Depuis 2013, des réfugiés centrafricains vivent dans le camp de Mole en République démocratique du Congo (RDC). Si au début la cohabitation entre musulmans et chrétiens semblait impossible, des ateliers de capoeira ont pu permettre à certains d’entre eux de rétablir un dialogue, vivre ensemble voire se réconcilier.
Depuis deux ans, c’est un art martial qui ramène un peu de paix dans le camp de réfugiés de Mole, en République démocratique du Congo (RDC). Ils sont plus de 200 Centrafricains à pratiquer la capoeira. Dans ce sport de combat qui tient beaucoup de la danse, chrétiens et musulmans laissent derrière eux la haine et la violence qui les ont fait fuir la Centrafrique.
Une immense majorité des 20 000 réfugiés du camp de Mole sont chrétiens. À son ouverture en décembre 2013, les musulmans préféraient alors rester à Worobe, près de Zongo (à quelques kilomètres de Bangui). Peu sont ceux qui, à ce moment, auraient cru voir un jour chrétiens et musulmans s’opposer dans une festive roda (ronde) de capoeira. Et pourtant, ceux qui en ont fait l’expérience partagent aujourd’hui repas et habits, et vivent ensemble en toute fraternité. La capoeira est un miroir tendu à leur histoire. Un geste violent les a opposés. Ils se sont évités, mais enfin se meuvent harmonieusement.
Sur la terre battue du camp, les valeurs véhiculées par cet art martial – maîtrise de soi, respect de l’autre et collaboration – font leur œuvre. À tel point qu’Ursula Nathalie Dzietham, chef du bureau de Mole du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), évoque aujourd’hui une « situation apaisée ». « En ce moment, les réfugiés vivent relativement bien. Il y a même une certaine sérénité », décrit-elle, sans doute excessive, même si les pratiquants interrogés abondent dans son sens.
« Je suis fier de pouvoir appeler les chrétiens” mes frères’», raconte Mohamed Balay. Ce jeune homme de 23 ans était étudiant à Bangu. Mais la violence, religieuse un peu, politique surtout, lui a fait tirer un trait sur ses études.
Un passé traumatique
Le 5 décembre 2013, les forces militaires françaises de l’opération Sangaris sont intervenues en Centrafrique pour mettre un terme à une flambée de violence qui opposait deux factions. La Séléka, rassemblant alors trois mouvements rebelles et composée en partie d’ethnies de confessions musulmanes des pays voisins (dont le Soudan et le Tchad), s’était lancée à la conquête du pouvoir en décembre 2012.
Une fois la capitale atteinte, cette faction a continué à perpétrer des exactions, ciblant principalement les chrétiens. Les Anti-Balaka, en partie chrétiens, se sont érigés contre les agissements de la Séléka et en défense du président François Bozizé, renversé en mars 2013.
Au clivage confessionnel s’est surimposée une certaine xénophobie : les musulmans n’étant pas considérés comme d’authentiques Centrafricains par leurs adversaires. Une violence rare a explosé et poussé hors de leur pays 190 000 habitants.
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