Le développement doit commencer à base. Un document de référence sur le développement de la sous-préfecture de Boali a été présenté le 22 juillet 2016 à l’Hôtel Ledger Plazza à Bangui, au gouvernement et partenaires au développement. Présenté par Bertin Bea, député de la sous-préfecture de Boali, ce document permet de faire un plaidoyer auprès des bailleurs pour une mise en œuvre du plan stratégique de développement de sa circonscription.
Ce document de plaidoyer fait suite une Journée d’Informations et d’Echanges pour la réduction de la pauvreté dans la sous-préfecture de Boali qui s’est tenue le 2 juillet 2016 à Boali, préfecture de l’Ombella M’Poko, sur le thème : « Atouts, Contraintes au Développement et Réduction de la Pauvreté dans la Sous-Préfecture de BOALI. Intitulé « Plaidoyer pour la Réduction de la Pauvreté dans la Sous-Préfecture de BOALI », ce document final est le résultat d’une approche participative qui a donné l’occasion à des Universitaires, des cadres, des ONG locales et aux notables de cette localité de procéder à l’identification, sans complaisance, des nombreux freins à son émancipation en dépit des atouts dont elle dispose au nombre desquels l’on peut notamment citer : richesse touristique, bon état de route bitumée, proximité avec la capitale, importants indices miniers, absence de risques sismiques d’après les géologues, bonne pluviométrie, important potentiel hydrographique et hydro-électrique.
A l’instar de l’ensemble du territoire centrafricain, la sous-préfecture de Boali a été lourdement frappée par les récents évènements survenus dans le pays depuis le 10 décembre 2012. Ces évènements ont occasionné la destruction de tissu social, les communautés endeuillées, les activités économiques, sociales et éducatives amplement ralenties et les groupes armés continuent de sillonner certaines parties isolées de la sous-préfecture. Après les élections groupées ayant permis le retour à l’ordre constitutionnelle, un retour progressif de la sécurité notamment est perceptible grâce à l’action conjuguée du gouvernement, des leaders d’opinion locaux dont le député de la circonscription de Boali ainsi que des forces internationales. Le tissu socioéconomique et la cohésion sociale ont été mis à mal du fait de la crise.
A Boali particulièrement, cela s’est soldé par le départ de l’intégralité de la population musulmane. Toute la population peuhle, connue pour sa pratique de l’élevage et de la pêche et du commerce des poissons tilapias le long de la route menant à Bangui, notamment au village Boyali, a aujourd’hui quitté la localité. Il ne demeure à ce jour quelques musulmans régulièrement établis dans la sous-préfecture, même si on a observé ces temps-ci une volonté de retour manifestée par la communauté musulmane.
Sur le plan éducatif
A la suite de la crise militaro-politique, on note que la plupart des établissements scolaires, surtout en province, restent encore fermés malgré la date fixée pour la reprise des classes. Les écoles ont été soit pillées, occupées, endommagées par les balles et obus durant la crise. Dans le document de plaidoyer, il est urgent de soutenir la reprise des activités éducatives à travers la réhabilitation des écoles et des cantines endommagées ou détruites, le remplacement du mobilier dans les établissements qui ont été pillés, la fourniture de matériels d’enseignement et d’apprentissage aux communautés les plus vulnérables et aux écoles où le taux de scolarisation est faible.
En 2014, on comptait en moyenne 79 élèves par classe à Boali pour un effectif de 8 élèves par table-banc. Sur un global de 73 salles de classes, on comptait 5838 places en tables-bancs. Ces conditions ont particulièrement renforcé le taux de déperdition scolaire à Boali. Les jeunes hommes se sont quant à eux tournés vers des activités lucratives tandis que les jeunes filles ont pour la plupart enfanté ou se sont mariées dans le but d’alléger les charges pesant sur les familles.
Sur le plan sanitaire
La plupart des formations sanitaires tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays ont cessé, de fonctionner. Sur environ 700 formations sanitaires que compte le pays, 300 seulement sont en mesure de fonctionner avec un manque de médicaments essentiels et de matériel médical. La sous-préfecture de Boali n’est pas en reste. Elle a été durement frappée par la crise et les quelques équipements ont fait l’objet de destruction ou de pillage. Les médecins, déjà peu nombreux avant la crise, hésitent à regagner leur poste d’affectation en province en général et à Boali en particulier où l’on comptait, en 2014, 1 seul médecin et 2 infirmiers diplômés d’Etat pour l’ensemble de la sous-préfecture. La seule sage-femme diplômée d’Etat ou encore l’unique assistante accoucheuse rencontrent bien des difficultés dans l’assistance aux femmes enceintes. On note toutefois l’offre de quelques soins d’urgence faite par un personnel à l’effectif très réduit avec l’appui des ONG médicales.
Sur le plan alimentaire
Au plan alimentaire, la crise a engendré comme conséquences immédiates la recrudescence de la famine, de la malnutrition et la propagation des maladies au sein de la population et particulièrement des groupes vulnérables. Les prix des produits alimentaires ont fortement augmenté depuis le début de la crise. Des stocks de produits agricoles ainsi que du bétail ont été pillés, entraînant la réduction de la capacité de production des ménages. En outre, les populations les plus vulnérables n’ont plus accès aux denrées de base sur les marchés du fait de leurs prix élevés consécutifs aux difficultés d’approvisionnement. La perturbation, par exemple, de la principale voie de communication Bangui-Douala a entraîné de facto la rareté de certains produits de première nécessité. Toutefois, il y a eu au cours de l’année 2015 et depuis la tenue des élections une nette amélioration à ce niveau.
Compte tenu de la consommation des semences par certains ménages, de l’insécurité qui a limité l’accès des ménages à leurs champs et l’excès des pillages sur les outils et donc les capacités de production, les perspectives de production agricole restent incertaines. Les entraves au développement de la sous-préfecture de Boali sont nombreuses et certaines qui, pour la plupart sont liées aux récents évènements.
«Concevoir des pôles de développement hors du cadre de la déconcentration et de la décentralisation, c’est tenir des discours sans contenus », a souligné MBOE Dédé-Vianney, président du Présidium de l’atelier. D’après lui, la déconcentration et de la décentralisation sont des techniques administratives qui obligent l’État central, dans tous les cas, à définir les transferts de ressources nécessaires à la gestion de nos localités. C’est pourquoi, au titre de la recherche des financements, diverses actions ciblées par l’atelier, seront à entreprendre à trois niveaux à savoir du pouvoir exécutif, pour les choix des partenaires, du parlement pour l’élaboration des lois favorisant les actions de développement, et des communes pour les réalisations.
« Dépourvu de ressources adéquates, l’Elu de la circonscription de BOALI que je suis, entend rechercher les sources de financement, à travers un lobbying, auprès des partenaires technique et financier de notre pays et du Gouvernement. C’est d’ailleurs l’occasion de dire ici et maintenant l’espoir que je fonde de voir plus particulièrement le Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération intégrer le présent plaidoyer dans la trame des sujets à débattre lors de la prochaine Table Ronde des Bailleurs et Partenaires de la RCA qui aura lieu à Bruxelles en novembre prochain », a déclaré Bertin Bea, député de la sous-préfecture de Boali.