En marge de la rencontre du President de la république avec la diaspora de France au palais des congrès de Paris, l’élu de la nation centrafricaine avait accordé une interview à une chaîne de télévision généraliste francophone dénommée TV5. Au cours de cet entretien, le President de la république a réaffirmé son attachement à la négociation comme mode de règlement de conflit avec les groupes armés qui occupent illégalement les 2/3 du territoire centrafricain. Mais depuis son avènement à la magistrature suprême, les choses ne se sont pas passées comme initialement prévues.
Les centrafricains ne cessent d’enterrer leurs morts, des réfugiés et déplacés en nombre non maîtrisable, des destructions des biens meubles et immeubles, des primes à la violence au risque de rendre impopulaire celui qui était plébiscité et acclamé par tous. La France a décidé de retirer ses troupes au 31 octobre 2016 pour des raisons budgétaires parce que l’assemblée nationale française et la cour des comptes ont évalué le coût de l’opération Sangaris à hauteur de 450 millions d’euros. Face au jeu obscure de la Minusca et l’absence d’une force de l’Union Africaine, que deviendra la Centrafrique ?
La multiplication des violences menacera la paix et l’avenir du pays, la disparition de l’état de grâce et de tolérance. Ainsi, comment fera le President de la république pour stopper la spirale de violence ? Au regard des derniers événements qui ont semé la désolation à Kaga-bandoro, le chef de l’Etat regrette t-il d’avoir privilégié le dialogue et la négociation avec les groupes armés ? Le President de la république a t-il encore intérêt à négocier avec les groupes armés ? Il faut noter que la négociation par définition est le fait d’entamer un pourparlers dans l’optique de mettre un terme à un différend ou un conflit.
L’objectif de la négociation est de parvenir à un accord ou une convention satisfaisante pour les parties en cause. Ce processus peut aboutir à un accord ou à un échec. En cas d’accord, les parties prenantes doivent faire des concessions, rapprocher les différents intérêts en vue d’un compromis. Ce dernier peut être assorti de clauses de partage de pouvoir, de cessation des hostilités etc... L’essentialisation du mandat du President de la république était placée sur la sécurité et la paix mais le pays semble être dans l’impasse ou dans un sketch à la "Touadera comédie club" où les centrafricains ne cessent de mourir dans des scènes récurrentes de violence.
Le représentant de la Minusca, lors d’une interview sur Radio France Internationale ( RFI ) en date du 21 octobre 2016 a pointé du doigt le laxisme de la justice centrafricaine. A ce propos, que disent les autorités centrafricaines et plus particulièrement le garde des sceaux en guise de défense ? Le President de la république, en optant pour la négociation a emprunté la traditionnelle voie démocratique dans ce type de conflit qui à ce jour n’a pas de revendications politiques formelles. Ce principe de négociation est imposé par les règles du droit international. En effet, l’article 33-1 de la charte de l’ONU dispose que : "les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationale, doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix".
L’article 33-2 de la même charte confirme le principe de négociation et dispose que : "le conseil de sécurité, s’il le juge nécessaire, invite les parties à régler leur différend par de tels moyens". Il faut noter que l’ article 51 de la charte de l’ONU que nous faisons l’économie du contenu prohibe l’usage de la force et ne l’autorise qu’en cas de légitime défense. Sur ce point, nous tenons à féliciter le President de la république pour son attachement et le respect des règles du droit international mais cela à quel prix ? Au prix du sang de paisibles citoyens ? Le principe de dialogue et négociation est acquis mais négocier avec qui ? Que se passera t-il si l’accord issu de la négociation ne sera pas respecté par l’une ou l’autre partie ? Quelles sont les garanties qu’un éventuel accord résoudra le problème de sécurité et de la paix ? Le chef de l’Etat a t-il opté pour la négociation parce qu’il n’a pas les moyens militaires pour combattre les groupes armés ?
La conclusion de cet accord assure t-elle véritablement la paix ? Dans l’affirmative, cette paix sera t-elle durable ? Outre le problème de la juridicité de l’accord politique résultant des négociations, la partition de fait du pays risque de perdurer pendant la mandature et le locataire du palais de la renaissance risque de léguer ce gâteau empoisonné à son successeur en cas de non réélection ou de non représentation de sa candidature aux présidentielles de 2021. En guise de conclusion, le chef de l’Etat maintient t-il l’option de la négociation dans ce conflit ? Ou alors, est-il tenté par la maxime de l’ancien vice-président des Etats-Unis Dick CHENEY qui dit " qu’on ne négocie pas avec le mal, on le vainc". Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Bernard SELEMBY DOUDOU