NEW YORK (Nations Unies) -- A cinq semaines d'une conférence majeure de bailleurs de fonds concernant la République centrafricaine, le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a souligné lundi qu'il fallait continuer de soutenir ce pays, où de récents incidents attestent d'une situation toujours fragile, selon un communiqué de l'ONU.
Lors d'un exposé devant le Conseil de sécurité lundi, M. Ladsous a cité un incident le 4 octobre, au cours duquel un membre éminent des forces gouvernementales a été tué par balles dans le quartier, à majorité musulmane, de PK5, à Bangui, par un homme manifestement affilié à un groupe d'autodéfense local.
Cet incident a été suivi de représailles, certaines imputables à des éléments "hors de contrôle" de l'armée centrafricaine, au cours desquelles 12 personnes ont perdu la vie et 20 autres ont été blessées par des soldats, des groupes d'autodéfense et des individus non identifiés, a-t-il ajouté.
Soucieuse de prévenir toute flambée de violences intercommunautaires, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a immédiatement sécurisé le périmètre, en coordination avec les autorités centrafricaines.
"Le calme est revenu, mais les tensions restent palpables", a souligné M. Ladsous, en déplorant la découverte, le
7 octobre, du corps d'un jeune musulman, "largué" par des éléments présumés des Forces armées centrafricaines
à l'entrée d'un camp de la MINUSCA.
M. Ladsous a également porté à l'attention du Conseil les affrontements entre anti-Balaka et factions de l'ex-Séléka dans le nord-ouest du pays et à Kaga Bandoro, suivies de représailles qui ont provoqué le déplacement de 3.200 personnes.
Ces incidents ne doivent toutefois pas occulter les progrès accomplis par les autorités au cours de la période à l'examen, a déclaré le secrétaire général adjoint. Le président Touadéra a poursuivi la mise en œuvre de sa "vision nationale", notamment pour engager les groupes armés dans un dialogue formel sur le lancement du programme de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, dialogue dont la prochaine échéance est fixée au 12 octobre, avec la toute première réunion du Comité consultatif de suivi.
Hervé Ladsous s'est félicité que les représentants de 11 des 14 groupes armés soient au rendez-vous. Les trois ayant décliné sont le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FRPC); Retour, réclamation et réhabilitation (3R) ; et la faction Mokom des anti-Balaka.
A la MINUSCA, qui multiplie les efforts de sensibilisation à l'appui de ce dialogue, des représentants de l'ex-Séléka ont répondu favorablement, réitérant leur engagement en faveur d'une paix durable, tout en notant les préoccupations quant à l'engagement du gouvernement en faveur de "solutions inclusives".
Selon M. Ladsous, le rassemblement récent, dans la localité de Bria, de factions de l'ex-Séléka peut être interprété comme un effort de certains groupes armés pour consolider leur position commune dans le cadre des négociations avec le gouvernement, a-t-il estimé.
A la lumière de ces éléments, la communauté internationale ne peut se désolidariser de la République centrafricaine, a poursuivi le secrétaire général adjoint, en appelant le Conseil de sécurité à obtenir des États membres, y compris les bailleurs de fonds "non-traditionnels", leur participation à la Conférence des donateurs organisée à Bruxelles le 17 novembre prochain.