Les actes présumés de subornation de témoins de l’ex-vice président congolais Jean-Pierre Bemba et ses avocats "montrent jusqu’où les accusés étaient disposés à aller pour cacher leur conduite illicite", a affirmé mardi l’accusation de la CPI lors du premier jour des plaidoiries dans cette affaire.
Jean-Pierre Bemba, ses avocats Aimé Kilolo et Jean-Jacques Mangenda, ainsi que Fidèle Babala, un député du parti Mouvement de Libération du Congo (MLC), sont accusés d’avoir fabriqué ou présenté à la CPI des faux documents afin d’obtenir l’acquittement de M. Bemba dans son procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Ils auraient également, selon la procureure de la CPI, versé de l’argent à des témoins afin qu’ils donnent de faux témoignages. Un témoin de la défense, Narcisse Arido, est également poursuivi.
"Il y a, parmi les accusés, ceux qui ont agi pour essayer de corrompre et d’influencer, ceux qui ont payé et reçu des cadeaux, ceux à qui l’on a promis une réinstallation et une sécurité, ceux à qui l’on a demandé de mentir lors de leur déposition", a déclaré un membre du bureau du procureur, Kweku Vanderpuye.
L’ancien chef militaire Jean-Pierre Bemba avait "beaucoup à perdre" dans son procès : "sa fierté, sa stature, sa réputation, son pouvoir politique, la possibilité d’une victoire lors des élections présidentielles, sa liberté", a ajouté M. Vanderpuye.
Jean-Pierre Bemba a été reconnu coupable le 21 mars des crimes commis par sa milice en Centrafrique en 2002 et 2003, en vertu du principe de "la responsabilité du commandant". Ce jugement était également le premier de la Cour à avoir condamné le recours au viol comme crime de guerre.
L’accusation a demandé "au minimum 25 ans" de détention. L’ancien chef rebelle du nord de la République démocratique du Congo (RDC) a déjà passé huit ans en prison.
Selon l’accusation, huit témoins ont admis avoir menti alors que deux d’entre eux ont été payés quelques heures avant d’embarquer à destination de La Haye.
En tant qu’avocat, M. Kilolo savait "que ce qu’il faisait était mal", a ajouté M. Vanderpuye, s’appuyant sur des relevés téléphoniques, des registres comptables ou des conversations interceptées : "il était sûr qu’il pouvait s’en sortir en abusant de sa position de conseiller devant la Cour".
La défense doit s’exprimer plus tard dans la journée.
Il s’agit du premier procès pour subornation de témoins devant la CPI, entrée en fonction en 2003 à La Haye.