Dans un mois, le président gabonais recevra au nom de ses pairs les suggestions des experts locaux. Fin juin, début juillet. C’est l’espace de temps durant lequel va certainement intervenir la fin des débats techniques préparant la décision des chefs d’Etat d’Afrique centrale au sujet d’un Accord de partenariat économique (APE) régional avec l’Union européenne (UE). Le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), Louis-Paul Motaze, a ainsi résumé vendredi 17 juin 2016, le calendrier de cet ultime round de négociations entre l’Afrique centrale et l’Europe jusqu’ici principalement liés par des accords dits ACP. C’était à la clôture de quatre journées de réflexion du comité régional de coordination des négociations APE réuni à Douala pour sa 40e session.
A ce moment attendu, les ministres chargés des négociations APE auront un document à présenter au président gabonais Ali Bongo Ondimba, désigné par ses pairs pour parrainer le processus de changement. Il s’agit globalement de redéfinir les conditions d’échanges commerciaux avec l’UE qui dans le cadre ACP disposait de rapports particuliers avec les pays d’Afrique centrale. L’exigence de libéraliser davantage le commerce qu’impose l’ordre économique mondial a amené l’Europe à réévaluer ses contrats avec l’Afrique mais dans la région, les débats étaient bloqués depuis septembre 2011. Or, dès le 1er octobre 2016, l’UE s’est fixé l’objectif d’arrêter tout débat sur cette question qui intéresse les tarifs douaniers, les importations et les exportations. En somme, cela reviendrait, pour l’Afrique centrale et ses matières, à se voir imposer toutes les règles commerciales mondiales sans préférence, vis-à-vis de l’un des premiers clients.
C’est dire si la question est importante. Pierre Moussa, le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a même estimé que ne pas s’accorder avec l’UE, sur les conditions d’ouverture du marché, fragiliserait davantage les économies de la région. Toutefois, a-t-il noté pour s’en satisfaire, la force de l’ensemble CEMAC est de demeurer engagé dans une logique d’intégration et de solidarité. La position d’avance prise par le Cameroun qui a signé un accord d’étape dans ce sillage ne devrait alors qu’éclairer les discussions et non les freiner ou les désagréger, a précisé le MINEPAT. Comme le ministre, M. Moussa a souligné l’importance de préserver les acquis communs tout en s’arrimant au changement jugé inéluctable.