C’est par une mauvaise nouvelle que les banguissois ont démarré la semaine ce lundi, celle de la grève surprise des conducteurs de taxis et taxis bus ont cessé le travail sans prévenir ce matin. Ce qui avait contraint la plupart d’ente eux à aller au travail à pied. Une grève que les grévistes ont justifié par les incessants rackets et autres tracasseries dont ils font constamment l’objet de la part des policiers et gendarmes au passage des barrages multiples érigés sur les principales artères de Bangui.
En même temps, démarrait une manifestation majoritairement faite de femmes, à l’appel de l’Organisation des Femmes Centrafricaines (OFCA). Brandissant des bannières sur lesquelles on pouvait lire “Non aux postes de responsabilité grâce aux armes”, ou “Non à l’agenda caché du Forum de Brazzaville”, afin d’exposer le refus de voir des membres des groupes armés occuper des postes de responsabilité dans la nouvelle équipe gouvernementale; les manifestants (1800 selon la Police, et 3.000 selon les organisateurs) ont arpenté l’avenue Boganda, empêchant la circulation des véhicules, pour aller faire un “sit-in” devant le siège de la Mission Intégrée des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA).
LES NON DITS DE BRAZZAVILLE
A la suite du Forum de Brazzaville, la semaine dernière, la présidente Catherine Samba-Panza annonçait à Bangui pour bientôt, la formation d’un nouveau gouvernement, citons là, “de large ouverture” et qui devait s’ouvrir à d’autres sensibilités, politiques, religieuses et communautaires. Or d’une source proche du pouvoir ayant requis l’anonymat et s’étant confiée au confrère de la Radio Deutsche Welle, “il a bien été conclu à Brazzaville que le chef du nouveau gouvernement soit un musulman proche de l’ex rébellion Séléka.”
Ce qui n’a pas manqué de faire réagir l’ancien ministre et homme politique centrafricain Olivier Gabirault, toujours sur les ondes de la Deutsche Welle : “Nous avons une Constitution qui dit très clairement que notre Etat est laïc.
On ne peut pas, parce qu’il y a une crise, répartir des postes en fonction des croyances des centrafricains. Imaginez seulement, aujourd’hui un chrétien peut être à la tête du pays, maintenant on veut que ce soit un musulman qui soit premier ministre. Mais après, il n’y a pas que les chrétiens et les musulmans qui sont centrafricains ! Un animiste va aussi dire “Bon ben, puisque vous répartissez les fonctions, nous aussi, donnez-nous la présidence de l’Assemblée. Avec ça, comment cela va se passer ? D’autres vont dire, nous sommes de telle ethnie, nous avons aussi besoin de postes”.
Une analyse de l’homme politique qui tacle très clairement l’entêtement de la présidente Catherine Samba-Panza à vouloir continuer à confondre compétence pour des fonctions ministérielles avec la mise en place d’une armée mexicaine, sur des critères fallacieux, non républicains et irréalistes. La Centrafrique étant comme le rappelait Olivier Gabirault, “une république laïque”. En conséquence, les données religieuses de la foi des uns et des autres n’ont pas à entrer en ligne de compte, ni même à vouloir impliquer des religieux dans la sphère politique dans un mélange de genre malsain.