Ce n’est plus un secret pour personne, tout le monde sait, la Mission onusienne en Centrafrique (MINUSCA) prouve son incapacité à stabiliser le pays. C’est malheureusement un aveu d’incompétence qui reflète la mission onusienne dans ce pays en proie à des violences quotidiennes des groupes armés, alors que les résolutions du Conseil de Sécurité sont claires et ne devraient soufrer d’aucune interprétation contraire à réalité centrafricaine.
Rien n’est de rassurant sur la présence de la Minusca en Centrafrique, alors que les différentes Résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies donne tout le pouvoir à la Minusca d’exécuter son mandat étant de protéger la population civile, appuyer le processus politique, appuyer l’extension de l’autorité de l’Etat du maintien de l’intégrité territorial et de soutenir l’action humanitaire. Il faut le rappeler, la Résolution 2217, de 2015, Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 7434ème séance, le 28 avril 2015, dans son paragraphe 31, « autorise la MINUSCA à user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans les limites de ses capacités et de ces zones de déploiement». Force est de constater avec désolation et consternation que le mandat de la Mission onusienne à Bangui souffre de son application.
Protection des civils, une désolation
Cette Résolution 2217 définie clairement les priorités du mandat de la Minusca. Le 32ème paragraphe de ladite résolution décide que le mandat de la MINUSCA comporte les tâches prioritaires urgentes. Il s’agit d’abord, de la protection des civils, protéger, sans préjudice de la responsabilité principale des autorités, la population civile du risque d’atteinte à l’intégrité physique, dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement, notamment grâce à des patrouilles actives, et réduire les risques que les opérations militaires représentent pour les civils.
Ensuite, accorder une protection particulière aux femmes et aux enfants touchés par le conflit armé, notamment en déployant des conseillers pour la protection de l’enfance, des conseillers pour la protection des femmes et des conseillers pour la problématique hommes-femmes. Mais visiblement, les enfants et les femmes sont des personnes les plus touchées par les conflits dans le pays, alors que la présence des forces onusiennes devrait leur éviter le calvaire.
Tout laisse croire que les dispositifs mentionnés dans cette résolution sont encore loin d’être appliqués par ceux qui viennent au nom de la mission des Nations Unies dans le pays. Ensuite, la priorité de son mandat est de recenser et constater les menaces et les attaques contre la population civile, notamment en entretenant des contacts réguliers avec elle et en collaborant étroitement avec les organismes humanitaires et de défense des droits de l’homme. Reste à savoir si la Minusca s’inscrit convenablement dans cette dynamique de la protection des civiles lorsqu’on sait que les populations civiles sont les principales victimes d’attaques des groupes armés.
Il s’agit également d’offrir ses bons offices et un appui politique aux efforts visant à s’attaquer aux causes profondes du conflit et à instaurer durablement la paix et la sécurité en République centrafricaine, d’apporter un soutien adéquat, en coordination avec les autorités nationales, et compte tenu des risques sur le terrain, pour que soit assurée la sécurité des principales parties prenantes nationales.
La résolution oblige la MInusca à aider les autorités élues, dans le cadre des processus nationaux et locaux de médiation et de réconciliation, en coopération avec les organismes régionaux et locaux compétents et les chefs religieux, notamment par le biais d’un dialogue national ouvert à tous, de la justice transitionnelle et de mécanismes de règlement des conflits, tout en assurant la participation pleine et effective des femmes; v) Définir, coordonner et fournir l’assistance technique, logistique et en matière de sécurité nécessaire
Le médecin après la mort
Passant à côté de la résolution, tout ce que la Minusca sait faire sur la situation sécuritaire en Centrafrique, c’est d’intervenir après les dégâts pour déplorer et compter les morts, dresse des rapports sur les bilans. La passivité de la Minusca à intervenir pour empêcher le bain de sang, ne fait que perpétuer les le climat d’insécurité dans le pays. Connaissant les limites des forces internationales qui pactisent aussi avec les forces non conventionnelles dans le pays, les groupes armés s’érigent en maître sur le terrain. Le territoire centrafricain est morcelé entre les groupes armés depuis les débuts de la crise en dépit de la présence des forces internationales. La fameuse «mesure de confiance » inventée pour se passer à côté de la Résolution 2127 demandant à la Minusca de désarmer les groupes armés et protéger les civils, n’a pas son sens d’être aujourd’hui. Cette mesure n’a jamais contraint ces groupes qui, visiblement, ne sont pas prêts à cesser les hostilités.
La souveraineté nationale a pris un coup
La protection des populations civiles telle que définie dans les différentes Résolutions du Conseil de Sécurité est détournée au profit de la protection des hautes autorités centrafricaines. Or le rôle de la garde prétorienne revient aux forces de défense de sécurité intérieure car il s’agit bien de la souveraineté de l’Etat centrafricain qui est en jeu. Comment comprendre qu’un président démocratiquement élu par son peuple continue d’être escorté par une force étrangère. « Un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d’hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie», disait l’ex président Burkinabé Thomas Sankara.
Le fameux embargo sur les armes à destination de la République Centrafricaine ne fait que nourrir l’insécurité dans le pays. Parmi les priorités des priorités, la levée d’embargo apparait comme un défi à relever pour les autorités centrafricaines issues des urnes permettant de réarmer les forces nationales capables d’éradiquer les groupes armés et protéger l’ensemble du territoire national.
« Le gros frein, c’est l’embargo sur les armes. Il doit impérativement être assoupli. À ce stade, il y a même des formations auxquelles nos militaires ne peuvent avoir accès. L’État étant sans moyens de contrainte, plusieurs acteurs sécuritaires émergents dans l’informel, pour leur propre protection. Le secteur sécuritaire est en friche », s’insurge le ministre de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, Jean Serge Bokassa.
Aujourd’hui, les grands bandits, les criminels sont libres de leur circulation dans le pays sans être inquiétés, alors que les victimes souffrent encore et que l’impunité ne fait que nourrir les crimes. « Des mandats d’arrêt ont été remis aux partenaires pour nous aider à mettre la main sur ces criminels potentiels qui n’ont de cesse que de tuer. Mais rien n’a été fait. Nous avons des hommes prêts à aller sur le terrain pour défendre la population, mais les opportunités ne nous sont pas offertes par qui de droit. Que faire? », a déploré le ministre de la Sécurité Publique qui ne cesse de porter la responsabilité de l’évolution de l’insécurité sur la Minusca et autres forces internationales en Centrafrique.
Décidément, la Minusca prouve ses limites faces aux agitations des groupes qui continuent de défier l’autorité de l’Etat. Cela nous rappelle le cas de la Minusco, la Mission onusienne en République Démocratique du Congo (RDC), qui n’applique son mandant amenant le gouvernement congolais d’exiger son départ du sol congolais. En Centrafrique, entre la Minusca et les groupes armés, c’est un jeu de chat et la souris. Cette situation doit interpeller le gouvernement centrafricain à revoir le mandant des forces internationales dans le pays tout en ouvrant une ouverture diplomatique à d’autres pays des puissances mondiales sur les accords de défense.