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Viols en Centrafrique : des dizaines de témoignages de victimes n’auraient pas été pris en compte
Publié le mercredi 24 aout 2016  |  LNC
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© Autre presse par DR
Des soldats français de l`opération Sangaris à Bangui en février 2014.
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L’ONG Yamacuir Centrafrique a recueilli des dizaines de témoignages de victimes de militaires français venues chercher de l’aide dans son centre d’écoute. Alors que l’Unicef parle d’une douzaine, les victimes de viols seraient «plus d’une centaine».

En 2012, le président de la République centrafricaine François Bozizé est menacé par la rébellion des Seleka qui sont aux portes de la capital, Bangui. Bozizé appelle alors à l’aide la France et les Etats-Unis. En décembre 2013, conformément à une résolution des Nations unies, la France lance l’opération Sangaris et commence à déployer ses soldats à Bangui afin d’éviter les massacres. Mais la suite est moins glorieuse, et dès décembre 2014, des témoignages de viols commis par les soldats français de l’opération Sangaris commencent à faire surface.
Des témoignages recueillis dans un centre d’aide et d’écoute

L’ONG Yamacuir Centrafrique a reçu dans son centre d’écoute des victimes venues pour trouver de l’aide. Yvan, un responsable et un écoutant de l’ONG, témoigne : «Si je prends le cas des enfants, certains disent qu’ils sont approchés par les militaires Sangaris car ils jouent avec les enfants. Et c’est souvent en exerçant ces activités-là que les choses se passent.»

Yvan rapporte ainsi ce cas d’un enfant qui jouait avec les militaires quand il a été conduit dans l’école et conduit dans une salle de classe.

Deux femmes, Yacinthe et Barbara, qui n’ont pourtant pas été comptabilisées parmi les victimes officielles, ont raconté leur calvaire à deux envoyés spéciaux de Sputnik. En 2014, les Sangaris français étaient stationnés à Begoua et avaient réquisitionné l’école primaire.

Barbara, elle, était alors vendeuse de fruits. Elle avait 15 ans quand elle a été violée : «Souvent j’en apportais aux militaires, ils aimaient ça. Ils en achetaient, ils achetaient même tout le plateau», se souvient-elle. «Un jour, j’en ai apporté comme j’en avais l’habitude, et ils m’ont dit de leur en apporter dans leur tank. Donc je leur en ai apporté, et là, l’un d’eux m’a attrapée et m’a violée dans le tank. […] Après ce qu’ils m’ont fait, j’étais tellement furieuse, ça m’a tellement blessée… J’ai cherché une ONG et j’y suis allée. Quand je suis arrivée, c’est Yvan qui m’a aidée. Il m’a amenée à l’hôpital où ils m’ont donné des médicaments et des soins au centre d’écoute. Après ce qui s’est passé, personnes ne m’a présenté des excuses.»
Impossible de recenser toutes les victimes

Pour Yvan, il y a certainement beaucoup plus de victimes, car, explique-t-il, seules les personnes qui ont fait la démarche active de venir au centre d’écoute ont pu être comptabilisées. Si une personne reste isolée dans son coin, on ne peut pas l’identifier et l’aider.

“Je n’ai jamais eu d’excuses ni de compensation”

Yacinthe, une petite vendeuse d’oranges, a été violée dans l’école de Bégoua : «Je les vendais dans la cour d’école car les Sangaris y avaient leur base. Un jour, ils m’ont demandé de leur apporter mes oranges dans une salle [d’école]. Quand je suis arrivée là-bas, l’un d’eux m’a attrapée et ils m’ont violée. Je ne connais même pas son nom. Il m’a attrapée de force et je n’ai rien pu faire. Il y a des sœurs qui travaillent aux urgences, j’y suis allée et elle m’ont aidée. Je n’ai jamais eu d’excuses ni de compensation.» Yacinthe avait 13 ans.

Et les chiffres pourraient se révéler plus importants encore. Yvan pointe ainsi le fait que les soldats de l’opération Sangaris ont été déployés «dans toutes les préfectures du pays. Dans ces préfectures des actes ont aussi été commis contre des femmes adultes et des enfants.»
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