+". L’ONG souhaite qu’à l’occasion de sa visite vendredi à Bangui, le président français renouvelle son appel à un progrès rapide et effectif de l’enquête, disposant de toutes les ressources nécessaires.
"Nous, la famille de Camille, avons besoin de savoir qui étaient les assaillants, déclare Maryvonne Lepage. L’incertitude est difficile à vivre. La poursuite de l’enquête sur place est indispensable et devrait permettre d’éclaircir certains points qui demeurent encore obscurs depuis deux ans aujourd’hui."
Une procédure avait été immédiatement ouverte en France dès la mort de la journaliste mais n’a que très peu progressé depuis. Une première et unique visite d’un groupe d’enquêteurs a eu lieu en juin 2014, suivie d’une commission rogatoire internationale reçue par le procureur centrafricain en septembre 2014. Celle-ci n’a à ce jour jamais été exécutée.
Selon RSF, la juge française Virginie Van-Geyte prévoit d’envoyer prochainement un groupe d’enquêteurs pour poursuivre l’enquête.
"Nous saluons l’envoi de cette commission, mais nous tenons à insister sur l’importance qu’elle dispose du mandat et des personnels nécessaires pour mener l’enquête de façon efficace une fois sur place", insiste RSF.
Les parties civiles demandent à ce qu’un nombre suffisant d’enquêteurs soient spécifiquement dédiés à l’enquête, qu’ils aient accès aux lieux du crime et soient donc autorisés à voyager hors de Bangui.
Elles souhaitent soumettre également une liste de personnes, identifiées lors du déplacement en Centrafrique de Maryvonne Lepage en avril 2016, susceptibles d’être interrogées et d’apporter des informations supplémentaires à l’enquête.