Deux personnes ont été tuées lundi à Bangui, la capitale de la République centrafricaine, dans des échanges de tirs de mitraillettes et d'armes lourdes, a-t-on appris de source médicale et auprès de témoins.
On ignore si ces affrontements sont liés à l'enlèvement dimanche par des membres des anciens rebelles de la Séléka de six agents de police dont a fait état lundi le ministre de l'Administration territoriale et de la Sécurité publique, Jean Serge Bokassa.
"Nous réclamons la libération des agents qui ont été pris en otage", a-t-il dit à Reuters. "Le gouvernement fera tout ce qui est possible pour les libérer."
L'insécurité persiste dans le pays malgré l'accession au pouvoir du président Faustin-Archange Touadéra en mars dernier, censée tourner la page d'un conflit ethnique et religieux qui a fait des milliers de morts depuis mars 2013.
L'ONG Médecins sans Frontières (MSF) a parallèlement annoncé la suspension pour trois jours, à compter de mercredi, de toutes ces opérations jugées non essentielles pour protester contre le meurtre d'un de ses chauffeurs, tombé dans une embuscade vendredi alors qu'il circulait au nord-est de Bangui, entre les localités de Sibut et de Grimari.
"Ceci démontre que le travail humanitaire devient plus précaire en République centrafricaine", a souligné le chef de mission de MSF en Centrafrique, Emmanuel Lampaert, lors d'une conférence de presse à Bangui.
La situation sanitaire de plus en plus difficile au camp des déplacés de M'Poko
La situation humanitaire est encore préoccupante sur le site des déplacés de l'aéroport de Bangui en Centrafrique.
Récemment, Médecins sans Frontières (MSF) a réduit les critères d'admission dans son seul grand centre de traitement médical du site.
Certains déplacés se sentent "abandonnés" à leur triste sort.
Le site des déplacés de l’aéroport de Bangui M'Poko reste aujourd'hui le camp de fortune le plus peuplé de la capitale.
Malgré le retour à l'ordre constitutionnel dans le pays, plus de 20 000 déplacés y vivent encore. La situation humanitaire se dégrade de plus en plus avec la saison pluvieuse.
"C'est un peu difficile pour nous, les déplacés, certains ont des problèmes de santé et, en cas de besoin d'intervention urgente, il y a deux problèmes", témoigne Évariste qui vit avec sa famille sur le site.
Sur le site, MSF est la seule ONG qui s'occupe de la prise en charge sanitaire des déplacés.
Dernièrement, l'organisation humanitaire a décidé de réduire la capacité de son service en se focalisant sur des cas jugés importants.
Le docteur Emmanuel Lampaert, chef de mission MSF Belgique explique la situation : "Nous avons de plus en plus des cas de paludisme, qui sont souvent des cas d'urgence, et pour se concentrer sur ces urgences et parce que nos moyens sont limités, nous avons voulu mettre un plafond au nombre de consultations par jour".
Les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes sont donc prioritaires. Les adultes, eux, qui ne sont pas touchés par le paludisme, sont envoyés vers d'autres structures de santé.
Ces déplacés pensent que les adultes sont abandonnés à leur triste sort. Ils appellent MSF à revoir sa méthode.
"Nous voulons que l'hôpital reste ici et que tout le monde puisse être soigné", a confié un badaud.
La situation alarmante dans laquelle vivent ces personnes affectées par la crise préoccupe aussi bien les humanitaires que les nouvelles autorités.
Dimanche, le maire de Bangui, Émile Gros-Raymond Nakombo s'est rendu à leurs chevets. "Il n'est jamais gai de voir des familles souffrir, qui ont déjà fui la mort et continue à vivre dans une situation difficile".