L'ONU a appelé lundi les autorités centrafricaines à ouvrir une enquête suivie de poursuites judiciaires, après des violences ayant causé près d'une quarantaine de morts en mi-octobre à Kaga-Bandoro (Centre), attribuées aux ex-rebelles de la Séléka et leurs rivaux des miliciens anti-Balakas.
"La MINUSCA recommande au gouvernement centrafricain de prioriser la lutte contre l'impunité des abus graves des droits de l'Homme commis récemment et dans le passé à Kaga-Bandoro, notamment en s'assurant que les enquêtes déjà ouvertes arrivent à leur terme et que des poursuites soient initiées dans les meilleurs délais", souligne dans un communiqué de presse la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
Avec Bambari et Bria, la ville de Kaga-Bandoro abrite une base régionale de la MINUSCA, opérationnelle depuis septembre 2014 dans le but d'aider à mettre un terme à la crise survenue depuis la prise du pouvoir de l'ex-alliance rebelle de la Séléka en mars 2013 à Bangui.
Cette localité comme beaucoup d'autres parties du territoire centrafricaine aussi continue d'être le théâtre des violences, principalement dues aux attaques lancées par des groupes armés parmi lesquels l'ex-rébellion aujourd'hui divisée en plusieurs factions et les milices anti-Balakas, rapporte la MINUSCA, accusée elle-même par la population centrafricaine de passivité face à ces actes de criminalité.
Dans son rapport publié lundi, la mission de paix établit un bilan de "37 civils tués, dont quatre femmes, deux garçons, une fille et un bébé de sexe inconnu" lors de tels événements entre le 12 et 15 octobre dans cette ville.
"En outre, 60 civils, dont 22 femmes et quatre enfants ont été blessés, tandis que plus de 10.000 civils ont été contraints de fuir, dont la plupart ont besoin d'assistance humanitaire. Par ailleurs, quelque 400 tentes du camp de déplacés, 130 maisons dans la ville de Kaga-Bandoro et 21 autres habitations sur l'axe Kaga-Bandoro-Botto, ont été brûlés", précise-elle encore.
La force onusienne impute la responsabilité de ces exactions au Front populaire pour la renaissance centrafricaine (RPRC) et au Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), deux factions dissidentes de l'ex-coalition rebelle de la Séléka à dominante musulmane dirigées par Saleh Zabadi et Al Khatim, puis aux milices chrétiennes anti-Balakas commandées par Bertrand Gazamodo et Ledger Ngaya.
Des civils armés appartenant aux camps adverses sont aussi mis en cause.
La publication de ce rapport survient la veille d'une visite de deux jours prévue dès mardi à Bangui du vice-secrétaire général de l'Onu, Jan Eliasson, pour réaffirmer le soutien à ce pays meurtri.
Une semaine auparavant, un collectif d'organisations de la société civile centrafricaine avait organisé à l'occasion de la Journée internationale des Nations Unes le 24 octobre, une journée "ville morte" accompagnée d'une marche populaire sur le Boulevard Boganda, la principale artère de la capitale, pour réclamer le départ du pays de la MINUSCA dont la présence est notamment remise en cause.
Le pouvoir de Bangui a récemment annoncé l'opérationnalisation imminente d'une cour pénale spéciale, annoncée depuis 2014, pour statuer sur les crimes de sang enregistrés pendant la crise qui perdure sept mois après l'accession à la magistrature suprême de Faustin Archange Touadéra, élu le 14 février.