Dans un contexte humanitaire difficile en République centrafricaine (RCA), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et ses partenaires intensifient leurs efforts pour répondre à une récente épidémie de choléra dans les villages situés le long du fleuve Oubangui et soulignent le besoin urgent de ressources et d'aides supplémentaires pour le pays.
Le Bureau régional pour l'Afrique de l'OMS a confirmé jeudi par communiqué de presse la déclaration d'une épidémie de choléra en RCA le 10 août, avec 46 cas confirmés et 13 décès enregistrés dans les villes de Ndjoukou, Damara et Bangui.
« Cette épidémie de choléra dans les villages le long des rives de l'Oubangui ne fait qu'amplifier les besoins de sécurité sanitaires déjà inquiétants pour les Centrafricains qui ont déjà tant souffert des conséquences d'une crise humanitaire prolongée due à la guerre et aux déplacements », a déclaré le représentant de l'OMS en RCA, Michel Yao.
L'OMS et le ministère centrafricain de la santé et de l'assainissement ont activé un centre de commandement de lutte contre le choléra, qui comprend tous les partenaires humanitaires présents sur le terrain avec des groupes de travail couvrant la gestion des cas d'épidémie, la surveillance, l'eau, l'assainissement et l'hygiène, la communication des risques et la mobilisation sociale, la logistique, la sécurité et la gestion des cadavres.
Les patients arrivés dans la capitale, Bangui, sont pris en charge dans un centre médical soutenu par l'OMS avec du matériel de traitement provenant de stocks qui ont déjà été pré-positionnés dans le cadre du plan centrafricain de lutte contre le choléra pour la saison des pluies.
L'OMS a également précisé qu'une équipe mobile de partenaires de la santé mène des activités de traitement des sources d'eau et de sensibilisation des communautés dans les villages le long du fleuve Oubangui.
« La crise persistante dans le pays, y compris l'insécurité dans certaines régions, a exacerbé les problèmes existants. La surveillance des maladies est essentielle pour permettre une détection précoce et une réponse efficace aux épidémies telles que le choléra », a souligné M. Yao.
Le représentant de l'OMS en RCA a également souligné le besoin urgent d'aide et de ressources supplémentaires pour améliorer la surveillance des maladies et rétablir les services de santé, alors que de nombreuses menaces pour la santé publique existent toujours.
L'épidemie de choléra a déjà fait 16 morts en Centrafrique
"Au moins 16 personnes sont mortes dans la première épidémie de choléra en Centrafrique depuis 2011", écrit l'Unicef dans un communiqué.
"66 cas, dont au moins sept enfants, sont enregistrés le long du fleuve Oubangui", ajoute le fonds des Nations unies pour l'enfance.
"Les enfants, surtout en dessous de cinq ans, sont particulièrement vulnérables. Nous devons agir vite (...)", selon le représentant de l'Unicef en Centrafrique, Mohammed Malick Fall, cité dans le communiqué.
Le choléra entraîne une diarrhée sévère et une déshydratation parfois mortelle. Il est provoqué par l'absorption d'eau ou de nourriture contaminée par la bactérie vibrio, présente dans les matières fécales.
"Les enfants, en terme de diarrhée, c'est plus facile pour eux de transmettre la bactérie à d'autres individus du fait que l'on s'occupe d'eux plus souvent que d'autre personnes, mais la sévérité de la maladie est égale quelque soit l'âge de la personne." Dr. Christelle Ilboudo, spécialiste des maladie infectieuses de l'université du Missouri
L'Unicef indique fournir avec le ministère de la Santé des médicaments, de l'eau potable et des kits d'hygiène. L'agence des Nations unies mène aussi des campagnes de sensibilisation dans les zones touchées.
L'épidémie s'est déclarée dans la commune de Ndjoukou, à une centaine de kilomètres au nord-est de Bangui, frontalière de la République démocratique du Congo (RDC). Celle de fin 2011 avait fait au moins une vingtaine de morts dans la région de Bangui.
La Centrafrique peine à se relever du conflit inter-communautaire qui a ravagé le pays - déjà l'un des plus pauvres de la planète - de 2013 à 2015 après le renversement du président François Bozizé.
La crise a fait plusieurs milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon l'ONU.