Les leaders de la Plateforme des Confessions Religieuses de Centrafrique (PCRC) ont effectué, du 2 au 7 août 2016, une tournée de sensibilisation pour la paix dans trois grandes villes de la République Centrafricaine dont Boda, Nola, et Berbérati. Dans une conférence de presse co-animée, le 12 aout 2016, par Monseigneur Dieudonné Nzapalainga et l’Imam Oumar Kobine Layama au siège de la Plateforme à Bangui, les leaders religieux ont fait le bilan de leur mission au cours de laquelle ils ont remarqué que la paix qui règne entre les différentes communautés à l’intérieur du pays.
La mission de sensibilisation pour la paix dans les sous-préfectures de Boda, Nola, Berbérati, a été conduite par Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui et président de la Conférence Episcopale de Centrafrique (CECA), du Pasteur Ferdinand Grezokoy Yembiline, président du Synode de Bangui, représentant le Révérend Pasteur Nicolas Guerekoyame Gbangou, président de l’Alliance des Evangélique en Centrafrique (AEC), empêché, et enfin de l’Imam Oumar Kobine Layama, président de la Communauté Islamique de Centrafrique (CICA). Cette mission s’était déroulée en quatre phases.
Au cours de la première phase, chaque leader devait rencontrer les membres de sa communauté religieuse. Ainsi, Monseigneur Dieudonné Nzapalainga a rencontré les responsables de l’Eglise catholique, l’Imam Oumar Kobine Layama a rencontré les responsables musulmans. Le Pasteur Ferdinand, quant à lui, a rencontré les responsables protestants. L’objectif assigné à cette première rencontre était, selon ces leaders religieux, de s’imprégner des réalités vécues dans chaque ville du point de vue des serviteurs de Dieu.
Chaque participant devait présenter les difficultés rencontrées par sa communauté, mais également les efforts consentis dans la recherche de la paix, du vivre ensemble en s’appuyant éventuellement sur la vision de la PCRC ou d’autres initiatives locales. La deuxième phase a été la suite logique de la première car, lors de la première rencontre, ont-ils souligné, dix représentants de chaque communauté ont été choisis pour prendre part à la seconde phase. L’objectif de cette réunion, considérée comme une plénière, est de donner l’occasion aux uns et aux autres d’être ensemble et de se parler de manière franche. Durant la troisième phase, les leaders ont eu des entretiens avec les autorités politiques, les responsables des forces de défense et de sécurité ainsi que celles de la Minusca de chaque ville.
La recherche de la paix ne pouvant pas que se faire du côté religieux, les leaders ont choisi d’écouter les autorités qui leur ont donné leurs points de vue sur la situation de leur région.
Plusieurs informations ont été recueillies par les missionnaires pendant ces échanges. En quatrième phase après les différentes rencontres, les missionnaires ont bouclé leur mission dans chaque ville par un rassemblement de toute la population, rassemblement au cours duquel ils ont noté la présence de toutes les communautés religieuses et des autorités préfectorales, sous-préfectorales et locales. A cette occasion, chaque leader a pris la parole pour appeler les uns et les autres à l’amour du prochain, de la patrie et au respect scrupuleux de la parole de Dieu.
« Ces rassemblements ont prouvé, de part l’affluence de la population et du mixage des communautés, qu’il y’ a un désir de paix, d’unité, de réconciliation, et de développement. Nous avons donc demandé aux responsables religieux de poursuivre cette œuvre selon les prescriptions divines. Nous avons également demandé aux autorités politiques de mettre en place une vraie politique pour que la véritable paix et le développement que les Centrafricains attendent aujourd’hui devienne une réalité », a martelé l’Imam Oumar Kobine Layama, l’un des leaders.
De toutes les rencontres, plusieurs faits ont été retenus, d’après les leaders religieux. Il s’agit entre autres des rumeurs qui circulent dans les villes, la manipulation, le manque d’une bonne politique, la discrimination, la division, le clientélisme, la baisse du niveau scolaire, le manque d’enseignants titulaires, le phénomène de la « Ligne rouge », le manque de vérité, le manque de transparence, le manque de la libre circulation, la confusion dans la procédure du retour des déplacés et des réfugiés, et la remise des biens, lieux de commerce et maisons des déplacés et réfugiés.
« Il faudrait que les autorités agissent et parlent haut et fort à toutes les communautés. On parle de la rupture, mais s’il n’y a pas de volonté politique et un engagement manifeste, on tourne toujours en rond » a martelé Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui qui s’est préoccupé de la libre circulation des biens et des personnes. Les leaders religieux ont rappelé que, quelques jours après le départ de la rébellion dans le nord de la République Centrafricaine, des exactions ont été commises. Ils se sont mis ensemble pour sensibiliser les autorités, les rebelles et la population sur les dangers de ces exactions.
« Nous avons également crié haut et fort, tant sur le plan national qu’international, que la crise en Centrafrique n’est pas une crise interconfessionnelle (Chrétiens contre Musulmans). Pour illustration, nous sommes toujours ensemble et nous travaillons ensemble pour ramener la paix dans le pays » a renchéri l’Imam Oumar Kobine Layama.
La Plateforme des Confessions Religieuses de Centrafrique (PCRC) a été créée pour contribuer à améliorer l’environnement sociopolitique, économique et culturel en Centrafrique, et insuffler la vision religieuse en appelant à la cohésion nationale et à la paix. Elle s’est fixée comme objectif de contribuer à établir une paix durable, mettre en place un organe de médiation religieuse sur la thématique paix, confirmer la place des confessions religieuses dans la promotion de l’unité des citoyens, la réconciliation nationale, la cohésion sociale, poursuivre aux côtés de tous les partenaires le processus de la restauration de la paix en RCA, et enfin combattre la pauvreté sous toutes ses formes pour un mieux-être intégral de tous les Centrafricains.