BANGUI— La Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH), l’Observatoire Centrafricain pour les Droits de l’Homme (OCDH) et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) ont créé un groupe d’action judiciaire. Le but est de se constituer en partie civile en faveur des victimes des violations. Dans une interview accordée au RJDH, Joseph Bindoumi, président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH) a déclaré que les défenseurs des Droits de l’Homme se sont constitués en partie civile afin de présenter toutes les requêtes des victimes au parquet.
RJDH : Joseph Bindoumi bonjour.
Joseph Bindoumi : Bonjour.
RJDH : Vous êtes président de la LCDH, alors, quelles sont les mesures prises contre les violations perpétrées récemment à Kaga-Bandoro ?
JB : Les 11, 12 et 13 octobre, il y a eu des événements graves à Kaga-Bandoro. Dans un premier temps, on a déploré trente (30) morts et aujourd’hui on parle de 300 décès. Des maisons ont été incendiées, l’administration pillée y compris la résidence du Préfet et l’église catholique touchée. Les mêmes événements ont été perpétrés à Kouango où plusieurs villages ont été incendiés et plusieurs personnes tuées, à Koui, à Bocaranga, à Ngakobo et à Bangui précisément au KM5 des cas de tuerie ont été également signalés. A cela, faut ajouter d’autres personnes tuées par la Minusca lundi 24 octobre, pendant la journée ville morte, alors qu’elle est censée protéger la population civile. Nous documentons tous les événements, nous nous rendons sur le terrain pour constater les faits. Les victimes viennent vers nous pour demander notre assistance. Ces documentations seront présentées lorsqu’il aura procès.
RJDH : L’OCDH a émis le vœu de se constituer en partie civile suite aux événements de Kaga-Bandoro. Partagez-vous cette initiative ?
JB : L’Observatoire Centrafricain des Droits de l’Homme (OCDH) que dirige Maître Morouba, la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH) et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) ont un groupe d’action judiciaire. Nos trois organisations se sont regroupées sous le financement de la FIDH, afin que nous puissions être capables de suivre les victimes devant le procès, qui auront lieu si la loi nous l’autorise. Nous avons constaté que la violation des droits est de nature à nier la forme de l’être humain et là, nous n’agissons plus comme défenseur des victimes, mais défenseurs de nos propres visions et nous-nous constituons partie civile pour cela.
RJDH : Quelle lecture faites-vous de la journée ville morte ?
JB : La LCDH est membre du Groupe de Travail de la Société Civile. Nous étions ensemble pour l’organisation de la journée ville morte. C’est un message du peuple meurtri, que nous voulons porter à la connaissance des Nations Unies et Ban Ki Moon, Secrétaire général de l’ONU a reçu le message. Nous avons constaté une passiveté abusive de la Minusca. Les événements qui se sont passés à Kaga-Bandoro, se sont déroulés au su et vu des casques bleus, tant dans sa préparation que dans sa réalisation. En suite, la Minusca a demandé aux ressortissants expatriés de regagner sa base avant que les événements meurtris aient lieu. Nous déplorons cela, voilà pourquoi cette journée ville morte a été organisée.
RJDH : Le Procureur a ouvert une enquête afin de connaitre les auteurs des récentes violences. Qu’en dites-vous ?
JB : Les faits qui se sont passés se sont déroulés le jour et non la nuit, c’était le jour. La Minusca connait les équipes qui ont été déployées sur le terrain pour démanteler les barrières sur les artères dans la ville de Bangui. La Minusca doit dire au gouvernement quelle est l’équipe qui a débordé les limites de sa mission pour aller tirer et tuer des personnes. Les rapports de la gendarmerie et la police qui ont des preuves. On a constaté l’inertie de la Minusca et quand le jour doit se lever le coq chante et le coq a chanté, le jour doit se lever. Notre objectif, c’est la levée de l’embargo et le redéploiement des Forces Armées Centrafricaines.
RJDH : Monsieur Joseph Bindoumi, merci.
JB : C’est moi qui vous dis merci parce que vous êtes venus jusqu’au siège de la LCDH pour voir comment nous travaillons.
Propos recueillis par Auguste Bati-Kalamet.