Bangui — Le président de l’URCA et leader de l’opposition, Anicet Georges Dologuelé se dit indigné par l’attaque du site des déplacés de Kaga-Bandoro qui, selon lui est intolérable. Pour le président de l’URCA, il faut des réactions à la hauteur des violences enregistrées. Anicet Georges Dologuelé a choisi dans cette interview de s’adresser aux chefs rebelles à qui il exige le contrôle de leurs hommes s’ils veulent négocier avec le gouvernement.
RJDH : Anicet Georges Dologuelé Bonjour !
Anicet Georges Dologuelé Bonjour
RJDH : Le site des déplacés de Kaga Bandoro a été attaqué mercredi dernier par les combattants de l’ex Séléka. Le bilan fait état d’une trentaine de morts. Comment réagissez-vous face à cette situation ?
AGD : Je réagi avec beaucoup d’indignation et je présente mes condoléances aux familles éprouvées. Mais je trouve que les chefs de guerre qu’ils soient Séléka ou d’autre obédience, doivent prendre leur responsabilité. Lorsqu’on est chef, c’est pour avoir la maîtrise de ses hommes. On ne peut pas se proclamer chef de guerre et avoir des hommes indisciplinés. Le chef de guerre quand il pose un acte, doit savoir pourquoi il le pose.
Je n’ose pas supposer que ces Séléka ont envoyés par leur chef pour massacrer les pauvres innocents parce que l’un d’entre eux a fauté et il a été tué. C’est des choses qui doivent cesser parce que le gouvernement est certainement dans une démarche pour discuter avec ces chefs de guerre. Mais ces démarches pour qu’elles soient cohérentes, il faut que chaque chef maitrise ses effectifs et que les effectifs respectent les consignes du chef, sinon on ne sait pas où on va.
RJDH : Vous avez l’impression que les leaders des groupes armés ne contrôlent pas leurs hommes. C’est cela ?
AGD : Bien sûr. Je pense que c’est extrêmement grave si les violences de Kaga-Bandoro relèvent d’une volonté quelconque. Mais on ne peut pas imaginer que des personnes qui sont déplacées qui sont sur un site à l’intérieur d’une église en plus, soient massacrées simplement parce que quelqu’un qui a voulu voler, s’est fait tuer, cela n’a aucun sens.
RJDH : Des voix se lèvent déjà pour dénoncer l’attitude de la Minusca que le gouvernement n’a pas hésité à prendre pour responsable.
AGD : La protection de la population par la Minusca est l’une des choses difficile à comprendre. C’est pourquoi nous n’arrêtons pas de dire à la Minusca que le rôle de protection de la population doit être organisé. Ceci doit être fait avec les populations et avec les groupes armés. Ça doit être quelque chose organisé pour qu’il n’y ait pas de surprise désagréable, comme ce que nous sommes en train de vivre à Kaga-Bandoro. C’est quelque chose de vraiment dommageable.
RJDH : Les violences sont enregistrées dans plusieurs villes alors que le président de la République a lancé la première réunion du comité consultatif du DDRR. Comment comprendre l’attitude des groupes armés ?
AGD : Je suis député de Bocaranga et Koui est à quelque kilomètre de Bocaranga et la population qui s’enfuit de Koui se retrouve à Bocaranga qui du jour au lendemain s’est retrouvé avec des milliers de population qu’il faut nourrir. En même temps, les violences sont commises sur les humanitaires qui ont quitté la ville et donc ces populations sont livrées à elle-même. Les dernières violences sont intolérables et elles exigent des réactions urgentes. A Koui, les violences sont organisées par Sidiki qui aurait été reçu par les autorités de Bangui.
RJDH : Vous voulez dire que le président de la République a reçu le rebelle Sidiki, auteur des violences de Koui ?
AGD : C’est ce que j’ai appris. Je n’ai pas encore vérifié cela mais je me suis laissé dire qu’il aurait été reçu et qu’on lui aurait donné de l’argent. Je suppose qu’il a été payé parce qu’il a massacré la population. Si c’est le cas c’est extrêmement grave.
RJDH : Pensez-vous, en tant que leader de l’opposition que le pouvoir en place fait ce qu’il faut pour mettre fin aux violences ?
AGD : Je me suis déjà prononcé sur cette question et je ne compte pas revenir dessus. Aujourd’hui, je parle aux chefs de guerre. S’il doit y avoir négociation avec le gouvernement, il faut qu’ils maitrisent leurs hommes, c’est extrêmement important. Vous savez ce qui est important, c’est la population. Quand elles sont massacrées par des rebelles, on n’est pas autorisé à rester les bras croisés. Mais au chef rebelles, je dis ceci : on ne devient pas chef rebelle pour tuer les femmes, les vieillards et les déplacés.
RJDH : Les violences de ces derniers jours, peuvent-elles impacter sur la table ronde de Bruxelles vers la quelle tous les yeux sont tournés aujourd’hui ?
AGD : Non, je pense que c’est deux choses différentes. La table ronde est préparée conjointement par la communauté internationale et le gouvernement centrafricain. Pour la communauté internationale, la plupart des donateurs ont déjà arrêté les sommes qui vont être annoncées. Par contre, une fois que le fond octroyé pour que le projet voit le jour, il faut la paix et la sécurité parce que vous n’imaginez pas que ceux qui réalisent les projets puissent être massacrés. Je crois que c’est deux choses différentes. Je crois que la table ronde elle, aura lieu et cette rencontre aura des résultats parce que le monde entier s’est penché sur la RCA et c’est l’unique chance pour notre pays pour recevoir des fonds pour redémarrer. Une chose est d’annoncer les fonds mais après il faut les utiliser surplace. Mais pour les utiliser, il faut la paix et la sécurité sinon le développement ne peut se faire.
RJDH : Anicet Georges Dologuélé, je vous remercie.
AGD : c’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Sylvestre Sokambi