Selon un journal français, la République centrafricaine soupçonne l'élu UMP d'avoir bénéficié du versement de commissions occultes dans l'affaire Uramin
C'est le dernier mystère des Balkany. On croit presque tout savoir du maire de Levallois, cigare au bec et sourire en coin, et de sa première adjointe, coiffure masculine et manières de soudard. Ils habitent un domaine de 4 hectares dans le village normand de Giverny. Ils passent leurs vacances d'été dans leur merveilleuse villa Pamplemousse des Terres-Basses de l'île de Saint-Martin. Pour les courts séjours, ils lui préfèrent le riad Dar Gyucy, un palais de 1.600 mètres carrés blotti dans la Palmeraie de Marrakech.
Tous leurs amis louent la générosité d'un couple qui offre billets d'avion et séjours exotiques. Reste une question : d'où vient l'argent ? Comment le modeste député-maire des Hauts-de-Seine, qui a déclaré 143.000 euros de revenus en 2012 avec son épouse et n'est pas assujetti à l'ISF, peut-il s'offrir ce train de vie de millionnaires ? (…)
Deux ans que la justice cherche des réponses à ces questions. Ce mercredi 12 novembre, l'enquête connaît un nouveau rebondissement. Selon nos informations, le parquet national financier a été saisi d'une demande d'information judiciaire visant Patrick Balkany - ce serait la quatrième si elle est ouverte ! - et émanant de... la République de Centrafrique.
Une manne africaine
Ses représentants en France sont en effet persuadés que le règlement du litige entre le groupe Areva et le précédent gouverne de Bangui, à la suite du rachat en 2007 de la société Uramin et de ses mines d'uranium de Bakouma, a entraîné le versement de 40 millions de dollars de commissions. Patrick Balkany en aurait été l'un des bénéficiaires, avec l'ancien président François Bozizé, dont les avoirs viennent d'être gelés par l'ONU.
J'ai de bonnes raisons de penser qu'une information judiciaire sera ouverte, estime l'avocat de la Centrafrique, William Bourdon, compte tenu des engagements forts pris par la France envers la Centrafrique et des enquêtes connexes à caractère international déjà ouvertes sur Uramin et Balkany."
Et si le gros du pactole du maître de Levallois venait d'Afrique ? Disciple de Charles Pasqua dans les Hauts-de-Seine, l'édile avait déjà noué des liens avec les puissants de Centrafrique et du Tchad avant sa traversée du désert à la fin des années 1990. C'est à partir de son retour triomphal, en 2001, qu'il a confié à son "conseiller au commerce extérieur", Renaud Guillot-Corail, aujourd'hui à la retraite, le soin de le représenter sur le continent africain.
"Je suis allé en Centrafrique, au Congo, en Côte d'Ivoire, et au Gabon notamment, car Libreville est jumelée avec Levallois", explique ce dernier, dont le bureau est alors mitoyen de celui de Balkany, au rez-de-chaussée de la mairie. Les allers-retours incessants de Guillot-Corail vers l'Afrique, qui lui valent le surnom de "marquis de Bangui" dans la capitale centrafricaine, ne sont pas passés inaperçus à Levallois.