Gouverner un pays sans un programme réel est une aventure ambigüe, dont l’issue conduit à une destination imprévue.
Gouverner un pays dont l’histoire est connue de tous n’est pas une mince affaire, surtout lorsqu’il s’agit d’un pays qui se nomme CENTRAFRIQUE, un pays habitué à des soubresauts violents, qui emportent tout sur leur passage.
Les soubresauts politiques que le CENTRAFRIQUE a essuyés depuis son accession à l’indépendance n’ont pas été le fait du peuple, mais ils ont été nourris par les germes de la mauvaise gouvernance initiée par les hommes politiques centrafricains, qui n’avaient pas compris que la politique, c’était avant tout s’occuper des affaires publiques, pour le bien du pays et du peuple tout entier.
Gouverner un pays, c’est avoir un projet de société qu’on veut bâtir et accepter l’existence de forces capables de penser et de dire les choses autrement. C’est dire que dans un pays où l’on veut instaurer une gouvernance potable et voir les choses aller dans la bonne direction, il faut un pouvoir réel, avec une opposition responsable.
M. TOUADERA, le peuple centrafricain vous a choisi pour gérer et conduire les affaires publiques de manière à lui donner satisfaction, pas votre satisfaction à vous et à ceux qui vous sont chers, mais la satisfaction du peuple dans son ensemble.
Vous arrivez à la tête de l’Etat à un moment où, plus qu’aucun autre Président avant vous, vous avez la chance de trouver un pays politiquement affaibli, à travers la déflagration des partis politiques traditionnels, qui ont eu avant vous la charge des affaires de ce pays. Vous avez là une chance inouïe, que vous risquez de dilapider en faisant les choses exactement comme vos prédécesseurs.
La chance que vous avez, c’est que vous pouvez dès maintenant inaugurer des réformes courageuses.
Ailleurs, certains de vos collègues africains, qui ont été portés au pouvoir en même temps que vous, ont commencé par annoncer la couleur de leur gouvernance, en ouvrant des pistes de réformes politiques et administratives.
Qu’attendez-vous pour le faire ?
Dans six mois, ce sera déjà trop tard, car tout le monde aura vu vos pas de danse, pour ne plus vous permettre de bouger. A quoi vous sert cette pléthore de conseillers que vous avez nommés et qui ne nous font pas voir, depuis qu’ils sont en poste, l’efficacité de leurs conseils, à part les nombreux déplacements que vous avez effectués à l’étranger, dans le domaine de la diplomatie ? Pourquoi les autres pans de la gouvernance sont-ils si muets ?
Avez-vous compris que vous ne pouvez pas gouverner un pays sans avoir derrière vous un parti politique qui vous soutienne ? A moins que l’obscure politique centrafricaine nous cache à nous, peuple, le parti qui vous soutient dans les coulisses ?
Pourquoi ne créez-vous pas votre propre parti, pour que s’alignent derrière vous les hommes qui partagent vos convictions ? Trouvez-vous normal qu’une déclaration de politique générale du Premier ministre recueille toutes les voix des députés sauf une ?
Créez votre parti et mettez, en collaboration avec l’Assemblée nationale, une plateforme de l’opposition, une opposition qui sera aussi subventionnée régulièrement par l’Etat, avec des devoirs à faire auprès des citoyens qui doivent s’imprégner des réalités politiques du pays.
Cela ne sera qu’à votre avantage, à l’avantage du pays aussi, bien entendu.
Certains diront que nous allons très vite en besogne, mais les réformes, ce n’est pas en fin de mandat qu’on les fait car les risques de trouble sont beaucoup plus importants, mais bien dans l’élan de l’élection présidentielle.
L’histoire de notre pays nous montre que les meilleurs conseillers ne sont pas ceux qui sont accrochés à la ceinture du chef de l’Etat, ils sont davantage parmi ceux qui critiquent et avancent des idées positives.
Bozize ne doit pas être en désaccord avec cette observation.
Bon vent à vous pour que le paquebot centrafricain navigue dans le calme et l’espérance sur les eaux de l’Oubangui.
Adolphe PAKOUA