“La politique, ce monde sans pitié” dit l’adage, en Centrafrique actuellement prend tout son plein sens. la gratitude, la reconnaissance du ventre n’existe pas. Martin Ziguélé en fait l’amer constat.
La phrase récemment du président Touadera qui ruine tous les espoirs de Ziguélé : «Je préfère travailler avec Meckassoua que Ziguélé»
Des élections truquées reconnues
Martin Ziguélé n’était pas dupe du niveau de fraudes lors du premier tour de l’élection présidentielle du 30 décembre 2015. Son parti, le MLPC de dénoncer aussitôt par un communiqué : “Le manque de transparence dans la publication des résultats.” En promettant de saisir la Cour Constitutionnelle de Transition, pour exiger le recompte manuel des votes.
Et de déclarer : “Contrairement à ce que prévoit l’article 124 du Code électoral, il est impossible pour chaque candidat de vérifier que tous les suffrages portés sur sa personne, circonscription par circonscription, bureau de vote par bureau de vote, ont été effectivement et intégralement comptabilisés. […] L’Autorité nationale des élections (ANE) a continué à publier des résultats globaux, en mélangeant tous les jours différentes préfectures à des taux divers de dépouillement, rendant impossible tout suivi et tout contrôle.”
Ajoutant encore : “Je demande le recomptage manuel des voix parce que tout indique qu’à la fin des opérations de vote et suite aux dépouillements effectués in situ, il y a eu beaucoup de manipulations volontaires sur les procès-verbaux de résultats. J’ai fait constater par huissier de justice des cas où mes bulletins de vote ont été extraits des urnes et remplacés par des bulletins de vote de certains de mes adversaires.
En effet, dans beaucoup de circonscriptions électorales où il y a l’emprise des groupes armés, nos représentants ont été manu militari chassés des bureaux de vote, puis des bourrages d’urnes ont été opérés. Ensuite, sur toute la chaîne de collecte des bulletins de vote et leur traitement informatique par l’Autorité nationale des élections (ANE) des constats troublants de fraude, d’omission délibérée de saisie de nos résultats, de trafic d’influence de toute sorte, de falsification des procès-verbaux, etc. ont été établis.
Recompter manuellement les voix, en comparant avec les données collectées par les observateurs nationaux et internationaux, est la seule solution par laquelle la vérité des urnes se révélera. La Communauté internationale doit aider la Cour constitutionnelle à entrer en possession de ces divers résultats sortis des urnes relevés par ses observateurs.”
Guerre lasse, il finira “officiellement” en quatrième position avec 10,8 % des voix, et donc éliminé de la course à la Présidence, laissant malgré lui, le champ libre à Dologuélé et à Touadera pour en découdre au second tour.
Soutien a Touadera
Ravalant sa déception du flagrant déni de justice qu’il subissait, dans l’intérêt de la paix civile, deux mots qui plus tard serviront de caution à toutes les dérives frauduleuses, il décidait de soutenir la candidature de Faustin Touadera pour le second tour, en le recevant le Jeudi 11 Février, très royalement dans son fief dans l’extrême nord-ouest de la Centrafrique à Bocaranga. Et aux dires des observateurs, Faustin Touadéra n’aurait jamais pu envisager une victoire dans cette partie du pays sans l’appui de Martin Ziguélé. Ce dernier aura mouillé la chemise pour le futur président, au sens propre et au figuré, en incitant son redoutable parti le MLPC à imiter son choix. Mais il ne sera jamais payé de retour.
Fissures
Avant même que le résultat de la Présidentielle ne soit définitif, Faustin Touadera déjà pris d’une soudaine bougeotte, de commencer à écumer la sous-région, accompagné de nombreux de ses soutiens de l’entre deux tours, mais point de Martin Ziguélé. Manifestement, quelque chose entre temps s’était rompue.
A part conjecturer, personne ne saura ce qui par la suite tendra les rapports entre les deux hommes, au point de mener à la rupture. Certains de déclarer que Martin Ziguélé exigeait en compensation pour services rendus, d’être soutenu par le nouveau président pour sa quête du perchoir de l’Assemblée. d’autres d’affirmer que Touadera redoutait, qu’avec une telle personnalité, au charisme reconnu, il risquait vivre dans son ombre.
Combinazioni pour la quête du perchoir
L’étrange processus ayant mené à l’installation de Karim Meckassoua à la tête du Parlement, est la démonstration éclatante par l’absurde, du fait que la République Centrafricaine n’est ni un pays auto-déterminé, et encore moins souverain.
Placée sous tutelle de la Communauté internationale, ce sera cette dernière qui dictera sa loi et la “bonne” marche à suivre. Et dans ce jeu là, le dindon de la farce sera Martin Ziguélé, sacrifié sur l’autel comme cité plus haut de la “paix civile”, en imposant une personne non élue député déjà, mais qui avait le bon profil, c’est-à-dire celui d’être de confession musulmane.
Car dans une vision caricaturale et binaire, La RCA ne pouvait être que chrétienne et musulmane pour la dite communauté internationale. La laïcité de la Centrafrique n’étant qu’une simple vue de l’esprit.
Karim Meckassoua installé au perchoir, même le président Touadera ne pouvait s’y opposer. Menaces et pressions des occidentaux à Bangui l’ont contraint à plier.
Dans cette tambouille, Martin Ziguélé était tout simplement broyé !
La farce de l’élection de Meckassoua sera spectaculaire. De favori, Ziguélé se retrouvera gros-jean comme devant, avec seulement 14 voix. Les billets craquant de F CFA de Meckassoua ont eu raison du libre choix et de la moralité de la majorité des députés. Le reste, c’est de la littérature à la centrafricaine, renouant avec les bonnes habitudes de trafic d’influence, de concussion, et malheureusement, comme souvent en Afrique noire, de l’ingérence et de l’interférence des pays occidentaux et des organisations internationales dans les affaires internes d’un pays.
Rendant factice le libre choix des citoyens, devenu mascarade de façade.
zigLors de ces élections, législatives, Référendum, Présidentielle, les populations centrafricaines furent tout simplement instrumentalisées pour des causes exogènes les dépassant. Et certainement pas pour leurs intérêts.
Martin Ziguélé qui a vécu les tourments de l’instabilité politique chronique en RCA déjà, lorsqu’il perdit son poste de Premier ministre par le coup d’état de François Bozizé en Mars 2003, depuis, n’avait plus brigué de poste électif jusqu’à ces dernières élections.
Cette fois-ci, ce n’est pas un putsch fatal qui l’éjectera des responsabilités, mais le clientélisme du nouveau pouvoir et autres.