Le saviez-vous que les erreurs médicales sont à l’origine des centaines des morts en Centrafrique chaque année? La réponse est OUI. En Centrafrique pour une grippe légère, un malade pourrait rendre son âme à Dieu dans un centre hospitalier. Les médecins, les Infirmiers, les sages-femmes se trompent régulièrement sur les diagnostics médicaux de leurs patients et ignorent la nature des contrats qui les lient avec ces derniers. Comment le pays a fait pour que ses hôpitaux publics logent une partie du personnel soignant inconscient?
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Dans un magazine télévisé de France2, un œil sur la planète, diffusé en 2005 dans lequel l’ancien président François Bozizé Yangouvouda, devant les caméras de nos confrères français avait rendu visite à l’hôpital pédiatrique de Bangui où un médecin pédiatre Centrafricain lui avait présenté le seul et unique bloc opératoire de son établissement qui ne dispose que d’une table métallique au milieu du bloc, une petite assiette remplie des ciseaux, d’un couteau de table et une autre pièce. Dans le reportage, le médecin explique au Chef de l’Etat François BOZIZÉ toutes les difficultés que son personnel rencontre régulièrement dans l’exercice de leurs fonctions de tous les jours. Cette image choquante de la réalité de l’état des hôpitaux en Centrafrique avait choquée le monde. Des nombreux compatriotes centrafricains criaient au scandale à l’époque. Si c’est un scandale, alors depuis la publication de ce reportage en 2005, les choses ont-elles changé?
Dans une enquête que nous avons menée dans deux hôpitaux de Bangui, le constat est amer. La réalité, loin d’être une analyse subjective, est plus dur à admettre. Et pour cause, la défectuosité et manque des matériels, l’insalubrité et surnombres des salles, la méconnaissance de la nature des contrats qui lient le personnel soignant à leurs patients, le non-respect de la déontologie médicale.
Devant l’une de nos équipes il y’a environ deux semaines, un Ingénieur télécom, diabétique travaillant à la société Telecel Centrafrique, se sentait légèrement fatigué et au volant de sa voiture, s’était rendu à l’hôpital Communautaire de Bangui pour son contrôle. Il n’est plus revenu à son domicile pour éternité. Pour cause, il était diabétique et par manque du diagnostic médical, l’infirmier qui l’avait reçu lui posa un sérum glucosé 5%. Ce qui a été fatal pour ce brave homme.
Les cas d’urgence dans les urgences poignardent les cœurs. Les urgentistes demandent à être payé avant qu’ils touchent le malade, peu importe son état de santé. Même les téléphones ou les cartes mémoires ils acceptent comme moyen de paiement pourvue qu’ils les revendent.
Il n’y a pas deux jours, une malade bien avancé dans sa maladie est ramené d’urgence toujours à l’hôpital communautaire de Bangui. Le major qui l’a reçu en prenant son carnet, ne daigne même plus ne fut-ce le regarder. Quand l’accompagnatrice du malade lui aurait demandé de s’occuper de son frère malade, il lui répond gentiment en ces termes: « Madame, vous n’êtes pas chez un marabout mais à l’hôpital. A l’hôpital, on appelle nos malades des patients kc’est-à-dire que, Pierre ou Marie Thérèse, malade, arrive à l’hôpital, il ou elle devient un patient et par conséquent il doit être aussi patient comme son nom médical l’impose ».
Ces cas vécus et choquants sont loin d’être des cas isolés, illustrent clairement la réalité des soins médicaux dans des hôpitaux en Centrafrique. Chaque jour qui passe, les hôpitaux enregistrent une dizaine de pertes en vie humaines.
Pourquoi une telle pratique est, bizarrement, acceptée par tous ? Ni les autorités, ni les patients ne disent rien et ne cherchent pas à comprendre ?
Pour les médecins interrogés par CNC, le manque cruel des équipements serait à l’origine de plusieurs erreurs du diagnostic médical en RCA. « Nous travaillons avec le peu que nous avions pour tenter de sauver la vie de nos concitoyens », a conclu un médecin à CNC.
Autre son de cloche du côté de la population qui, pour la plupart, accuse le corps médical d’avoir privilégié les malades qui leur donnent du bakchich. Certains parlent du niveau très bas du personnel soignant en RCA.
Du côté gouvernemental, les autorités pointent un doigt accusateur sur la crise qui a secoué le pays.
Dans les faits et selon nos enquêtes réalisées au cours de ce reportage, la situation du pays dont fait allusion les autorités n’est qu’un acte échappatoire puisqu’en 2005, le pédiatre qui faisait l’émission « un œil sur la planète » avec l’ancien numéro un de Centrafrique François BOZIZE sur France 2 criait déjà à ce manque de moyen et que rien n’a été fait jusqu’à ce que la crise survient pour tout emporter.
Un autre fait devenu monnaie courante dans les infrastructures sanitaires, 90 % du personnel soignant, non seulement ne se prend pas la peine de bien consulter un malade, mais surtout ne leur prescrit rien comme médicament à payer en dehors de leurs pochettes. Malheur à celui ou celle qui paie ses médicaments à la pharmacie et les ramène. Ils croient tout posséder miraculeusement comme médicaments pour toutes les maladies dans leurs sacs à dos ou sacs à mains selon le genre. Tous les malades subissent les mêmes traitements. En outre aucun patient n’est autorisé à quitter la salle avec le reste de ses médicaments. Ils conservent tout pour ré administrer à d’autres patients. Comment pourriez-vous recouvrer la santé dans cette pratique ?
Le professionnel de la santé tout comme les malades et leurs familles ne savant pas que chacun a un droit et un devoir. Tout être né et grandi doit posséder un carnet de santé retraçant son passé maladif. Qu’il a été une fois ou non transfusé. Qu’il a été une fois ou non hospitalisé. Aussi les familles centrafricaines ignorent même qu’elles ont un droit de poursuite si elles perdent un des leurs dans un établissement sanitaire dans des conditions inadmissibles. Qu’elles doivent intenter une action en responsabilité. Il peut s’agir d’une responsabilité source de sanction (telle la responsabilité pénale ou responsabilité disciplinaire) qui consiste à sanctionner le comportement inhumain du personnel soignant ou d’une responsabilité source d’indemnisation (telle que responsabilité civile ou administrative) qui consiste à indemniser la victime ou sa famille du fait de ce mauvais soignant.
Dans certains pays du monde, les malades comme les diabétiques portent une bague spéciale à la main afin de permettre aux médecins, en cas d’urgence, de connaître leur statut médical. En Centrafrique, est-il difficile de proposer ce genre de chose aux diabétiques? Loin s’en faut.
Des diabétiques qui meurent sous sérum, des transfusés sous transfusion. Une ignorance partagée, une solution existe.
Si rien n’est entrepris dans ce pays de paradoxe et d’anomalie situé à l’antipode de la planète terre, pour conscientiser et réprimer, la peine de ses occupants est loin de les laissée. Le gouvernement doit prendre sa responsabilité de former, de construire ou réhabituer et de sanctionner et non de tout abandonné aux ONG internationales qui viennent pour l’appuyer spontanément et c’est très ridicule de crier à la bonne gouvernance après sur elles. Elles ont fait ce qu’elles peuvent faire et que le gouvernement ne peut pas faire pour avoir ces financements.
L’Etat doit agir dans l’intérêt de son peuple et non le contraire.