Le retour et la relocalisation des personnes déplacées du site de l’aéroport M’Poko étaient au centre des discussions entre la ministre des Affaires sociales et de la Réconciliation nationale, Virginie Baïkoua et les partenaires humanitaires représentés par Etien Kouassi Lazare, représentant résident UNHCR. La réunion a eu lieu ce lundi, 11 juillet dans la salle de conférence du centre de la mère et de l’enfant à Bangui. L’objectif est la validation du projet de retour et la relocalisation de ces personnes déplacées dans un autre site bien amélioré pour ceux qui ne veulent pas regagner leurs maisons et aider ceux qui veulent retourner dans leurs maisons respectives.
Les deux personnalités notamment la ministre et le représentant UNHCR ont accepté de répondre à nos questions à la fin de cet échange.
Monsieur Etienne, bonjour ! Pouvez-vous nous situer sur l’objet de cet échange ?
Nous sommes venus à l’invitation du ministère des Affaires sociales pour discuter du projet de retour et de la relocalisation des personnes déplacées qui sont sur le site de l’aéroport M’Poko.
Nous avons échangé là-dessus et on est tombé d’accord sur le chronogramme des activités à mener. Nous pensons qu’il est très important d’assoir un plan de communication pour aller vers les personnes concernées, pour obtenir leur adhésion volontaire. Évidemment pour le retour des personnes déplacées dans leurs quartiers, il y a un préalable. C’est cela qu’il faut faire le profilage. Il faut qu’on sache qui est là, d’abord le nombre et aussi les aspects sociaux pour qu’on puisse apporter la meilleur réponse. Et comme je le disais en amant il faut donc sécuriser ces quartiers de retour pour donner effectivement confiance aux personnes déplacées.
Pourquoi d’abord le choix du site de l’aéroport M’Poko alors qu’il y a d’autres sites dans le pays ? Qu’en dites-vous de ceux qui ont trouvé refuge à l’étranger ?
Oui, cela a été aussi l’un de mes propos qu’il faut effectivement se féliciter de la création, qui sera fait prochainement par décret, de la mise en place d’un comité stratégique qui va chapeauter un comité technique. Ce comité va travailler sur cette problématique de retour et de localisation des personnes déplacées internes.
Vous êtes d’accord avec moi qu’un aéroport c’est la vitrine du pays. C’est le premier point de contact avec l’extérieur. Donc nous commençons d’abord par là. Je ne dis pas que l’action se limitera seulement à M’Poko, non. Après ce site, on va toucher aux autres régions. Mais quand on parle de retour chez soi, dans des zones qui sont sécurisées. Vous êtes d’accord avec moi qu’à l’intérieur tous les endroits ne sont pas sécurisés. Donc crois qu’il ne faut pas se hâter, il faut aller doucement. Il faut aller pas à pas en s’assurant qu’on met en place les bonnes actions parce qu’il n’est pas question de pousser les gens vers l’inconnu.
Ne pensez-vous pas que le travail traine ?
Ça traine de la part de qui ? E de la faute de qui ? Voyez-vous, la communauté internationale est ici pour aider le gouvernement. Et je suis heureux d’une chose : le gouvernement a la vision. D’après les échanges que nous avions eu avec les autorités de ce pays, elles savent où exactement elles veulent aller. Et ça, c’est déjà un avantage. C’est ensemble maintenant que nous allons travailler. Mais pour la Centrafrique qui est secouée même dans ses fondations, ce n’est pas facile de mener des activités. C’est pour cela que je disais qu’il faut qu’on se donne le temps d’aller lentement et surement.
Quelles sont les actions qui vont accompagner le retour de ces personnes déplacées dans leurs quartiers respectifs ?
Il faut faire le profilage. Cela va nous permettre de connaitre réellement ces personnes, ces problèmes etc. C’est par rapport à cela qu’on peut définir les actions en matière des réponses. C’est le profilage qui déterminera ce qu’il y aura à faire.
Avec la ministre des Affaires sociales
Madame la ministre, vous venez de présider une réunion avec les partenaires humanitaires sur le retour et la relocalisation des personnes déplacées internes. Que peut-on retenir ?
Effectivement, c’est notre réunion de travail avec les partenaires humanitaires dans le cadre des personnes déplacées du site M’Poko. Aujourd’hui, c’est le comité technique, sous ma supervision, qui s’est réuni pour valider le projet de retour et valider le chronogramme que nous avons mis en place et commencer le travail sur le retour des personnes déplacées du site M’Poko.
Ne pensez-vous pas que cela traine quelque part ?
Non ! Ça ne traine pas, vous savez, le retour et la relocalisation des personnes déplacées n’est pas une mince affaire. Il y a beaucoup de poids à prendre en compte. On ne va pas prendre des gens et les poser quelque part comme ça. Il faut d’abord voir dans quelle condition ils sont actuellement, les conditions de retour, les quartiers de retour. Et si nous ne prenons pas en compte toutes ces choses, nous allons manquer le retour parce que les déplacés internes ont des droits, dans le cas de retour, on doit les respecter. Ils doivent retourner dans la dignité. Déjà ils ont perdu en étant sur ce site. Alors il faut les ramener encore comme ça dans une situation plus grave ou encore pas adaptée par rapport à celle dans laquelle ils se trouvent ? Je ne pense pas.
Le but de cette réunion est de voir tout le contour et de s’assurer des questions sécuritaires, de s’assurer de l’accompagnement. C’est de savoir qui va dans quel quartier, qui va être pris en charge dans tel domaine. C’est cela que nous sommes en train de voir en ce moment. Une fois que nous allons nous mettre d’accords avec nos partenaires humanitaires, nous allons faire une décente sur le terrain. D’abord il y a un profilage qui est prévu sans tarder pour confirmer les données que nous avons, et une fois qu’on aura les données nous allons déclencher les activités de retour dans les quartiers déjà sûr.
Et ceux qui sont réfugiés dans des pays voisins ou à l’étranger alors ?
Pour ceux-là, une mission partira très bientôt pour aller aussi les voir, échanger avec eux dans le même cadre. Vous le savez, dans ce travail de retour des personnes déplacées en général, il faut dialoguer avec elles. Il n’y a que le dialogue qui peut faciliter ce retour. Si on n’échange pas avec ces personnes, on ne peut pas connaitre leurs besoins. On ne peut pas avancer sur le projet. On doit se mettre ensemble et d’accord sur les activités à mener. C’est cela que nous faisons cette réunion parce que nous voulons nous rassurer, avoir tous les éléments en main pour réussir cette activité. C’est important parce que nous avons d’autres sites, des déplacés de provinces qui attendent aussi qu’on s’occupe d’eux.
Sources: Ministère des Affaires sociales