Finalement, ce n’est qu’en Centrafrique qu’on peut voir tout et son contraire. Un homme en tenue peut agir comme il veut sans aucune inquiétude, un magistrat peut être un braqueur, un Président de la République ne s’occupe plus de ses concitoyens que de ses affaires personnelles, un Premier Ministre sans programme d’actions, un Douanier peut signer son propre décret en imitant la signature du président de la république pour se caser à un poste de responsabilité sans peur. À quoi sert de parler d’un pays lorsque le clientélisme, le clanisme, la démagogie et la voyoucratie sont érigés en mode de gouvernance?
En moins de trois mois du pouvoir, la seule et belle réussite du président TOUADERA et de son Premier Ministre SARANDJI, c’est qu’ils arrivent à mettre tout le monde d’accord contre eux quant à la manière dont ils dirigent ce pays. Le président TOUADERA, dans son discours du 30 mars dernier lors de son investiture avait parlé de la rupture et du changement mais, à quand ce changement? À quand cette rupture? En tout cas à presque 100 jours du pouvoir, aucun acte fort et symbolique n’a été posé et on se croyait au temps du Président Bozizé ou de Samba-Panza où le désordre est le mode de gouvernance.
Dans quel pays un Général de l’armée régulière se comporte comme un voyou en ordonnant à ses éléments de tabasser suffisamment un artiste sans aucune raison valable? Dans quel pays la sœur du Président ordonne l’arrestation d’un journaliste? Décidément on est loin de voir le bout du tunnel, TOUADERA nous ramène à plus de 10 ans en arrière. Il doit aussi comprendre que c’est le pouvoir qui peut arrêter le pouvoir (Montesquieu) et que si le pouvoir est faible au sommet, les pouvoirs délégués seront utilisés probablement à des fins personnelles parfois jugés excessifs. Hier, on les a vus à genou devant les selekas et c’est le peuple centrafricain uni, déterminé qui s’est soulevé pour les défendre mais aujourd’hui, ils se sont retournés contre ce même peuple qui les a défendus à peine 2 ans que ces hommes en tenue doivent savoir que leurs bourreaux ne sont pas loin de Bangui. D’ailleurs, selon des informations en notre possession, ils se réorganisent en ce moment pour marcher sur Bangui. Préparez-vous à vous défendre au lieu de s’acharner sur les pauvres paisibles citoyens. Existe-t-il vraiment des lois dans ce pays? À quoi sert le Tribunal? À quand la fin de cette impunité chronique?
En tout cas le pays va mal si l’impunité et le clanisme continuent encore et encore, le pays risque de disparaître pour devenir un territoire où les voyous règnent en maître.