BANGUI — Mahamat Zacharie ancien Conseiller National a dans une interview accordée au RJDH déploré le manque de moyens des Forces de Sécurité Intérieure et exige du Gouvernement une collaboration qui consiste à présenter à la Minusca un cahier de charge.
RJDH : M Mahamat Zacharie Bonjour. Quelles sont vos dernières informations concernant Abdoulaye Issène ?
MZ : Le cas d’Abdoulaye Issène nous a pris de court, parce que les informations fusent de toute part et nous ne disposons pas d’éléments réels sur ce qui s’est passé. Comment les gens sont-ils-sortis ? Que s’est-il passé et pour quelle raison ? Telles sont aussi nos interrogations, trop d’inconnus et d’improvisation et cela a joué sur des émotions et aujourd’hui cela met en mal le processus de paix.
RJDH : l’improvisation de la part de qui Mr le Conseiller?
MZ : L’improvisation ! Vous savez qu’à chaque fois qu’il y a un doigt accusateur, prenant le cas de la communauté qu’on n’a pas fait ceci, tel n’a pas fait cela, ça pose un réel problème. Il n’y a pas de lucidité pour démêler le vrai du faux sur la réalité de ce qui s’est passé. Personne ne peut donner la vraie version des faits. Ces gens sont sortis de KM 5, et pour moi, c’est un problème de police et de sécurité qui est du ressort du gouvernement.
RJDH : Après cet événement, l’opinion nationale accuse la MINUSCA de ne pas jouer la bonne carte celle d’arrêter les personnes visées par le mandat d’arrêt.
MZ : Il faut faire très attention dans les accusations, faire de la MINUSCA un bouc émissaire de tout ce qui s’est passé, je ne suis des ceux qui l’incriminent. Je n’aime pas accuser mais plutôt chercher à comprendre et à démêler. Les Nations-Unies sont là pour nous accompagner. Aujourd’hui, le problème c’est de garder le calme et de ne pas prendre la population à témoin, de ne pas créer des émotions. Aujourd’hui, la RCA n’est pas ce qu’elle était. Alors, c’est bien beau d’accuser, mais le fond du problème, c’est un mandat d’arrêt. Les gens sont là, j’ai été agressé par Aroun Gaye au Km5 et j’ai porté plainte à la justice.
Que s’est-il passé ? Rien ne se passe et pourtant le minimum que l’Etat doit poser comme acte pour la sécurité à l’intérieur de Bangui c’est de doter la police et la gendarmerie en moyen de travail afin qu’elles patrouillent la nuit et le jour, car l’embargo est sur l’Armée Centrafricaine et non sur les Forces de Sécurité Intérieure.
RJDH : Donc, selon vous il faut renforcer la capacité opérationnelle de la gendarmerie et de la police ?
M.Z : Mais bien sûr ! Est ce qu’elles ont suffisamment de carburant pour patrouiller ? Je ne crois pas. Disposent-t-elles de moyens conséquents ? Ont-elles un encadrement technique, sont-elles bien équipées ? Le fond du problème c’est de voir les dispositifs que le gouvernement met en place, on ne peut pas faire une jouissance du pouvoir.
RJDH : Ceci explique selon vous que les dispositifs sécuritaires instaurés par le gouvernement sont fragiles ?
MZ : Mais que s’est-il passé cette nuit-là à 23h ? Les gens quittent et vont jusqu’au Pk 12 et restent une demi-heure avant de continuer sans la moindre réaction. Où sont la police et la gendarmerie ? Tous les véhicules de la police et de la gendarmerie sont garés parce qu’il n’y a pas de carburant que s’est-il passé ?
Devant cet imbroglio, il faut reconnaitre les failles en soi pour chercher à les combler que de sauter directement pour brandir les mandats d’arrêt. Les mandats d’arrêt, il faut une force coercitive pour pouvoir les appliquer. Car, un Juge n’a pas les moyens si les officiers de police judiciaires ne font pas leur travail comme il se doit, ça pose un réel problème.
RJDH : M. Mahamat Zacharie, le président de la République a nommé les membres du comité consultatif et de suivi du DDRR, quelle lecture en faites-vous ?
MZ : C’est une proposition qui a été présentée au Chef de l’Etat par des personnalités qui sont sensés piloter ce projet, mais je pense qu’il faut faire très attention lorsqu’on parle d’un comité consultatif et de suivi, cela fait deux directions et quelque chose de bicéphale. On ne peut pas être en même temps un comité consultatif et de suivi. Là aussi, je vois les gens de la société civile, les personnes ressources au point que je me demande que c’est quoi ? Cela aura quel impact, ces gens, quel est leur travail réel ? On avait vu cela avec le forum, on a mis en place le comité de suivi du forum. Où en sommes-nous avec ce comité ?
RJDH : Selon vous avec ce format l’échec est prévisible ?
MZ : Pour moi ce n’est pas le format, la première des choses que je suggère au pouvoir, c’est d’aller vers la MINUSCA. Nous avons la potentialité, et en terme de moyen que nous avons la communauté internationale prête à mettre à la disposition de la RCA les ressources qu’il faut. Mais quel est le cahier de charge que le gouvernement présente à cette communauté internationale ?
RJDH : Beaucoup sont ceux qui pensent que la MINUSCA n’est pas là pour se substituer à l’Etat ?
MZ : Justement pourquoi je dis le gouvernement n’a pas un cahier de charge spécifique pour montrer l’état des besoins de la RCA, sollicité une contribution de la communauté internationale pour la reconstruction de la Centrafrique.
Un exemple. Vous ne pouvez pas demander aux gens d’aller au DDR si les infrastructures ne sont pas en place. La première des choses, c’est de préparer les camps avec tout ce qui suit, après mettre en place un comité qui va recenser. Car aujourd’hui on ne sait pas qui est groupe armé et qui ne l’est pas. J’ai lu ce Décret, mais je vous dis, qu’il y a des gens qui réclament groupe armé que de nom ! Sur le terrain si vous cherchez à voir leurs hommes, mais vous ne verrez personne !
RJDH : Le gouvernement vous dira que c’est un processus inclusif ?
MZ : On ne peut pas faire un tam-tam sur une vieille peau, sur quelque chose qui va s’arrêter en mi-chemin. On exclut personne, mais le fond du problème est de savoir qu’est-ce qu’on fait du DDR ? Comment peut-on sortir du DDR, sinon c’est la continuité. Je suis sceptique qu’il puisse y aboutir quelque chose. L’application de ce processus DDR ne va jamais se réaliser. Aujourd’hui d’autres personnes disent qu’elles ne sont pas consultées.
Monsieur Mahamat Zacharie je vous remercie
Je vous en prie.