Boy-Rabe et Km5, deux quartiers de Bangui qui se ressemblent étrangement depuis le déclenchement de cette crise en 2013. Le premier situé dans le quatrième arrondissement de Bangui et couvre une superficie d’environ 6 km carrés, le second dans le 3e arrondissement et plus petit que le premier avec 3 km carrés ont une ressemblance commune d’hébergement de la plus grosse partie des criminels de guerre en toute sécurité et sans aucune inquiétude vis-à-vis de la justice centrafricaine au point que, certaines mauvaises langues parlent de deux pays encastrés dans un pays.
Autrefois appelé « quartier rouge de Bangui » dans les années 1970 en raison du foyer de contestations des différents régimes qu’il héberge depuis l’Empire centrafricain jusqu’à l’arrivée du Général François BOZIZÉ au pouvoir en 2003, le quartier Boy-Rabe, situé dans le 4e arrondissement de Bangui, est devenu au fil des ans, une zone de non droit où le gouvernement, pour ne pas dire l’Etat Centrafricain, ne dispose aucune autorité politique, judiciaire et administrative. Et ce, pendant des décennies sans que cette autonomie ne soit contestée par les différents régimes qui se sont succédés depuis 1970.
Vers la fin de l’année 2013, un autre quartier de Bangui situé à un peu plus de 4 km à l’Est du quartier Boy-Rabe s’ajoute à la liste des quartiers les plus dangereux de Centrafrique. Ce quartier, c’est Km5 de Bangui. Contrairement au quartier Boy-Rabe, Km5 avant 2012 est l’un des quartiers de Bangui les plus populaires où on y trouve tout. Des commerces jusqu’aux bars-restaurants, le quartier Km5 se distingue des autres par son caractère économique. Avec la prise du pouvoir de la Séléka fin mars 2013 et l’apparition de la milice Anti-Balaka en décembre 2013, le quartier Km5 se transforme petit à petit à une zone militarisée et de non droit. Certains musulmans qui fuyaient le massacre perpétré par les Anti-Balaka sur eux, s’étaient regroupés tous dans ce quartier de Km5. Les Séléka de Bangui avaient trouvé refuge en partie dans ce quartier après leur départ du Pouvoir. Du coup, il s’était transformé à une sorte de bourgade très dangereuse.
Des centaines des personnes massacrées, des policiers centrafricains kidnappés et incarcérés, la circulation routière dans cette zone est gérée par le service de sécurité propre à eux. Cette situation conforte l’autonomie vis à vis du gouvernement d’autant plus que l’Etat centrafricain n’a plus le droit d’arrêter un fugitif, même si c’est un criminel de guerre ayant trouvé refuge dans ce quartier de Km5.
Ce privilège donné par le gouvernement à ces deux quartiers de Bangui, pousse la quasi-totalité des Centrafricains à s’interroger s’ils sont devenus deux États fédérés de la RCA ?
Probablement OUI. OUI par ce que ces deux quartiers ont leur propre police et armée, accordent de gratuité d’électricité et eau potable à leurs administrés. Seulement 2% de certains de ces administrés qui n’auraient pas accepté cette autonomie et qui paient directement à l’Etat fédéral qui se limite au point zéro leurs factures. Bizarrement c’est à Boy-Rabe et au Km5 que cet Etat fédéral laisse fonctionner l’électricité 24h/24 par rapport aux autres quartiers de Bangui.
Deux poids, deux mesures. Privilège pour les criminels, négligence pour les bons citoyens.
Il y’a lieu de rappeler à nos lecteurs que les deux têtes du régime actuel habitent dans ces quartiers. Le Président Faustin Archange TOUADÉRA dans le quartier Boy-Rabe et le Président de l’Assemblée Nationale Abdoul Karim MECKASSOUA quant à lui résiste toujours dans son quartier de Km5. Malgré tout, ils n’ont aucun pouvoir à changer les choses dans leurs quartiers. Si un grand criminel arrive à Bangui, il a le choix entre Boy-Rabe et Km5 pour se faire loger en toute sécurité.