BANGUI—Le retour des déplacés et réfugiés centrafricains constitue un défi pour les autorités issues des élections en Centrafrique. L’on s’interroge aujourd’hui sur le blocage qu’il ya dans le processus.
Les sites des déplacés, une vieille réalité pour la RCA a réapparu avec l’offensive de la Séléka en fin 2012. Dans les villes attaquées par la Séléka entre décembre 2012 et mars 2013, plusieurs personnes ont trouvé refuge dans des églises et des endroits publics considérés comme sécurisant.
Le phénomène a atteint Bangui avec le coup d’Etat du 24 mars 2013 mais il s’est accentué après l’attaque de Bangui par les Anti-Balaka le 05 décembre 2013.
Les choses n’ont pas évolué sous la transition puisqu’au sortir de ce processus politique, près de 900.000 personnes vivent soit hors de leur ville ou domicile soit hors du pays.
Le dossier des réfugiés et des déplacés devient ainsi un véritable défi pour les institutions issues des élections de janvier et février 2016. Lors de son investiture, Faustin Archange Touadera a posé la question du retour des réfugiés et des déplacés comme l’un de ses priorités. Cent jours après, les lignes n’ont pas bougé. Selon les dernières données du HCR, prêt d’un millions de Centrafricains ont fui soit leur pays ou leurs domiciles.
La ministre des Affaires Sociales et des actions humanitaires évoque un plan de retour soigneusement préparé par le gouvernement pour faciliter le retour des déplacés et des réfugiés dans des conditions acceptables. Deux structures notamment un comité stratégique et technique de retour sont créées et dirigées respectivement par le chef de l’Etat et la ministre des Affaires Sociales, Virginie Mbaikoua.
Il est certes vrai qu’il ya un plan qui existe et surtout une volonté qui s’exprime mais ces éléments à eux seuls ne suffisent pas pour déclencher le processus du retour des déplacés et des réfugiés qui, selon l’accord de Kampala est basé sur le volontariat. Il faut plus que cela, plus que la parole c’est-à-dire des actes.
Il faut rappeler que le retour des déplacés et des réfugiés est l’un des dossiers qui a visiblement dépassé la transition qui a tenté sans jamais y arriver. C’est en cela qu’il constitue un défi pour les autorités actuelles et les humanitaires.
Il faut aujourd’hui que le gouvernement crée une certaine synergie autour de la question pour espérer relever ce défi car, même si cela n’est pas dit tout haut, les divergences de point de vus et surtout de plan sont criardes entre le gouvernement et les humanitaires. C’est le premier réglage à faire. Sans une harmonie, il ne sera pas possible.
En second lieu, le gouvernement doit arriver à sortir de la théorie pour aller vers la pratique car ce n’est pas dans les comités qu’on pourra arriver à relever ce défi mais sur le terrain et avec les déplacés et les réfugiés. Comme disait un penseur de notre siècle, « ce qui se fait pour moi sans moi est contre moi », alors sur la question, il faut une forte implication des personnes concernées qui ont besoin de s’approprier le processus. La stratégie doit être horizontale et non verticale comme elle semble l’être aujourd’hui.
Il va falloir évoluer vers l’accord du retour des réfugiés attendu entre la RCA et les pays limitrophes où vivent les Centrafricains. Mais au-delà des propositions aussi judicieuses que les uns et les autres peuvent faire sur la question, la question fondamentale est celle de la sécurité. Que le gouvernement et la Minusca sécurisent le pays, une fois ce préalable acquis, le retour se fera ad libitum comme diraient les latins parce que c’est ce que attendent les réfugiés et les déplacés centrafricains. C’est pourquoi, nous disons avec la sécurité, il n’y aura pas besoins de gros moyens pour que nos réfugiés et déplacés regagnent chez eux./ Sylvestre Sokambi et Fridolin Ngoulou