La sanglante crise centrafricaine qui ne cesse d’endeuiller les innocentes familles amorce sa cinquième année et la souffrance du peuple est loin de connaître son terme. On nous clamait haut et fort que le retour de l’ordre constitutionnel sonnerait la fin de la récréation. La fragile couche sécuritaire et les droits de l’homme se dégradent graduellement au point de mettre en doute la capacité des nouvelles autorités à gérer le pays. Nous nous permettons de proclamer d’ores déjà et cela à quelques heures près que le bilan des cent jours du gouvernement est chaotique et ne répond pas aux attentes de la population. Le retour de l’ordre constitutionnel et la présence des forces internationales sous le label des Nations Unies n’ont pu résoudre la crise centrafricaine.
Cette situation incompréhensible nous amène à chercher les raisons de cette crise dans des paramètres exogènes. Nous estimons que le President de la République doit prendre ses responsabilités en faisant table rase de tout ce qui existe. Nous proposons à cet effet, une réforme profonde de la loi fondamentale. Il faut remettre en cause et questionner les fondements de notre existence. Notre jeune constitution a besoin des avancées significatives pour répondre aux défis sécuritaires et à la dégradation galopante des droits de l’homme. Pourquoi le pays ne changerait-il pas de dénomination ? Et dans le même ordre d’idée de drapeau ? Concernant la dénomination de « Centrafrique », de nombreuses études ont confirmé et nous mettons les historiens au défi que notre chère patrie n’est pas au centre de l’Afrique. Les calculs géographiques et topographiques ont confirmé cette thèse. La vision du President fondateur Barthélémy Boganda était de faire de la Centrafrique la capitale des États Unis d’Afrique. Dès lors que son projet n’a pas abouti, notre nation doit reprendre son appellation d’origine c’est à dire « Oubangui-chari » qui fut un territoire crée par décret du 29 décembre 1903 portant organisation du Congo français et dépendances. Certains Etats africains ont déjà connu des changements de noms tels que l’ancienne Haute-Volta devenue Burkina Faso et l’ancien Dahomey devenu le Bénin. Ces Etats ont prospéré économiquement, politiquement et surtout ont capitaliser en culture démocratique. Le drapeau centrafricain peut aussi connaître le même sort. Ce drapeau a été adopté lors d’une session de l’assemblée législative le 01 décembre 1958. Il est la résultante de la combinaison du drapeau français ( bleu, blanc, rouge ) avec les couleurs panafricaines ( vert, jaune, rouge ). Ce drapeau a été conçu dans l’optique de faire de la Centrafrique la capitale de l’Afrique Équatoriale Française ( AEF ). Mais pourquoi les couleurs qui représentent les richesses de l’Afrique centrale sont barrées de rouge ? Le rouge symbolisant versé dans la lutte pour les indépendances.
Le rouge qui représente le sang a des explications sataniques, une malédiction et ce sang coulera à dessein pour des besoins de la cause pour spolier nos richesses. Le President fondateur était un héros certes, mais nous pensons que ses prétentions sont obsolètes, désuets et non cohérents avec le contexte socio-politique actuel. Dépassés par les événements, certains centrafricains disent ironiquement qu’il faut vendre le pays et partager l’argent, d’autres proposent de le brûler, le mettre en jachère et de repartir à zéro. Ces différents comportements démontrent la prise de conscience et une préoccupation de la problématique. Par ailleurs, il semblerait que le guide de la rupture, polygame de son état, est un diacre dans une église de la place. Il a dû certainement entendre le message de Dieu calqué sur le modèle de Nehemie pour reconstruire la muraille de Jérusalem. Dans cette formule imagée proclamée par les saintes écritures, Nehemie avait reçu une mission divine pour reconstruire la muraille de Jérusalem contre vents et marées pour mettre la population à l’abri de l’inssécurité.Cette même mission est confiée aujourd’hui au President de la République par le peuple à travers le suffrage universel. Les ennemis de la Centrafrique et de la paix sont nombreux avec des manoeuvres diverses et variées mais le guide de la rupture doit faire face avec une nouvelle équipe gouvernementale pour y répondre comme Nehemie et les juifs le firent : on ne peut pas reconstruire une nation avec les personnalités qui ont contribué à sa destruction. Il est vrai qu’un remaniement gouvernemental après trois mois d’exercice est un aveu d’échec mais l’intérêt supérieur de la nation doit primer. Nous n’avons pas la prétention de détenir le monopole de la vérité absolue mais nous testons des pistes exogènes à la crise pour reconstruire notre chère patrie. Mais attention ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 08 Juillet 2016.
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections