Faudrait-il aux Centrafricains déjà, se préparer à ravaler tous leurs espoirs de changements francs et profonds, d’ici à la fin des mandats de Faustin Archange Touadera, Président de la République (PR) , et Abdou Karim Meckassoua, Président de l’Assemblée Nationale (PAN), lesquels, – « sauf erreur de ma part je ne me trompe jamais » -, seraient en train de nous exercer insidieusement, à revivre l’exacte version – ou presque -, du très cauchemardesque scénario de la défunte transition centrafricaine, qui naguère, eut du plomb dans l’aile, à cause d’une forme larvée de « combat de coqs politiques », entre une Présidente de la transition soupçonneuse et un Président du CNT (Conseil National de la Transition) suspicieux ?
Puisse simplement ces jours prochains qui s’annoncent incertains, nous convaincre du contraire – et les faits me démentir -, ainsi,, les Centrafricains actuellement peu sereins, sauront retrouver leur habituel entrain.
Engagés sur la ligne de départ pour la course à la magistrature suprême de la RCA, il y’a de cela quelques mois en arrière, Faustin Archange Touadera et Abdou Karim Meckassoua, avaient en commun d’être tous les deux des candidats indépendants à la présidentielle. Ils n’étaient donc pas formellement présentés et soutenus, par des formations politiques traditionnelles. Mais cependant, il n’échappe à personne, que Touadera, ancien cadre exclu ou démissionnaire du KNK ( Kwa na Kwa), bénéficiait en fait du soutien sans faille d’une frange des transfuges de ce parti. Meckassoua, pour sa part, allait constituer au pas de course, « Le Chemin de l’Espérance », une structure qui tant bien que mal, tentera le pari impossible de le porter au sommet du pouvoir.
À l’arrivée de la présidentielle et des législatives, et après solde de tout compte, voilà qu’une fois de plus, Touadera et Meckassoua, vont se retrouver pour ainsi dire, tous les deux, Présidents : l’un de la République, l’autre de l’Assemblée Nationale.
Mieux, à essayer de scruter et d’analyser, disons assez superficiellement le paysage politique actuel, et à en croire certains discours et déclarations passés inaperçus et sur lesquels on semble ne plus vouloir insister, le Président de la République et le Président de l’Assemblée Nationale, feraient tous les deux, partie de la grande mouvance présidentielle pour ne pas utiliser, peut-être à tort, le vocable « Union Sacrée ».
Dès lors, on se serait attendu raisonnablement, à une grande mutualisation des intelligences et des énergies de part et d’autre, laquelle aurait permis aux Centrafricains de constater assez tôt, une réelle avancée dans la résolution des graves problèmes auxquels ils sont appelés à faire face quotidiennement. Tel n’est pas apparemment le cas, du moins à ce jour..
Aussi, comment s’abstenir de chercher à comprendre là où le bat blesse, et où se trouve le nœud gordien? En cherchant, comment ne pas s’interroger ? Et en s’interrogeant, l’on ne peut qu’à partir des éléments objectifs, construire des hypothèses, pour éviter toute prétention d’être totalement dans le vrai.
Tout d’abord, j’estime pour ma part, que toute démocratie viable, et plus encore toute démocratie inachevée ou en construction comme la nôtre, ne devrait en aucun cas, faire l’économie ou encore se priver de tout ce qui peut contribuer à asseoir et à consolider une véritable culture de débat contradictoire.
Mais en RCA, assiste-t-on réellement depuis l’avènement de la nouvelle république, à l’éclosion sereine et à la mise en place des conditions idoines pour des débats authentiques, ouverts et constructifs ? Ấ moins que l’on veuille se satisfaire de ces quelques interpellations et recadrage des membres du gouvernement devant le parlement. Auquel cas, la démocratie intégrale n’est ni pour demain, ni pour après-demain et donc jamais. Et d’ailleurs, s’agissant d’interpellations, qu’ont –elles jusqu’ici changé fondamentalement ?
Alors, serait-on en train de vouloir importer en RCA, le modèle désuet de démocratie consensuelle à la malienne, une forme d’union sacrée autrefois constituée autour du Général Amadou Toumani Touré – ATT, et qui a montré toutes ses limites ? À la chute de ce dernier, ses partisans se sont retrouvés non seulement orphelins et dispersés, mais encore, la coalition d’intérêt et de circonstance n’a pu survivre à son « créateur ».
En tout état de cause, pour le simple citoyen du peuple que je suis, et qui ne demande qu’à s’instruire avantageusement, au risque de se « déconstruire » bêtement et en toute ignorance, quelques questions taraudent l’esprit, qui méritent à la fois d’être posées et d’avoir des réponses claires :
1- Le Président de la République, Faustin Archange Touadera, est-il cadre d’un parti politique ? Si oui, lequel ? Si non, jusqu’à quand cette posture de « Président sans parti, avec tous et personne », va-t-elle durer ?
2- Ấ quel titre « Le Chemin de l’Espérance » du Président Abdou Karim Meckassoua, constitue-t-il, me semble –t-il, un groupe parlementaire au sein de l’assemblée nationale ? Par ailleurs, si « Le Chemin de l’Espérance » n’est pas un parti politique, quand le deviendra-t-il ?
Afin que puisse s’instaurer enfin un véritable débat démocratique, et pour que vive la démocratie centrafricaine, il est temps à mon sens, que l’on commence à situer clairement, d’où parlent les personnalités, les organisations politiques et tous ceux qui ont droit à la parole.
Par ailleurs, imaginons un seul instant, Touadera, Présidient de la République et chef d’un parti politique d’une part ; Abdou Karim Meckassoua, Président de l’assemblée nationale, lui aussi chef d’un parti politique d’autre part ; un tel cas de figure, ne changerait –il pas la donne actuelle, et ne contribuerait-il pas à faire avancer les débats ?
Qui des deux Présidents, va-t-il enfin franchir le Rubicon ?
Certes, actuellement, il ne fait pas de doute que le Président de la République, Faustin Archange Touadera, a le vent en poupe et bénéficie d’une espèce d’état de grâce permanent qui a pour nom « Union Sacrée ». Abdou Karim Meckassoua, nul ne peut douter, est aujourd’hui un Président de l’assemblée nationale bien dans sa peau, et ses premiers pas, accréditent qu’il a bien le profil du métier.
Mais à vrai dire, sans en donner l’impression peut-être, les deux hommes s’observent mutuellement et minutieusement. La raison ? Il est évident que c’est le prochain mandat présidentiel qui est d’ores et déjà en jeu. Et des indices sont présents :
Touadera, qui peut le nier – de surcroît il est jeune -, n’hésitera pas à briguer un second mandat. Et si beaucoup de nombreuses personnalités hésitent encore aujourd’hui, à prendre position, à parler et à agir en hommes politiques « responsables », c’est surtout parce qu’elles espèrent et attendent « les prochains remaniements », les nominations à venir et surtout, sait-on jamais, Touadera conserve toutes les chances de rempiler. Pourquoi alors prendre le risque « inutile » de s’exposer à un chômage de longue durée ou à une longue traversée du désert ? Pendant ce temps, la démocratie bégaie, et des Centrafricains s’étouffent par centaines avant de mourir ;
Meckassoua, ne peut pas ne pas se décider tôt ou tard, à transformer en parti politique, son organisation « Le chemin de l’Espérance » avec ses alliés, le PUN et tous ses députés provisoirement indépendants. Et ce ne sera pas pour jouer les seconds rôles et s’abstenir de tenter à nouveau sa chance. Une carrière ou plutôt une ambition politique de si longue date et de cette taille, ne saurait se contenter d’être en dessous du très haut perchoir. Auquel cas, on ne serait pas loin d’un terrible gâchis. Pendant ce temps, s’ils se foutent éperdument des promesses comme celle, semble-t-il de doter les députés en véhicule ou en costumes, les Centrafricains sont en train de s’apercevoir que la « diplomatie parlementaire » tant exaltée, ne nourrit pas ou pas encore son peuple, tandis que la légitimité et la légalité d’éventuels audits, se disputent à leur opportunité et bien fondé. Cherchez où est donc l’erreur !
En définitive, Touadera et Meckassoua, sont-ils vraiment prêts, à « frapper » ensemble un grand coup salutaire pour plaider la cause centrafricaine et sortir les Centrafricains de cette longue nuit de malheurs et d’angoisse ? Sinon, jusqu’à quand entendent-ils continuer à s’observer et observer cette Centrafrique mourante ?
Que Dieu bénisse la RCA.
GJK-Guy José KOSSA
L’Élève Certifié du Village Guitilitimö