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Centrafrique: la police entre la peur et le courage, rackette et oublié leur rôle.
Publié le jeudi 30 juin 2016  |  Corbeau News
Centrafrique:
© Autre presse par DR
Centrafrique: la police entre la peur et le courage, rackette et oublié leur rôle.
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Depuis le rapt des six policiers lors d’un contrôle de routine au quartier Km5 de Bangui par un groupe des jeunes bien armé se réclamant du groupe d’auto-défense de ce même quartier, le métier de la police centrafricaine est désormais sous les radars des médias nationaux comme internationaux et sous acerbes critiques de quasiment tous les centrafricains. C’est l’occasion pour CNC de décrypter un peu comment nos policiers travaillent quand ils sont sur le terrain.
Créer il y’a plus de quarante ans, la Police Nationale Centrafricaine est à la fois l’élément protecteur et rançonneur du peuple centrafricain à tel point que les relations entre ce dernier et le service de la police ne sont jamais chaleureuses.
Dans les années 1970-1980, la police centrafricaine est classée parmi les meilleurs polices d’Afrique francophone que ça soit dans le domaine du maintien de l’ordre ou des renseignements, grâce aux moyens et volontés que les gouvernements d’alors avaient pour ce corps de métier. Mais, depuis ces deux dernières décennies, on assiste à une sorte de dépréciation sans précédente de toutes les ailes de la Police centrafricaine. En cause, le recrutement à base ethnique et partisane, le manque de formation et de la discipline des policiers en RCA si bien que, la plupart de nos policiers se fondent dans le racket de la population à toutes les échelles. De la Brigade jusqu’au poste de contrôle en passant par le Commissariat, le rançonnement de la population est placé comme objectif principal de nos policiers et les prétendants lorsqu’ils sont sur le terrain devant le maintien de l’ordre.
D’après une analyse réalisée par un Cabinet de recrutement basé à Bangui dans les année 2010-2012, la police est l’un des corps de métier ou tous les candidats au concours d’entrée ont tous dans leur neurone l’encrage d’un pouvoir pathogène de racket comme moyen de s’enrichir ou d’égaler leurs salaires à ceux des magistrats. Et une fois en fonction, la pratique de racket sur des usagers des services publics sous leurs autorités est érigée en règle déontologique du métier par la haute hiérarchie. L’on peut se souvenir du vol de téléphone portable d’un opposant lors de son arrestation par les policiers de l’OCRB il y’a 12 ans, vol opéré par le Directeur de l’institution lui-même qui faisait partie la mission commando et l’opposant a pu récupérer son téléphone grâce à l’intervention du Ministre de l’intérieur de l’époque. Ce genre de comportement qui n’est pas le seul d’ailleurs, dégrade l’image de notre police nationale et pousse les policiers à agir de même. « Dans une intervention, si le chef a peur de se servir avant, il revient à un doyen d’attacher le grelot », nous confie un Brigadier de police admis à la retraite et qui souhaite garde l’anonymat.
En plus de rançonnage qui dégrade le métier, un autre agent pathogène virulent, la peur, le rend inefficace et inhibe les policiers de nos jours à assumer leur missions régaliennes: la peur de mourir et de laisser derrière eux, femmes, copines et bière de 10 heures du matin après le racket des Taximen. « Si je meurs aujourd’hui, qui des autorités prendront soins de mes enfants ? » nous affirme, visage fermé, un Capitaine de la police. Il y’a deux semaines, j’ai même été confrontée à une situation inconfortable au quartier Km5 face à un individu drogué qui a sorti son couteau pour me poignarder suite à un banal accident de moto qu’il a lui-même provoqué devant une dizaine des policiers et gendarmes. Bizarrement aucun de ces policiers et gendarmes présents ne m’a portée secours malgré mon insistance et finalement c’est grâce aux jeunes commerçants présents que j’ai eu la vie sauve et pu récupérer ma moto.
À quoi servent finalement les policiers quand ils sont sur le terrain? Assister la population en danger en la protégeant ou fuir tout bonnement ce danger?
En tout cas, la Police Nationale Centrafricaine a besoin des réformes draconiennes, des formations musclées et d’équipements modernes pour être efficace dans leur travail. En plus, l’intérêt national doit primer sur l’intérêt personnel et le racket doit disparaître au profit des normes déontologiques universellement reconnues.

Gisèle MOLOMA.
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