L’Oubangui-Chari de son vrai nom est bien un paradoxe, un de ces proto-états africains qui n’aurait jamais dû voir le jour. Née par accident, bâtie artificiellement, l’identité centrafricaine n’existe pas. Mais est-ce bien là le plus important ?
Son fondateur, le prêtre défroqué Barthélémy Boganda, à l’origine un noble Téké du Royaume du Kongo n’a jamais, même dans les pires de ce cauchemar jamais envisagé la constitution de ce pays, qui ne fut jamais construit, mais reliquat des partages sur une carte par les colons français. L’Oubangui chari de Boganda n’a rien à voir avec cette Centrafrique, dont le nom lui a été soufflé par son ami français, l’historien Pierre Kalck.
Et signe que le pays démarrait mal, devant les agissements de liberté d’action de Boganda, les services secrets français de l’époque ne trouveront rien de mieux à faire que de l’assassiner lors d’un vol de retour d’une tournée électorale en province, un certain 29 Mars 1959.
Depuis, c’est l’omerta. Aucun des dictateurs successifs à la tête du pays n’osera ouvrir une enquête sur les circonstances de la mort, de celui que pourtant tous ne cessent d’avoir le nom à la bouche et de s’y référer.
La France qui a tué Boganda a dit NON, PAS D’ENQUETE, et pour cause, et tout le monde en RCA s’est plié à cet ordre depuis 1960. Fascinante obéissance du colonisé sur la durée à l’ancienne puissance coloniale. Comme quoi, l’esclavage est avant tout mental.
PAYS MENDIANT ET VICTIME
Le présent sujet n’est pas de refaire encore l’histoire cachée de la RCA, mais de se pencher sur certains aspects de son présents, en ces temps les pires de son histoire déjà fort douloureuse.
David Dacko inaugure par un coup d’état la première République centrafricaine, en devenant son premier président. Boganda n’aura pas ce privilège.
Depuis, les politiciens, pour reprendre l’expression récente du ‘manège de Bangui’, toujours les mêmes, s’y renouvellent et s’y perpétuent. Le plafond de verre à briser en République Centrafricaine n’existe pas. Tout comme y est inexistant toute espèce d’échelle sociale. En RCA, sorti de la corruption, du népotisme, du tribalisme, du lèchage de bottes et du copinage, on n’y avance pas socialement.
De là, si on y ajoute une immaturité politique chronique couplée à l’illettrisme, fruit du pourtant joli mot d’années blanches, ou les années sans écoles, tout le cocktail est réuni pour faire de ce pays la victime expiatoire toute désignée des manœuvres de la soit disant communauté internationale – la recolonisation cachant à peine son nom sous ce déguisement.
Pays immature, terriblement instable du fait de ces “crocodiles” de la politique l’estimant être leur terrain de prédation; comme ne pouvant s’assumer, il est ouvert à tous les vents de la manipulation humanitaire internationale.
Car c’est vitre oublier que l’humanitaire occidental n’est jamais gratuit. Il y a une dizaine d’années, un économiste centrafricain écrivait que : “pour 1 franc d’aide, le pays donateur en recevait 5 en retour”. une culbute juteuse qui ne pouvait qu’exciter, en premier la France et d’autres pays occidentaux, à se pencher sur l’humanitaire à faire en Centrafrique. La Synthèse et très certainement le pire cauchemar des centrafricains, c’est l’ONU.
Parce que les actions de l’ONU, primo ne concernent que très marginalement les pays occidentaux, secundo, ne s’axent que sur les pays du tiers monde, et tertio, ne dépendent que d’un seul pays, qui sous bannière ONU agit comme bon lui semble.
En Centrafrique, ONU = FRANCE, un point c’est tout. Et plus récemment, doublement la FRANCE qui y cumulait ses Sangaris, et ses manipulations cachée derrière la MINUSCA, le énième acronyme onusien dans ce pays.
POMPIERS & PYROMANES
Le centrafricain un temps soit peu conscientisé (Dieu merci il en existe), depuis les affaires des viols des plus faibles des leurs par ces Forces venues les aider, se trouve dans une position très inconfortable.
Des soldats français de la SANGARIS ont violé des enfants en Centrafrique. Et le réel chiffre est caché, car il est affreux. Ce sont des centaines de mineur(e)s qui ont été sexuellement abusé(e)s par les français et non pas quelques un comme le disent les officiels.
Un dossier douloureux, qui à peine su sera enterré par les plus hautes autorités françaises, pourtant des socialistes, en principe étant des humanistes et des tiers-mondistes.
LE DOSSIER DES VIOLS DE MINEURS EN RCA PAR DES SOLDATS FRANCAIS EST CLASSE SECRET DEFENSE, L’EST TOUJOURS ET LE RESTERA
Mépris absolu pour ce pauvre pays, François Hollande, le président français, lors de son dernier passage rapide à Bangui, n’aura qu’un mot pour l’honneur salie de ses soldats par cette affaire; sous-entendant à peine que pour lui, nul ne pouvait s’en prendre à son armée, surtout pas des sans intérêt comme les sans dents centrafricains.
Les victimes de nos vaillants soldats à la braguette vite ouverte n’auront que leurs yeux pour pleurer, et garder leurs blessures en elles pour l’éternité, parce que la France, la Métropole ne leur rendra JAMAIS JUSTICE.
Ces gamines centrafricaines que des Sangaris ont contraintes à des actes de bestialité resteront touchées dans leurs chairs et dans leurs âmes toute leur vie. Cela intéresse qui ? Cela émeut qui ? Ce ne sont que des négresses, rien à voir avec nos belles petites têtes blondes chéries, tant aimées et protégées.
Aucun soldat français coupable de viol sur mineur en Centrafrique ne sera jugé. C’est clos par Paris.
Concernant Bangui, aucun procureur n’a eu le courage d’ouvrir une enquête, ne serait-ce que pour la forme et le principe. Il est enfin certain que le très courageux Président Faustin Touadera ne fera rien. Lui se contente de se plaindre de l’opacité de la France sur un dossier inexistant.
Les autres “sauveurs” des centrafricains, les MINUSCA ne sont pas mieux. Des viols de mineurs et de femmes à gogo, et comme pour la France, à peine su, l’ONU a tenté d’étouffer.
Plus compliqué, dans le cas des casques bleus, l’ONU est juridiquement incompétente pour condamner les soldats dits de la paix, violeurs en son sein. Il revient à chaque pays source de ces soldats de les punir. On peut rêver.
UN DRAME BANALISE
C’est celui qui est venu pour t’aider, pour te sauver qui est ton pire prédateur. Ce ne peut être que cela, la conclusion de la présence des SANGARIS et des MINUSCA en République Centrafricaine.
Il y est facile de commettre des abus en toute impunité. Avec un pouvoir inexistant dans les faits, sans crédit politique, dépendant des subsides de ces justement prédateurs, il ne peut que se taire. Et c’est justement ce que fait Faustin Touadera.
Mais le pire de tout est à mettre au déficit des centrafricains eux-mêmes, surtout à celui des femmes, étant entendu que les mâles centrafricains, globalement se fichent complètement de ces affaires de viols. Ces ‘mamans’, François Bozizé les instrumentalisait pour aller brailler dans les rues de Bangui pour un oui ou pour un non à sa convenance. Mais là elles n’ont pas bougé leurs pagnes pour ne serait-ce qu’aller protester contre les traitements abominables fait à leurs enfants par les SANGARIS et les MINUSCA. Et elles se disent des mamans ?
Voilà ce paradoxe centrafricain. Maltraitance par ceux qui de temps en temps lui jettent quelque pièces pour manger, comme au zoo, aux singes à qui les visiteurs jettent des cacahuètes – les singes se taisent, si un gardien les violent. On ne va quand même pas se fâcher avec ces gens là pour quelques centaines de cas de viols de nos enfants par eux tout de même ?
Et puis, avec le temps, on oublie tout. L’oubli, c’est la seule constance en Centrafrique.
Pour la Dignité, même dans les pires des situations, elle se l’invente tous les jours, cela donne une raison de vivre.
Georges Siesse