L'ex-patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, s'est défendue mercredi d'avoir dissimulé les difficultés financières du groupe nucléaire français pour conserver sa place, dans une interview télévisée.
Je n'ai jamais dissimulé aucune perte, a affirmé Mme Lauvergeon dans l'émission Pièces à conviction visionnée par l'AFP et diffusée mercredi soir sur France 3.
Elle a qualifié d'absurde l'idée selon laquelle elle aurait agi pour conserver son siège.
Si j'avais voulu garder ma place à la tête d'Areva, certainement aurais-je agi un tout petit peu différemment par rapport à certaines demandes qui m'étaient faites par le pouvoir politique, a-t-elle assuré, évoquant la volonté de vendre des centrales nucléaires à la Libye de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi ou de céder l'activité mines du groupe à des intérêts qataris.
Je n'ai pas cherché à plaire, a ajouté celle qui avait finalement été évincée en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Anne Lauvergeon a été mise en examen en mai pour présentation et publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations dans le cadre d'une information judiciaire portant sur les provisions inscrites par Areva en 2010 et 2011 pour couvrir les pertes découlant du rachat d'Uramin en 2007 pour 1,8 milliard d'euros.
L'exploitation des gisements d'uranium de cette société canadienne en Namibie, en Afrique du Sud et en Centrafrique, s'est avérée beaucoup plus difficile que prévu et l'opération s'est transformée en gouffre financier.
C'est une expérience assez traumatisante, a dit Mme Lauvergeon à propos de sa mise en examen.
Plusieurs courriels internes, dont l'AFP a eu connaissance, montrent qu'elle avait été alertée par la division des mines dès 2008 sur les difficultés d'exploitation des sites.
La thèse selon laquelle les demandes faites par la Business Unit (division, ndlr) Mines étaient valides, ça j'ai un gros doute, parce qu'elles ne sont pas étayées, elles ne sont pas cohérentes les unes avec les autres dans le temps, a expliqué Mme Lauvergeon.
Les dépréciations supplémentaires demandées par ses collaborateurs ont varié de 0 fin 2009 à 1,5 milliard six mois plus tard, a-t-elle précisé.
Entre les pertes liées à Uramin, la catastrophe de Fukushima et les retards dans la construction d'un EPR en Finlande, Areva a accusé cinq années de suite dans le rouge et est aujourd'hui en pleine restructuration.
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