Contexte français particulier :
Depuis avril 2014 nous essayons d’alerter sur la situation de la jeunesse en Centrafrique. Cela n’a été fait qu’avec de grandes difficultés et de grandes peines.
Afin de trouver une ouverture en France, nous avions même essayé de mobiliser les médias et l’opinion via une rencontre au sénat le 25 Juin 2014 mais tant les média que l’opinion sont restés relativement fermés à nos actions sur le terrain suite à cette communication.
Après plusieurs missions et l’implantation d’une antenne en Centrafrique nous avons même adressé une lettre à François Hollande, qui lui a été remise, sur des pistes possibles d’actions et de réflexion, en particulier sur les questions d’éducation, de santé mentale et de jeunesse, le 01 octobre 2015.
Avec le recul, j’ai surtout l’impression qu’en France il y a, tant pour le peuple que pour les média, un désintérêt pour la question centrafricaine et plus encore pour la question de la jeunesse. En tout cas de toute évidence lorsque c’est notre ONG qui parle, et que l’on veut parler du volet humanitaire et de la jeunesse, cela est complexe à être entendu.
Dans le même temps nous avons pu constater la mobilisation des médias africains ( télévision, radios, et presse écrite) en particuliers en Guinée et en Centrafrique à Bangui mais aussi de AFrica1 ( 1ere radio afro européenne ) qui ont été beaucoup plus réactifs.
Si je reviens une nouvelle fois vers la France, les français et sa justice c’est que notre ONG dispose d’éléments, qui pourraient mettre en cause certains éléments de l’ armée française en Centrafrique vis-à-vis d’enfants et de jeunes et j’espère que cette fois les choses vont changer et que l’opinion publique va réagir, la justice passer et des actions concrètes pouvoirs aboutir sur la question jeunesse.
Le 7 avril 2016 en ma qualité de Président international de l’ONG CNRJ et suite aux travaux effectués par notre équipe en Centrafrique, j’ai demandé à notre avocat au barreau de Paris de contacter le procureur de la République de Paris.
Notre ONG est l’une des rares associations qui s’est donnée la peine de demander une autorisation d’exercer son activité en Centrafrique et nous faisons partie de ces ONG qui ont eu écho des nombreuses violences commises contre des enfants et des jeunes.
Par respect pour le peuple du Centrafrique et de ses institutions nous avions envisagé de contacter directement le procureur de la République de Bangui (Centrafrique). Mais pour des raisons de sécurité et de moyens financiers sur place, et malgré des premiers contacts pris, nous avons finalement préféré utiliser la voie de la justice française, pays dans lequel nous avons administrativement notre siège international.
C’est ainsi que notre avocat Mahor Chiche a pu faire parvenir au procureur de la République de Paris, l’ensemble des éléments nous concernant mais aussi cinq procès-verbaux associatifs très étayés.
Il ne s’agit plus là, de simples échos et de rumeurs, mais de constats de violences commises et des abus sexuels sur des enfants, par des militaires dont vraisemblablement des membres des forces militaires françaises.
Ces relevés ont été fait grâce à William Dehou, responsable de l’antenne de l’ ONG CNRJ, dans un contexte de sécurité complexe pour lui-même et nos membres.
En agissant ainsi certains éléments des forces militaires ont commis des crimes. Ils étaient venus servir une mission de paix et ont trahi des enfants, un peuple, leur mission, l’armée française et le pays qui les avaient envoyé : la France !
Présent personnellement à Bangui en période de guerre, j’ai pu voir les forces militaires à l’œuvre et donc constater la qualité générale de leurs actions. J’ai même pu bénéficier de la sécurité qu’ils apportaient.
Mais il y a là dans les témoignages que nous avons, quelque chose qui touche à l’Humanité et à l’Honneur de France qui ont été bafoués. Une limite est atteinte ! Je sais évidemment qu’il s’agit là d’éléments isolés et pas de l’armée française proprement dites et dans son intégralité … mais je ne peux pas voir cette affaire minimisée.
Je pense que Monsieur le Ministre Le Drian ( Ministre français de la défense) saura prendre toute l’ampleur de ce qui se joue là et saura faire le nécessaire en interne, en plus des actions qui seront entreprises par “les civils”. Je solliciterais de sa bienveillance une rencontre si son agenda et l’importance de cette rencontre lui paraissent opportuns.
Je ferai de même auprès de la Présidence de la République française dans les jours prochains.
En contacts avec les autorités centrafricains et en particuliers les nouveaux ministres, je sais que les autorités et le peuple centrafricain attendent beaucoup de la France et des Français sur cette question.
Par exemple, Monsieur le ministre Bokassa Serge nouveau Ministre de l’Intérieur Centrafricain s’est montré auprès de moi, un interlocuteur discret mais préoccupé sur cette question. Nous partageons un intérêt commun sur la question jeunesse depuis maintenant un moment.
Nous serons aussi disponibles auprès des autorités centrafricaines évidemment si celle-ci le désirent.
En plus de cette action de justice, il paraît important de se mobiliser pour augmenter les projets liés aux prises en charges des jeunes dont les victimes.
J’ai pu en voir pleins les camps de réfugiés et pleins les rues en état de souffrances, évidemment pas uniquement à cause des militaires français.
En l’état nous, ONG CNRJ, ne disposons pas des ressources nécessaires à des actions d’envergures auprès de la jeunesse alors que de toute évidence des actions de protection et d’ « éducation de rue » (les français appellent cela prévention spécialisée) sont urgentes.
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J’espère qu’une action d’envergure sera menée par la France, car cela devient urgent que justice soit faites, que les médias et l’opinion publique française se réveillent pour dénoncer ceux qui profitent de leurs fonctions et leurs missions de paix pour commettre des crimes sur des enfants et salisse leurs pays la France au passage.
Mais en même temps et pourquoi pas, au-delà de cette justice urgence nécessaire, que soit mis en place du soutien pour ces enfants tant les victimes que les autres laissés à l’abandon … En effet toute ces jeunes des rues ne sont-ils pas de potentielles futures victimes de personnes indélicates ?
Nous sommes ouverts aux personnes et aux œuvres désireuses de s’associer à nous sur ce dossier et/ou en capacité d’apporter de l’aide. Nous savons que la question de l’enfance et de la jeunesse est une cause d’importance en France et que nous pouvons aussi rencontrer des personnes sensibles et ouvertes à nos actions.