A l’occasion de la table ronde qu’abrite Yaoundé depuis mardi sur le thème « L’intégration régionale, levier incontournable pour la paix et le développement en Afrique centrale ? », le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, a égrainé les maux qui constituent les goulots d’étranglement du développement de la sous-région.
Il a parlé de la montée des actes de terrorisme avec l’avènement du groupe fondamentaliste Boko Haram qui écume certains pays de la région comme le Cameroun et le Tchad, les trafics de drogue dont les réseaux étendent leurs tentacules jusqu’au-delà des frontières de l’Afrique centrale, la piraterie et l’insécurité en mer, le pillage des matières premières comme le bois, l’ivoire, les ressources minérales et énergétiques. Sans oublier les replis identitaires.
Saluant les infrastructures qui ont été construites ces dernières années dans plusieurs pays de l'espace communautaire, le professeur Bathily a déploré le fait que les marchés liés à ses réalisations sont pour la plus part attribués aux étrangers, ce qui à ses yeux, ne favorise pas l’émergence d’une classe d’hommes d’affaires nationaux et régionaux.
Cette situation, a martelé le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, freine la progression des Etats de la sous-région et surtout, prépare un terreau fertile à la résurgence d’un nouveau partage de l’Afrique par les grandes puissances, comme il en a été le cas à la Conférence de Berlin en 1884-1885, où l’Afrique a été saucissonnée contre la volonté de ses fils.
Abdoulaye Bathily en veut pour preuve, les différents sommets « Chine-Afrique », « Japon-Afrique », « Turquie-Afrique » et bien d’autres auxquelles les puissances « font des yeux doux » pour mieux appâter au maximum les Africains.
Pour le diplomate, la solution à ses handicaps passe par la création d’une classe d’entrepreneurs conquérants, la mise en commun des centres de recherches, des universités et surtout par la libre circulation des hommes, des services et des biens pour asseoir les bases réelles d’une intégration régionale.
Sylvain Andzongo