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Centrafrique: la France déclare officiellement la fin de l’opération Sangaris
Publié le mercredi 2 novembre 2016  |  AFP
Jean
© AFP par DR
Jean Yves Le drian, Ministre français de la défense et personnalité politique
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Le ministre français de la Défense a officiellement proclamé lundi à Bangui la fin de trois ans d'opération militaire française en Centrafrique, laissant un pays dans l'angoisse, désormais sous la seule protection des Nations unies faute d'un État et d'une armée capables de résister aux groupes armés.

"La page de l'opération Sangaris est tournée en République centrafricaine", a déclaré le ministre Jean-Yves Le Drian lors d'une cérémonie au camp militaire Mpoko, près de l'aéroport, en présence des autorités locales et du corps diplomatique.

Reparti lundi en fin d'après-midi, M. Le Drian était arrivé la veille dans la capitale centrafricaine, au moment où des affrontements entre groupes armés terrorisaient de nouveau le quartier musulman du PK5 de Bangui.

Ce règlement de compte entre "groupes d'auto-défense" a fait une dizaine de morts, dont des civils, selon des sources concordantes.

En fin de semaine, d'autres violences dans le centre du pays ont fait 25 morts dont six gendarmes.

Dans ce contexte tendu, M. Le Drian a assuré aux responsables centrafricains que la fin de Sangaris "ne signifie pas la fin des relations militaires entre la France et la Centrafrique".

"L'armée française sera certes moins visible mais elle sera présente, active et vigilante", a-t-il déclaré lors d'un discours à l'Assemblée nationale de Bangui, devant des députés inquiets de la violence persistante dans leur pays de 4,5 millions d'habitants où tout est à reconstruire.

"Nous conserverons une capacité d'intervention (...) grâce aux unités de l'opération Barkhane (dont l'état-major se trouve au Tchad voisin, ndlr) ou aux autres forces positionnées en Afrique", a avancé le ministre français.

Environ 350 militaires français, équipés de drones d'observation, resteront présents en Centrafrique, dont une centaine au sein de la force de l'ONU, la Minusca, notamment au niveau de l'état-major. La France avait mobilisé plus de 2.000 soldats au plus fort des tensions.

- "Beaucoup trop tôt " -

La fin de Sangaris redonne un peu d'air à l'armée française, qui est engagée sur deux autres théâtres d'opérations, dans la bande-sahélo-saharienne (4.000 hommes) et au Moyen-Orient (4.000 hommes), et fortement mise à contribution sur le territoire national depuis les attentats de 2015 (7.000 hommes en moyenne).

M. Le Drian a estimé que l'opération avait rempli ses trois missions : "mettre fin au chaos, accompagner la montée en puissance des forces internationales et permettre la tenue d'élections démocratiques".

La France avait lancé Sangaris début décembre 2013 alors que son ex-colonie connaissait des massacres sans précédent après le renversement du président François Bozizé.

La prise du pouvoir par la rébellion séléka, majoritairement musulmane, et la contre-offensive des milices anti-balaka, principalement chrétiennes, avaient provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de réfugiés au Tchad et au Cameroun, et des déplacés dans l'intérieur du pays.

"Sangaris se retire beaucoup trop tôt. Nos forces de sécurité ne sont pas en mesure de prendre le relais. Les forces onusiennes sont de plus en plus débordées dans leur rôle de pompier", a regretté un député centrafricain, Anicet Georges Dologuélé, ancien candidat à l'élection présidentielle.

"C'est toujours trop tôt", a répondu M. Le Drian, qui avait glissé dans son discours à l'adresse des députés: "ces responsabilités sont d'abord les vôtres. Hier comme aujourd'hui la France est et sera aux côtés de tous les Centrafricains qui s'engagent pour l'avenir et la paix dans leur pays".

Le ministre a rendu hommage aux quatre soldats français morts lors de l'opération Sangaris.

La force Sangaris a aussi été mise en cause dans des scandales d'abus sexuels, tout comme des Casques bleus de nombreux contingents. Des enquêtes judiciaires sont en cours à Paris sur ces accusations de viols, d'abus ou d'exploitation sexuelle, notamment sur mineurs, ou de sévices physiques.

La Mission des Nations unies (Minusca) se retrouve désormais en première ligne pour assurer la protection des civils face aux milices ex-séléka, anti-balaka ou autres "groupes d'auto-défense" qui refusent de rendre les armes.

La Minusca a encouragé lundi les autorités centrafricaines à "prioriser la lutte contre l'impunité" dans un rapport sur des violences mi-octobre à Kaga-Bandoro (centre) qui ont fait 37 morts. Certains des contingents de la Minusca sont sous le feu des critiques des civils, qui leur reprochent de ne pas assez intervenir.
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