Être Diplômé de l’Université de Bangui, c’est parcourir des étapes difficiles que certains appellent « Parcours de Combattant ». Si bien que sur 100 Étudiants inscrits en première année, seuls 20 peuvent obtenir un Diplôme du second cycle. Un taux d’échec alarmant et difficilement supportable par certains parents des étudiants qui se questionnent à juste titre sur la qualité de l’enseignent à l’Université de Bangui.
Autrefois considérée comme le joyau national, l’Université de Bangui qui devrait être rebaptisée « Université de Centrafrique » en raison de sa singularité, délivre, en moyenne, 1.000 Diplômes du second cycle universitaire. Ces Diplômes que beaucoup des centrafricains les surnomment « Diplômes à valiser » n’apportent peu ou rien en terme d’emploi à ses récipiendaires.
Pour un nouveau Bachelier, s’inscrire à l’Université de Bangui est synonyme du début d’un parcours de combattant d’autant plus que, pour certains Instituts et Facultés, l’admission au premier cycle se fait par concours et l’Etudiant doit débourser une forte somme d’argent non seulement pour constituer et réussir au dépôt de son dossier de candidature, mais aussi pour soudoyer les correcteurs et agents d’administration de la Faculté ou Institut concerné. Pour ceux qui ont choisi d’autres Facultés qui n’exigent aucun concours d’admission au premier cycle, ils doivent subir aussi les caprices des Doyens de ces Facultés. Une fois cette étape franchie et l’inscription faite, l’Etudiant aura devant lui une longue période trouble et sèche qui peut s’échelonner sur 5 à10 ans afin d’espérer d’avoir au moins un Diplôme du second cycle universitaire. Pour ceux qui n’arrivent pas à franchir la première ou deuxième année, ils doivent disparaître totalement dans la nature et refusent de ce fait de passer même devant l’Université. Ils sont nombreux dans ce cas ces 20 dernières années.
Pour un enseignant de l’Université de Bangui contacté par CNC dans le cadre cet reportage, la plupart des élèves qui arrivent pour la première fois à l’Université n’ont pas la base nécessaire à une formation universitaire. Et la cause principale d’échec d’un Étudiant se trouve à ce point d’autant plus que beaucoup des parents n’acceptent pas de voir leurs enfants redoublés que ça soit en primaire ou en secondaire même si le niveau de l’enfant est médiocre, a conclu cet enseignant. Par contre pour les Etudiants contactés, seul le niveau de l’Etudiant ne peut être à l’origine de son échec. D’ailleurs, les professeurs ont l’habitude d’inculquer aux étudiants dès première année que l’Université n’est pas faite pour les pauvres et ceux qui pensent qu’ils n’ont pas des moyens financiers, ils doivent retourner au quartier.
Les Professeurs commencent non seulement à démoraliser les Etudiants mais aussi vendre leurs cours sous forme des fascicules à ces derniers. Il faut aussi oublier les conditions dans lesquelles les Etudiants étudient: salle de classe bondée et non sonorisée, manque de bibliothèque, les étudiants se pointent derrière les fenêtres pour juste écouter les professeurs sans possibilité de prendre des notes. Pour un Étudiant en droit, l’une des principales causes d’échec à l’Université de Bangui c’est le conflit entre Professeurs et Etudiants. Une fois les Professeurs détectent une fille dans leur classe, celle-ci fera l’objet de convoitise sans précédent de ces derniers. Et si par malheur la fille rejette les avances reçues de ces Professeurs, elle sera sanctionnée quel que soit son niveau intellectuel. D’ailleurs, Certains Etudiants ont subi aussi le même sort lorsqu’ils tentent de faire amitié avec leurs collègues filles, a expliqué le jeune Étudiant en Droit.
En matière de corruption dans le milieu universitaire, tout le monde s’accorde à dire qu’elle bat son record et certaines de ses pratiques tentent à être légalisées par certaines facultés telles que le paiement par l’Etudiant des membres du jury de sa soutenances en espèce sans oublier les rançons exigées par son Directeur de mémoire.
Construite pour accueillir quelques 2.000 Etudiants il y’a 40 ans, l’Université de Bangui reçoit aujourd’hui près de 20 000 Etudiants, si bien que les salles des classes sont incroyablement bondées. Les bourses sont quasiment rares et le gouvernement ne se sent plus concerné par la vétusté de ces bâtiments qui se délabrent du jour en jour. Il faut noter que c’est grâce au Professeur Gaston Nguerekata dans les actions de ses précampagnes électorales il y’a deux ans que la salle informatique de cette Université a été connectée à Internet.
Gisèle MOLOMA.