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Centrafrique : le DDR au firmament, le Droit des victimes en berne
Publié le jeudi 15 septembre 2016  |  LNC
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© Autre presse par DR
Le Président Faustin-Archange Touadéra prône la paix à Bria
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Le président de la république, monsieur Faustin Archange Touadéra s’est rendu le 05 septembre 2016 à Bria chef-lieu de la Haute-Kotto. Bria la scintillante a reçu la visite présidentielle comme d’autres villes du pays avant elle. de Bria, le président Touadera a parlé à toute la Haute-Kotto et au-delà, a tout le pays.

a démarche du Président de la République, qui est à saluer, est de parcourir les différentes villes du pays pour remercier la population de l’avoir élu mais aussi pour délivrer d’importants messages à la Nation. Le constat que l’on peut faire, c’est que les discours du Président de la République ont pour leitmotiv : la sécurité, la réforme de l’armée et surtout le Désarment Démobilisation Réinsertion Rapatriement (DDRR) et la paix, réconciliation. Les victimes sont délibérément oubliées. Le socle permanent du discours présidentiel : Désarmement Démobilisation Réinsertion Rapatriement (DDRR).

La rhétorique du discours présidentiel est désormais bien rodée : il faut désarmer. C’est du désarmement que naîtront la paix et la réconciliation. Dans son discours à Kaga Bandoro, le Président de la République a dit : « pour obtenir la paix et la sécurité, il nous faudra procéder au désarmement, c’est-à- dire retirer entre les mains des groupes armés les nombreuses armes qui sont en circulation sur le territoire national ». À Bria, le Président a affirmé : « le moyen le plus approprié pour avoir la paix c’est le DDR, (…). Le DDR pour retirer les armes qui sèment la désolation dans les foyers. Vite on aura retiré les armes, vite on aura la paix et le développement ». Quand on désarme, on démobilise puis on réinsère les ex-combattants.

La réinsertion permet de trouver du travail à ceux qui faute de mieux avaient pris les armes pour se mettre au service de la guerre. Mais le vocable DDRR s’écrit souvent avec deux « RR ». C’est ainsi qu’on l’a écrit dans les textes des premières résolutions des Nations-Unies. Les deux « RR » signifient Réinsertion Rapatriement. Cela veut dire qu’on doit réinsérer les nationaux et rapatrier les étrangers qui sont venus combattre dans les rangs des groupes armés. Parfois, dans certains documents officiels, on oublie le deuxième « R », on ne sait pas si c’est le « R » de la réinsertion ou celui du rapatriement dont il s’agit. Le Président TOUADERA s’y attèle avec force et énergie.

À Kaga Bandoro, il a déclaré : « j’ai nommé des personnalités devant faire partie de l’équipe qui travaille en ce moment sur le DDRR à la présidence de la République ». Si l’on se préoccupe du DDRR ou DDR à la présidence, on s’en préoccupe tout autant dans la sphère de la communauté internationale et notamment du G8-RCA, du PNUD et de la MINUSCA. C’est ainsi qu’un séminaire a été organisé il n’y a pas très longtemps sur la question du DDRR. Les responsables de la question du DDRR ont donné un chiffre de 40 à 45 millions de dollars. Pas n’importe quel dollar. C’est du dollar américain qu’il s’agit ici. Soit 20 250 000 000 FCFA. Monsieur Jean Wilibiro Sacko Ministre Conseiller à la Présidence qui pilote le dossier du DDRR l’a dit : « Tout est définitivement arrêté à ce jour, et tout ce que nous savons c’est que cela coûtera beaucoup à l’État, à la Communauté internationale pour réellement réaliser toutes les activités prévues dans ce programme ». Et l’État centrafricain dispose déjà 10 milliards FCFA pour le DDRR. C’est le Premier Ministre Simple SARANDJI qui l’a dit dans sa déclaration de politique générale.

En choisissant le DDRR comme un pilier sécuritaire de sa mandature, le Président TOUADERA avec le soutien de la communauté internationale a fait le choix de « la paix par le désarmement » selon Raymond ARON. La question que l’on se pose est de savoir si le désarment dans le contexte actuel apportera la paix ? Il est difficile de donner une réponse affirmative à cette question.

Il convient de préciser que le DDR n’est pas une nouveauté en Centrafrique. Et on sait comment il a été souvent géré. Assez souvent de la rébellion nait le DDR qui engendre à son tour la rébellion. C’est le cercle vicieux que la RCA connait depuis plusieurs années. Le DDRR : un festin pour les charognards En Centrafrique, à l’approche de la mise en application du DDRR, les appétits s’aiguisent. Les plans s’échafaudent. On voit les membres d’un tel groupe armé évincer leur chef pour en désigner un autre qui sera à même de bien leur distribuer l’argent promis. On voit un tel autre poser des conditions draconiennes pour faire monter les enchères.

À Bria, on a eu l’occasion d’observer l’engouement des ex-combattants de la Séléka pour le DDRR. Les groupes armés ne sont pas les seuls à s’activer autour du DDRR. Il y a aussi des anciens officiers généraux à la retraite des armées étrangères qui souhaitent avoir aussi leur part du magot.

La Lettre du Continent dans sa dernière livraison n°736 du 07 septembre 2016 nous relève l’ancien Colonel français Peer de JONG qui a fondé la société Sovereign Global s’est rendu à Bangui en compagnie du Général Bruno Clément-Bollée ancien patron de la Force Licorne en Côte d’Ivoire qui a lui aussi géré le DDRR de ce pays pour rencontrer le Président TOUADERA afin de vendre leur dossier ainsi résumé : « un mois de resocialisation des ex- combattants et six (6) mois de formation ».

Nul doute que l’ambassade de France en Centrafrique leur a déjà préparé le terrain. D’autres sociétés de ce genre sont également dans les starting-blocks. À cela s’ajoutent ceux qui sont sur-place au pays qui pour rien au monde ne verront cette opportunité leur échapper totalement. Oui, 40 ou 45 millions de dollars, ce n’est pas 40 ou 45 millions de sous ou de « falanga ». C’est 20 250 000 000 FCFA s’il vous plait. La République Centrafricaine est devenue, et c’est une triste réalité, comme un éléphant abattu par des braconniers qui se sont déjà enfuis avec les défenses. Le reste de la carcasse attirent les charognards pour un festin qui durera encore très très longtemps. Bon appétit messieurs et dames !!! Ce n’est pas votre faute. C’est la faute aux centrafricains qui vous ont livré leur pays sur un plateau d’argent.

Le DDRR, prélude de la paix ? Une fois les ex-combattants des groupes armés désarmés, démobilisés et réinsérés, la paix reviendra au pays. Mon Dieu que c’est beau, cet axiome !

On avait déjà semble-t- il désarmé, démobilisé et réinséré en Centrafrique. Le PNUD avait payé pour cela il y a quelques années. La paix était-elle revenue en Centrafrique ?

À quelques exceptions près, les acteurs sont toujours les mêmes et connaissent mieux que quiconque leur matière. Ils sont en action depuis près de deux décennies. Comme l’a déjà souligné un compatriote dans article intitulé « Pourquoi le Programme de DDRR risque d’échouer » paru dans le journal Corbeau News Centrafrique du 30 août 2016, ces gens notamment les chefs des groupes armés qui ont pris l’habitude de brasser de sommes faramineuses de la situation actuelle vont-ils renoncer pour percevoir des sommes dérisoires du DDRR ? L’avenir nous le dira.

Mais le passé nous enseigne déjà que certains membres de groupes armés qui avaient bénéficié du DDRR n’ont pas hésité de reprendre les armes quand l’occasion s’est présentée. Et tout le monde sait qu’en Centrafrique, ces groupes armés ne respectent pas la parole donnée encore moins leurs signatures apposées au bas des accords de paix. Si tel avait été le cas, nous n’en serions pas là aujourd’hui depuis les accords de paix de Birao du 13 avril 2007, de Syrte du 02 février 2007, de Libreville I du 21 juin 2008, de Libreville II du 11 janvier 2013, de Brazzaville du 23 juillet 2014, de Nairobi du 21 février 2015, de Bangui en mai 2015. Je m’arrête ici pour dire que la vraie motivation des groupes armés c’est l’argent. La paix, ce n’est pas leur tasse de thé.

manifestant

Madame Catherine SAMBA-PANZA aurait dit qu’une grande partie du don angolais aurait servi à acheter la paix avec ces groupes armés. Cela m’amène à dire que si les gouvernants actuels ne prennent pas garde, ils risquent de tomber dans les mêmes travers que les précédents. En effet, « l’état de paix, nous dit Emmanuel KANT dans son Vers la paix perpétuelle, doit être institué ; car s’abstenir d’hostilités ce n’est pas encore s’assurer la paix ». De ce point de vue, le DDRR ne peut pas constituer les prémices de la paix en Centrafrique. Les victimes délaissées au profit des groupes armés. S’il est une chose ubuesque et nauséabonde c’est celle qui consiste à privilégier les droits des groupes armés au détriment de ceux des victimes.

À Bria, on aurait souhaité et espéré que le Président TOUADERA puisse au moins évoquer la situation des victimes de la crise militaro- politique déclenchée depuis décembre 2012. Depuis le retour à l’ordre constitutionnel, personne ne se préoccupe du sort des victimes. La ville de Bria est l’une des villes symboles martyrs du pays où des nombreuses victimes ont subi les affres de la barbarie des groupes armés. Nous autorités ne se préoccupent nullement de ces victimes qui sont laissées-pour- compte.

D’aucuns diront qu’elles sont passées pour perte et profit pour utiliser le langage comptable. Si l’on veut utiliser le langage des informaticiens, on dira qu’elles sont les variables d’ajustement de la fameuse paix tant attendue en Centrafrique. Les groupes armés, c’est à peine qu’on ne leur déroule pas le tapis rouge. Oui, le tapis rouge de sang et de désolation a été transformé en tapis rouge de gloire avec des effets financiers immédiats et concluants. Toute la communauté internationale et tout ce que la RCA compte comme hauts cadres sont mobilisés pour trouver une solution aux groupes armés.

À ce propos voici ce que nous dit Mohamed Hacen El LEBATT, représentant spécial de la présidente de l’Union Africaine : « nous allons continuer à appuyer la RCA, pas seulement d’ici la conférence de Bruxelles, ce que nous allons faire, le 25 de ce mois va se tenir ici à Bangui la 9 ème session du Groupe International de Contact (GIC) qui est essentiellement organisé par le gouvernement centrafricain et l’Union Africaine. Nous espérons que cela sera un grand moment de mobilisation de la communauté internationale dans la perspective du succès de la conférence de Bruxelles ».

De nombreux séminaires et réunions sont organisés pour rendre le projet DDRR viable et rentable pour les groupes armés.

Aucun séminaire ou aucune réunion n’est organisé pour étudier le cas des victimes.

Écoutons ce que nous dit le Ministre Conseiller à la présidence Monsieur Jean WILYBIRO SACKO : « nous sommes en train de faire un travail affiné dans le cadre du RCPC avec les différents groupes, département par département, domaine par domaine pour chiffrer les différents projets qui seront mis en œuvre ».

En entendant cela, les groupes armés ont le suc d’appétit. Certains salivent déjà de leur gain. Cela se vérifie par les quelques images de la visite du Président de la République à Bria qui ont circulé sur les réseaux sociaux où on voit certains « généraux » et « colonels » de l’ex- coalition Séléka affichant de larges sourires et se lèchant les barbiches suite aux propositions qui leur ont été faites par les autorités centrafricaines et internationales. 40 ou 45 millions de dollars, ne laissent personne de ce milieu insensible.

Depuis la Transition au retour de l’ordre constitutionnel, les groupes armés ont fait l’objet de nombreuses sollicitudes. Ils sont reçus avec des égards et le respect dus à leurs rangs. Mais aucune considération n’a été observée à l’égard des victimes.

Dieu seul sait combien de femmes ont perdu leurs maris et combien des hommes ont perdu les épouses. Dieu seul sait combien des enfants ont vu leurs parents mourir sous leurs yeux.

Dieu seul connait le nombre des femmes et jeunes filles centrafricaines violées par les membres des groupes armés.

Dieu seul connait le nombre des maisons détruites ou réquisitionnées par les groupes armés. Dieu seul connait le nombre des voitures et des biens volés par les groupes armés qui ont pris le chemin de l’étranger : Tchad, Soudan, Cameroun, etc.

Dieu seul connait le montant de l’argent extorqué aux centrafricains ainsi qu’aux étrangers vivants sur le sol centrafricains sans oublier les entreprises au moment du déclenchement de cette crise. Ces victimes n’ont-elles pas le droit d’être écoutées, ni entendues encore moins de recevoir une attention particulière de la part des autorités centrafricaines et de la communauté internationale ? Rien n’est à ce jour fait pour apaiser leur peine. Elles ne sont en aucune manière inscrites dans aucun projet.

Dans les 40 ou 45 millions de dollars que la communauté internationale et l’État centrafricain s’apprêtent à verser aux groupes armés, quelle est la part réservée aux veuves ou veufs, aux orphelins, à ceux dont les biens ont été détruits ou pillés afin de leur permettre d’être eux aussi réinsérés dans la vie comme va être le cas des membres des groupes armés ?

C’est quel genre de paix qui consiste à rétribuer les agresseurs au détriment des victimes ? C’est quelle réconciliation qui consiste à tendre la main aux assaillants, les cajoler de manière sonnante et trébuchante au détriment des agressés ? Cette paix ne marche-t- elle pas sur la tête comme disait Karl MARX à propos de la philosophie de Ludwig FEUERBACH ?

Cette paix inversée n’est-elle pas plus dangereuse pour la cohésion sociale et le vivre ensemble recherchés ? Il y a quelque chose de plus troublant. Des milliers de centrafricains et centrafricaines sont morts de manière atroce pendant cette crise militaro-politique.

saleh-sidoLe matin du 05 décembre 2013, plus de 300 personnes ont été assassinées à Bangui. Bien avant, des centaines de personnes, hommes, femmes et enfants ont été froidement exécutés à Bangui, Bossangoa, Bossembélé, Bouar, Carnot, Mbaïki. Justement à Mbaïki où le dernier musulman de la ville a été tué.

Il s’appelait Saleh DIDO.

Où est sa sépulture ? Comment l’oublier, lui fils de Mbaïki qui a été Maire Adjoint de la cette ville et qui a refusé de fuir pour demeurer dans sa ville ? Sa dernière phrase restera à jamais graver dans la mémoire collective : « Je suis né ici. J’ai fait des enfants ici. Je suis à la mairie depuis cinq ans, j’ai prêté serment, je suis patriote. Pourquoi devrais-je partir ? Je veux vivre dans mon pays ».

À présent, il vit dans son pays mais à trois (3) pieds sous terre. Des Saleh DIDO, il y en a eu des milliers en Centrafrique.

Que dire des paisibles citoyens d’un village proche de la ville de Kouango brûlés enfermés dans une maison par les membres de groupes armés ?

Que dire des assassinats perpétrés à Bambari, Damara, Kaga Bandoro, Sibut, Kembé, Alindao, Mobaye, Bangassou, Obo, Rafaï et Zémio sans oublier Ouango, Gambo, Satéma, Alindao, Mingala, Baboua et j’en passe ? Que penser des crimes de Batangafo, Markounda, Paoua, Bozoum, Mala, Boguila, Nana Bakassa ? Que dire des victimes des quartiers de Fatima, de Kina, de Cattin ?

Toutes ces victimes ne méritent-elles pas qu’on s’apitoie un peu sur leur sort ? Il convient de rappeler que des dépouilles mortelles de milliers centrafricains et centrafricaines ne sont encore ni ramassées ni ensevelies. Pour de milliers de familles centrafricaines, le deuil des proches décédés n’a pas encore commencé tant qu’elles n’ont pas enterré dignement leurs parents décédés. La Nation Centrafricaine ne peut-elle pas s’organiser pour leur faire des sépultures dignes de ce nom ?

Que dire des blessés ainsi que ceux qui ont subi des sévices corporels et cruauté de toute nature pendant cette crise ? N’ont-ils pas droit aux sollicitudes comme c’est le cas des groupes armés ? Qui paiera pour la réparation de ces préjudices matériels, moraux et humains subis ?

Pourquoi la communauté internationale et les autorités centrafricaines ne s’attardent-elles pas un peu sur les préoccupations des victimes ? Ces nombreux veuves, veufs et orphelins, ces milliers de blessés ne peuvent-ils pas avoir droit à un kopeck pour subsister en attendant réparation future des préjudices par eux subis ? Si réparation il y a !

C’est une boîte de Pandore que personne ne veut ouvrir ni la communauté internationale ni les autorités centrafricaines. Car quand ouvre la boîte de Pandore, Pandore sort. Ici, Pandore est l’épineuse question de réparation. Et personne ne veut ni ne peut prendre la responsabilité de cette réparation.

À propos de la prise en charge provisoire des victimes de la crise militaro-politique de Centrafrique, Madame Antoinette MONTAIGNE alors Ministre de la Réconciliation dans le gouvernement de NZAPAYÉKÉ avait projeté la création d’un fonds dénommé « fonds NDOYÉ ». Ce fonds une fois abondé devrait permettre aux victimes de cette crise de redémarrer une nouvelle vie en attendant la réparation à venir. L’une des conditions était de porter plainte contre les auteurs des infractions dont elles ont fait l’objet ou contre X.

Malheureusement ce projet dont les modalités avaient été déjà élaborées n’avait pas prospéré avant qu’elle ne quitte le gouvernement. Et depuis, c’est le silence radio à l’égard des victimes.

C’est un silence coupable.

Le DDRR et le rapatriement des criminels étrangers. L’autre volet du programme DDRR est le rapatriement des étrangers membres des groupes armés.

Cet aspect du programme fait à la fois rire et pleurer.

Le rapatriement des étrangers membres des groupes armés fait rire dans la mesure l’on se demande comment nos bien- pensants de la communauté internationale puissent réfléchir à l’idée que des criminels qui ont décidé avec lucidité de venir dans un pays tuer, violer, piller, voler, détruire des bâtiments administratifs avec les documents qui s’y trouvent, saccager les biens meubles et immeubles des paisibles citoyens, s’ériger même en autorités nationales pour prélever les taxes et impôts de l’État doivent être tranquillement rapatriés, qui plus est, aux frais de la Nation dans leurs pays respectifs sans être inquiétés après leurs forfaits. En plus, ils doivent rentrer avec les primes de guerre.

Comment des fonctionnaires internationaux disposant de toutes leurs facultés mentales et bien constitués aient pu imaginer une telle solution ? Comment nos hommes politiques aient pu à un seul instant conçu un tel scénario ? Comme me disait un ami à propos de ce qui se passe dans notre pays, ces gens de la communauté internationale chez vous ont de la boue dans leurs têtes à la place du cerveau.

Le rapatriement des criminels des groupes armés fait pleurer dans la mesure où il n’est pas acceptable que des criminels viennent perpétrer des crimes abominables dans un pays et s’en tirer à bon compte avec le soutien des membres de la communauté internationale et des autorités dudit pays. C’est ignoble de voir des gens censés s’atteler à ce travail.

Ces criminels vont, une fois répertoriés, être raccompagnés dans leur pays avec cortège et sirène hurlante. Chapeau les artistes !!!

Question : à supposer que c’était les parents, époux, enfants, amis de fameux experts qui avaient été assassinés ces criminels. Seraient-ils prompts à proposer cette solution ? J’en doute. Dans quel pays sur la surface de cette planète terre, que des crimes infamants sont-ils restés impunis ? D’autant que les auteurs, co-auteurs sont lucides au moment des faits ?

Ce dernier « R » du programme DDRR est difficile à comprendre ou à accepter. Il n’y a qu’en Centrafrique que cela peut se passer.

Bria où l’occasion manquée pour évoquer la situation des victimes de la crise militaro- politique. Depuis l’avènement des rébellions armées au nord de la RCA, la ville de Bria souffre le martyr.

Dans la conquête du pouvoir par ces groupes armés, Bria peut être comparée à la ville de Faya Largeau au Tchad sur le plan stratégique.

Si elle est conquise par la rébellion, Bangui tremble car le verrou de Bambari peut sauter à tout moment très facilement. Nous en avons fait l’expérience en décembre 2012.

Et à chaque fois qu’elle est prise, on compte des victimes par centaines. À Bria, comme il a été dit plus haut, l’occasion était rêvée pour le Président de la République d’évoquer les victimes. D’avoir à leur égard des paroles attendrissantes.

Mais ce fut une occasion manquée. J’ose espérer que dans une autre ville martyr comme Bossangoa, Bambari, Sibut, que sais-je encore, il saisira l’opportunité pour se rattraper. Car tant que le sort des victimes ne serait placé au centre du débat de la cohésion sociale, du vivre ensemble et de la paix en Centrafrique, le DDRR n’aura pas l’effet escompté.

Quel sort des victimes me demanderez-vous ? Les victimes ? Quelles victimes ? Ce sont qui les victimes ? Si victimes il y a, elles vont attendre GODOT. Qui a lui « En attendant Godot » de Samuel GODOT comprendra.

Allez, rideau !

Gaston KONGBRÉ
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