Lors de son discours d’investiture, l’élu de la nation centrafricaine a annoncé la politique de la rupture comme mode de gestion et a défini des priorités qui se résument en quatre points importants : d’abord le désarmement et le retour des réfugiés, déplacés, ensuite le rétablissement urgent de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, la relance économique et enfin la lutte contre la corruption. Comme il est de tradition dans les nouvelles démocraties africaines, les cent premiers jours qui correspondent au 1/18ème du mandat sont importants et permettent d’évaluer à mi parcours la politique du nouveau locataire du palais de la renaissance et d’en faire une projection sur la durée totale du mandat. Ainsi, les premières décisions, les premiers choix des collaborateurs et le choix de politiques sont déterminants pour cet exercice. Il est vrai que 100 jours, c’est peu pour régler tous les problèmes mais suffisant pour définir des priorités vitales. A l’occasion, un secrétariat politique a été préalablement mis en place et était chargé de définir les actions à mettre à jour après l’investiture. La feuille de route gouvernementale est surtout marquée par une lenteur décevante qui donne l’impression que le gouvernement est en perdition et manque de repères. En un trimestre, certains départements ministériels ont connu des progrès significatifs mais noyés par la fragilité de la situation sécuritaire. C’est ainsi que des avancées considérables ont été enregistrées au niveau des finances et de la diplomatie.
Par contre des zones d’ombres sont encore visibles en ce qui concerne le désarmement, la sécurisation du territoire, les retours et indemnisations des réfugiés et déplacés, la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. Nous relèverons aussi au passage des nominations ethniques, partisanes et amicales qui ne riment pas avec la philosophie de rupture tant prônée par le President de la République. En dépit du fait que notre chère patrie est sous tutelle, pris en otage et occupé militairement par les forces internationales avec le jeu confus et ambigu de la communauté internationale, des efforts émanants du gouvernement ont été consentis mais les actions sont invisibles et illisibles. Nous espérons que ces efforts produiront à court terme les effets escomptés. En conséquence de cause, le bilan des cent jours du President Touadera est mitigé et donne l’image d’un verre à moitié plein et à moitié vide. Tout dépend de l’angle de vue et de sa position géographique. Ainsi, le trimestre est loin de répondre à la préoccupation de la population et le gouvernement se contente de l’autosatisfaction.
Fort de ce qui précède et dans le souci de reconstruire notre chère patrie, nous invitons le peuple centrafricain à la patience, à renouveler leur confiance au gouvernement, et à soutenir les grandes réformes envisagées par le President de la République. Cet éventuel arsenal juridique et législatif cumulé avec le soutien et la confiance du peuple aiguillera notre pays sur le chemin de l’espérance. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 15 Juillet 2014
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections