A l’instar de ses pairs, le President de la République a pris part au traditionnel sommet de l’ONU à New-York aux États Unis. Le thème retenu pour ce sommet porte sur la problématique des migrants. De retour, le President de la république en escale à Paris propose de rencontrer la diaspora dans un hôtel parisien afin d’échanger positivement sur la situation tous azimuts de notre chère nation. En procédant ainsi, le citoyen lambda se pose la légitime question de savoir ce que le President de la république attend de la diaspora et de cette rencontre. La diaspora par définition est la dispersion d’un peuple ou d’une ethnie à travers le monde. Certains ont quitté le pays pour rechercher des diplômes de haut niveau, d’autres pour se mettre à l’abri des conflits armés ou ont quitté la terre des ancêtres à cause de la mauvaise gouvernance. Certains membres de la diaspora ont gardé le lien ombilical avec leur pays d’origine, d’autres pour des raisons administratives n’ont de lien que de fait. Il faut noter que la diaspora est un réservoir de savoir, de connaissances, une banque de compétences dans différentes branches d’activité mais les autorités du pays se rapprochent de tradition par cooptation ou clientélisme des membres de la diaspora qui ne sont pas des personnes ressources. Ainsi, elles cooptent et sollicitent les services des coquilles vides qui pensent à tort et avec arrogance que seule leur présence en France justifie une valeur ajoutée pour la Centrafrique. L’initiative du President de la république de rencontrer la diaspora de France et Europe est salutaire et permet à tous ceux qui se réclament centrafricains d’échanger avec les décideurs politiques pour créer un cadre de réflexion pour que la diaspora ait des impacts au niveau local. Pour éviter de mettre la charrue avant les bœufs, quelques questions nous brûlent les lèvres.
Combien de rencontres de ce genre ont été déjà organisées par le President de la République depuis son élection ? Combien ont été organisées par ses prédécesseurs ? Quelles ont été les suites réservées ? La diaspora centrafricaine à travers le monde entier veut croire aux nouvelles autorités car depuis leur avènement, elles multiplient de bonnes intentions mais le pragmatisme doit être au rendez-vous. En presque six mois de gouvernance, le gouvernement a fait appel aux compétences de la diaspora .
Quels ont été leur impact ou emprunte sur le développement socio-économique du pays ?
Les centrafricains ont d’ores déjà pris conscience du rôle de la diaspora dans le développement de leur pays d’origine. Elle constitue une force in
contournable et veut imiter leur frère malien et sénégalais. Le transfert d’argent en provenance de la diaspora représente une part importante de l’aide au développement. Les apports de la diaspora peuvent contribuer de manière significative à transformer les économies nationales. Certains ont initié au pays des petites et moyennes entreprises dont la gestion est beaucoup plus confiée aux membres de la famille qui n’ont pas les compétences managériales requises. A cela s’ajoutent le manque d’études de faisabilité, le manque d’études préalable du marché qui précipitent ces initiatives à la banqueroute. Fort de ce qui précède, nous exhortons le gouvernement de créer les conditions nécessaires d’implantation et d’accompagnement car ces initiatives sont génératrices d’emploi. L’Etat peut s’employer à garantir les aides techniques et financières auprès des banques locales en faveur de la diaspora, d’alléger les formalités de création et d’implantation des sociétés et surtout d’accorder des exonérations douanières et/ou fiscales pendant une période déterminée. L’Etat centrafricain doit considérer la diaspora comme des partenaires économiques et aussi comme des acteurs du jeu démocratique car elle apporte une clairvoyance et porte des critiques acerbes sur la gestion de la chose publique. L’Etat peut en outre solliciter les expertises, les consultations ou recruter des experts centrafricains vivant à l’étranger et hautement qualifiés au lieu de décaisser des sommes faramineuses pour des experts étrangers. Nous espérons in fine avoir esquissé de façon non exhaustive les différentes attentes du Chef de l’Etat dans l’espoir qu’une attention particulière sera réservée à la diaspora dans l’optique de la reconstruction de notre chère patrie émiettée par les conflits armés. Mais attention, ne le dites à personne, si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections
Tel : 0666830062