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Regard sur les 100 premiers jours de la gouvernance Touadera une vue de l’université de Bangui
Publié le samedi 9 juillet 2016  |  Centrafrique Libre
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© Autre presse par DR
Le nouveau président centrafricain Faustin-Archange Touadera
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L’axe 7du projet de société du candidat Faustin Archange TOUADERA, au demeurant professionnel du secteur de production des connaissances, énonce : le meilleur devenir de notre pays dépend du capital humain que nous nous devons de nous doter. Aujourd’hui, soit 100 jours après la déclaration marquant la cérémonie de prestation de serment de l’actuel Président de la République, les analystes et spécialistes voire les critiques de tout bord doivent naturellement s’inviter à une rétrospective et une perspective de l’Etat Centrafricain à l’effet d’en mesurer les indicateurs de gouvernance politique et/ou institutionnelle pour en imaginer les scénarios possibles.

Rétrospective

Au plan national, si une division était apparue autour de la thèse de perception de la crise socio politique au travers d’un prisme sécuritaire, il convient de souligner que plusieurs éléments factuels irréfutables impliquent un accord irrévocable parmi les analystes : Le bilan de la crise de ces dernières décennies était à la fois préoccupant et interpellateur : les indicateurs économiques du pays étaient sérieusement dégradés. Un rapport du FMI mentionnait que le PIB a chuté de 36% en 2013, les recettes publiques réduites de moitié, l’inflation accrue passant de 5,9% en 2012 à 6,6% en 2013, le déficit des comptes courants chronique traduisant une balance des paiements plus que déficitaire. L’agriculture de rente, autrefois prospère en Centrafrique, avait périclité. L’espérance de vie a diminué, passant de 49 ans en 1985 à 48 ans en 2012, tandis que sur la même période, le revenu national brut par habitant est passé de 909 à 722 dollars.

Au plan de production des connaissances ou d’accumulation du capital humain, l’insécurité et la perturbation généralisée des différents indicateurs nationaux a provoqué la déliquescence du système éducatif et de formation par l’amortissement des structures et infrastructures, annulant ainsi au passage les prestigieux résultats enregistrés en 2009 par le gouvernement de l’époque qui autorisaient la République Centrafricaine à rejoindre le Partenariat Mondial pour l’Education.

Le processus actuel de reconstruction nationale se bute finalement à un problème crucial auquel devront faire face le Gouvernement que dirige le Premier Ministre Mathieu Simplice SARANDJI, et avec lui les acteurs et consommateurs du service pédagogique, les bailleurs et les investisseurs : L’importation de la main d’œuvre coûtera cher aux entreprises et à l’Etat, si bien qu’il est impératif d’élaborer et mettre en œuvre des programmes cohérents, de formation de nouveaux fonctionnaires et travailleurs dans les domaines de finance, d’économie, de statistique, de mathématiques, d’informatique, de (télé)communication, d’énergie, des travaux publics, d’administration, de santé et de sécurité.

Les 100 premiers jours de la gouvernance TOUADERA dans la rétrospective

Moins de trois semaines après sa prise de fonction, le Président TOUADERA a reçu une délégation d’enseignants et de chercheurs, conduite par le Professeur Abdoulaye SEPOU, Recteur de l’Université de Bangui, l’institution nationale de référence en matière de formation qualifiante qui a contribué à la formation de plusieurs cadres centrafricains. C’est l’occasion pour le nouveau Chef de l’Etat de lancer, tel pour un congrès scientifique, à l’élite intellectuelle centrafricaine, un vibrant appel à contributions pour apporter une réponse domestique efficiente face aux questions diverses de natures sociologique, scientifique, économique, sécuritaire, éducative, financière, politique, autour desquelles s’articule la grave crise de l’histoire de la nation. Le Président insiste alors sur la nécessité d’une réforme de l’offre pédagogique et l’urgence de la modernisation du cadre académique et de recherche.

Une illustration de l’intérêt que le Chef de l’Etat attache à la dimension universitaire de sa politique est donnée par son engagement, malgré ses lourdes charges présidentielles, à continuer à enseigner les mathématiques à la Faculté des sciences. Pour les étudiants et l’ensemble du personnel universitaire, cette disponibilité est une exemplarité au regard de la conjoncture actuelle que connait l’Université de Bangui et au-delà le pays tout entier.

Dans cette même projection et pour promouvoir l’excellence, le renforcement des capacités et le perfectionnement, le Président de la République a tenu à marquer symboliquement, au début du mois de juin et par sa présence, une cérémonie à la fois, de port de toge à six nouveaux docteurs dans diverses disciplines scientifiques, de présentation du premier professeur émérite de l’Université de Bangui, et de la remise de prix d’excellence aux meilleurs étudiants et étudiantes en sciences.

Une implémentation des orientations scientifiques du Chef de l’Etat, vis-à-vis des circonstances nationales, est aussitôt prise en charge par la Faculté des Sciences, son établissement de rattachement, qui s’est engagée à réaliser un projet intitulé « Transition vers le système LMD, révision des curricula et professionnalisation de la formation ». La Faculté des Sciences a organisé fin juin une importante manifestation scientifique dans le contexte de ce projet dont les objectifs consistent à apporter une contribution en vue de, l’accroissement de la productivité et de la rentabilité des entreprises locales, la prévention des conflits socio politique et sécuritaire par l’employabilité des jeunes, la réduction de la fracture numérique, ce qui aura pour corollaire d’inverser la courbe du chômage et contribuer à l’amélioration des indicateurs de l’économie de la connaissance.

En effet, le potentiel de création de valeurs de l’université de Bangui, quelquefois malheureusement ignoré du public, intègre son ouverture croissante à l’international via des accords de partenariat favorisant la mobilité des ressources humaines et la diffusion de la connaissance, le développement de son architecture de recherche : par exemple, le Laboratoire d’Hydrosciences Lavoisier (LHL) de la Faculté des Sciences, porteur de Labellisation Chaire Unesco pour la gestion de l’eau depuis avril 2008, est l’un fleurons de la recherche à l’Université de Bangui. Avec ses trois unités de formation et de recherche, le LHL, qui totalise plusieurs publications à travers des revues scientifiques internationales autorisées, travaille sur les procédés membranaires et couplage de procédés, la potabilisation domestique et le traitement des eaux, les eaux de surface et souterraine de Centrafrique.

En bref, ces activités académiques innovantes, conjuguées avec cette capacité de création de valeurs, s’inscrivent dans l’élan politique du Chef de l’Etat et évoquent justement le discours de prestation de serment du Président de la République : « Une autre dimension importante de la question concerne la professionnalisation de notre système éducatif. Cette mutation est nécessaire et elle sera entreprise pour qu’elle donne les résultats escomptés ».

Perspectives

Si le ratio des activités réalisées rapportées aux 100 premiers jours de gouvernance post transitionnelle est prometteur, cette tendance devrait selon toute vraisemblance se conforter dans la durée au plan de l’accumulation du stock humain, du savoir et du développement des connaissances. Un aperçu de cette tendance est donné par les statistiques relatives aux indicateurs de la science et de la technologie qui ont enregistré au 5 juin 2016 la réhabilitation des locaux de l’Institut Centrafricain de Recherche Agronomique (ICRA), rappelant ainsi un extrait du discours du Président sur la filière agricole : « j’instruirai le gouvernement d’engager très rapidement une étude de faisabilité sur la mise sur pied d’un centre de recherches agronomique pour les besoins de la relance et de la modernisation de notre agriculture »

Une telle tendance ne peut qu’être rassurante : la déclaration commune de 2003 des Académies des Sciences considère que « l’objectif d’assurer une amélioration durable des standards de vie des pays est extrêmement complexe et doit être abordé par des scientifiques en liaison avec des économistes, des spécialistes des sciences sociales et d’autres experts dans le champ du développement ».



Si les déclarations politiques en faveur des conditions de vie de nos concitoyens se veulent davantage plus fortes et consistantes, si elles n’ont la vocation d’être sans effet sur le lendemain, cela implique donc de réaliser l’ancrage et un épanouissement constants des indicateurs de l’économie de la connaissance. Les indicateurs de diffusion des TIC, les conditions de publications scientifiques, les structures et infrastructures universitaires, la gouvernance universitaire, sont autant de questions qui requièrent une délibération du Conseil d’administration de l’Université de Bangui et une attention soutenue du Gouvernement.

Enfin, le stock du capital humain est indispensable dans le processus du retour à une stabilité pérenne en République centrafricaine, entendu que « si la science, la technologie et l’esprit d’innovation ne sont pas inclus dans le développement, il est à craindre que les ambitions pour l’Afrique échoueront ».

Docteur Ernest MADA
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